En route vers 9% d’inflation aux Etats-Unis

Bruno Cavalier, ODDO BHF AM

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Les Démocrates sont tenus responsables, ce qui pourraient leur coûter les élections de mi-mandat.

Depuis le début des années 1980, Gallup mène un sondage demandant aux Américains de classer les problèmes du pays par ordre d’importance. Des décennies durant, l’inflation n’avait presque jamais été citée comme un souci majeur, ou alors de manière marginale. Aujourd’hui, environ un quart des sondés voient l’inflation comme le principal problème, au plus haut depuis quarante ans. Les dépenses en énergie, alimentation, et logements sont toutes devenues plus onéreuses, entraînant un effondrement du moral des ménages – mais non un effondrement de leurs dépenses. L’impact de l’inflation a des répercussions politiques. Joe Biden et les Démocrates étant aux affaires, ils sont tenus responsables, ce qui pourraient leur coûter le contrôle du Congrès lors des élections de mi-mandat. Le prochain rapport sur l’indice des prix à la consommation (CPI) ne va pas arranger les choses. Les prix de l’essence ont bondi en mai et sur la première quinzaine de juin, soit une hausse moyenne de +10% entre mai et juin. Cela va pousser le chiffre d’inflation total plus haut, de 8,6% sur un an vers 9%. Un nouveau record en perspective pour ce cycle. Il est possible que l’inflation sous-jacente continue de se modérer. Elle avait atteint 6,5% en mars et pourrait passer au-dessous de 6%. La direction est bien venue, le niveau ne l’est pas. Tournant toute leur attention vers le risque de récession, les contrats futures intègrent désormais des baisses de taux en 2023. Mais en attendant, la Fed reste concentrée sur des hausses de taux, avec sans doute une hausse de 75 points de base en juillet.

 Les prix de l’essence ont amorcé une décrue depuis trois semaines mais restent élevés.
Onde de choc avec un effet de retard

En juin, les indices de climat des affaires ont tous fléchi. Pour le moment, Il n’y pas de raison que le moral des petits entrepreneurs évolue différemment. Il faudra se fier au Livre Beige pour donner un rapport complet sur l’état des conditions économiques jusqu’au début juillet. Mais au vu des enquêtes de confiance, il devrait rapporter des signes de faiblesse sur l’activité et les dépenses. Mais, Il faudra être attentif à l’évaluation de l’état du marché du travail. Car en juin, la croissance de l’emploi est restée bien supérieure à la normale et le chômage bas.

En ce qui concerne le fort repli des prix des matières premières industrielles, il se verra sur l’indice des prix à la production (PPI) avant le CPI. Aux Etats-Unis par opposition à l’Europe, le PPI est estimé à un stade plus avancé de la demande finale. La répercussion prendra donc plus de temps. L’indice de la Fed de New York est la première enquête pour juillet. Les craintes de récession ont monté en un mois, les prix de l’énergie pèsent sur les marges et la demande anticipée s’affaiblit (baisse du prix des métaux industriels). Les perturbations logistiques s’atténuent un peu. La production est attendue stagnante en juin.

Pour ce qui est des ventes au détail, celles-ci vont rebondir, mais cela reflètera surtout un effet prix. En réalité, la consommation de biens est désormais en repli, contrecoup d’une envolée exceptionnelle durant la pandémie. Les prix de l’essence ont amorcé une décrue depuis trois semaines mais restent élevés. Pas de quoi redresser le moral des ménages, surtout dans l’estimation qu’en donne l’enquête de l’Université du Michigan qui traduit avant tout le climat de dépenses, autrement dit le choc d’inflation. Ainsi, les anticipations d’inflation des ménages sont désormais surveillées de près par la Fed.

Une économie chinoise encore fragile

En Chine Les données sur l’inflation confirment l’absence de fortes tensions de prix, et indirectement la faiblesse de la demande. Le CPI a progressé de 2,5% sur un an, le PPI continue de ralentir (+6,1% sur un an, contre un pic à 13,5% en octobre dernier). La batterie de statistiques sur le PIB donne des signaux mitigés. D’un côté, vu les confinements locaux de mars à mai, la production et les dépenses ont chuté. Au deuxième trimestre, le PIB réel est attendu en recul de 2,3% t/t, la plus forte baisse jamais enregistrée depuis le confinement national du premier trimestre 2020 (-10,3% t/t). A l’opposé, les données de juin devraient afficher un fort rebond tant du côté de la production industrielle et des ventes au détail. Du reste, l’économie chinoise reste fragile, notamment le marché du travail et l’immobilier résidentiel. D’où les efforts du gouvernement Les indices des directeurs d’achats quant à eux, signalent que la réouverture des grandes villes a permis un rebond de l’activité en juin. Il y avait déjà eu un rebond des échanges commerciaux dès mai. Ce redressement reste à confirmer.

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