Semi-conducteurs: un actif de qualité à long-terme

Arthur Jurus, ODDO BHF

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A court terme, malgré la nette correction déjà intervenue depuis le début de l'année, il pourrait encore y avoir un potentiel de repli.

Depuis le début d’année, l’indice des 30 plus grandes sociétés américaines de semi-conducteurs cotées en bourse a chuté de 34%. C’est près de deux fois plus que le S&P 500 (-18%). Le ralentissement du cycle des semi-conducteurs combiné à la faiblesse du marché des ordinateurs et à la probabilité accrue d'une récession économique sont sources d’inquiétudes. Pour les investisseurs, la question est de savoir si les entreprises peuvent encore apporter une contribution positive à long terme dans un portefeuille diversifié.

Fondamentalement, le secteur est effectivement confronté à un ralentissement cyclique. En phase d’expansion, les clients finaux, tels que Lenovo (PC), Apple (smartphones), Daimler (applications industrielles) ou Amazon (serveurs/centres de données), constituent des stocks au-delà de leurs besoins immédiats. En phase de ralentissement, ces stocks sont réduits ce qui pénalise la production. Le dernier rapport du producteur de puces de mémoire Micron Technology confirme qu’un cycle de ralentissement est en cours. D’une part, son chiffre d'affaires et son bénéfice par action prévus sont inférieurs de 21% et 37% aux estimations des analystes. D’autre part, l’entreprise s’attend à une baisse des stocks et de la demande. L’ampleur de ce ralentissement dépendra de si nous-nous trouvons dans un nouvel épisode de récession (-46% entre le pic et le creux lors de la bulle dotcom des années 2000) ou dans un épisode de ralentissement plus modéré (-11% en 2012, 2016 et -22% en 2019).

Le rapport entre les cours et les bénéfices (PER) a presque été réduit de moitié, de 25,9 à 13,8, et s’avère inférieur à sa moyenne sur 10 ans.

Néanmoins, les niveaux de valorisation sont devenus attractifs. Le rapport entre les cours et les bénéfices (PER) a presque été réduit de moitié, de 25,9 à 13,8, et s’avère inférieur à sa moyenne sur 10 ans. Ses niveaux sont historiquement anticipés 6 à 9 mois avant le ralentissement effectif des ventes. En 2015-2016 et 2018-2019, l’achat d’actions des semi-conducteurs dès le premier avertissement sur les bénéfices avait porté ses fruits.

La perte de 34% depuis le début d’année incite donc à se concentrer sur 2 atouts de long-terme du secteur.

  1. La croissance des semi-conducteurs est structurelle et profite pleinement de la numérisation de nos économies. Premièrement, le marché s’est élargi des ordinateurs aux smartphones. Désormais, les centres de données (cloud computing et intelligence artificielle) se sont ajoutés et de plus en plus de puces sont intégrées dans les applications industrielles. Secondement, la part des semi-conducteurs dans les produits finaux, comme les voitures, continue de croitre. Enfin, leur importance géostratégique conduit à la mise en place de nouvelles capacités de production aux Etats-Unis et en Europe.
  2. Les entreprises du secteur ont rejoint le club privilégié des valeurs de qualité. Au cours des dix à vingt dernières années, une vague de consolidation a entraîné une diminution de la concurrence. Tout au long de la chaîne de valeur des semi-conducteurs, on trouve désormais des entreprises qui présentent des marges bénéficiaires élevées, génèrent un flux de trésorerie disponible très important et réalisent des rendements sur fonds propres très satisfaisants pour leurs actionnaires.

Une croissance structurelle et des entreprises de qualité tout au long de la chaîne de création de valeur sont les attributs que nous apprécions en tant qu'investisseurs à long terme. A court terme, malgré la nette correction déjà intervenue depuis le début de l'année, il pourrait encore y avoir un potentiel de repli. Néanmoins, nous voyons de grandes opportunités à moyen et long terme pour les actions de ce secteur.

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