A ceux qui ont loupé les premiers 90% de bitcoins

Yves Longchamp, SEBA Bank

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Chronique blockchain. La capitalisation des actifs numériques a presque triplé cette année, de moins de 800 milliards de dollars en début d’année à environ 2300 milliards aujourd’hui.

L’univers des cryptos évolue rapidement. Des nouveaux thèmes émergent régulièrement, de nouvelles applications redéfinissent les possibilités de la blockchain et de nouvelles devises fleurissent. Les chiffres indiquent à eux seul l’attrait des cryptos auprès du public. Que reste-t-il à ceux qui n’ont pas encore essayé?

Si les cryptos ont convaincu dès le début un grand nombre de petits investisseurs, les gros investisseurs institutionnels entrent progressivement dans cette classe d’actif. L’offre des banques d’affaire internationales s’étoffe afin de faire face à une demande croissante. Que ce soit des hedge funds, des asset managers ou des fonds de pension, la recherche de nouvelles sources de rendements différentes des actifs traditionnels attire.

L’année qui se termine dans quelques jours a été tumultueuse. Parallèlement aux vagues de COVID, des vagues de hausses et de corrections de sont succédées sur les marchés. La devise phare, le bitcoin, a débuté l’année à 29'000 dollars pour grimper à plus de 64'000 en mars avant de redescendre au niveau du début d’année en juillet. Puis, la devise a repris l’ascenseur pour atteindre un plus haut historique à 68'000 dollars pour mieux glisser à 48'000 au moment où je rédige ces lignes.

Le bitcoin ne représente plus que 40% du marché des cryptos.

La volatilité des prix est élevée mais la tendance demeure haussière. Même lorsque le bitcoin trébuche, il ne tombe pas aussi bas que la fois précédente.

Un autre développement marquant de cette année est l’érosion de la part de marché du bitcoin. Au début de l’année, il dominait le marché des cryptos. A lui seul, il capturait 70% de la capitalisation totale. Quelques douze mois plus tard, il ne représente plus que 40% malgré une performance honorable.

Le déclin relatif du bitcoin illustre un changement profond de l’utilisation de la blockchain. En schématisant, on peut dire que les années 2010 ont été marquée par la montée des devises de paiements alors que cette décennie voit l’éclosion des blockchains génériques, des plateformes, sur lesquelles une grande variété d’applications voit le jour.

La composition du top 20 des actifs numériques entre le début de l’année et aujourd’hui illustre bien ce changement. Bitcoin Cash (BCH), Bitcoin SV (BSV), Monero (XMR) et Stellar (XLM), quatre devises de paiement ont quitté le top 20 pour être remplacées par les plateformes Avalanche (AVAX), Polygon (MATIC), Terra (LUNA) et Solana (SOL), qui sont venues grossir les rangs d’Ethereum (ETH), Cardano (ADA), Binance (BNB) et Polkadot (DOT). Aussi le top de 20 de cette fin d’année est constitué de huit plateformes.

Début décembre, le 18'900’000e bitcoin a été émis, soit 90% de tous les bitcoins.

Avec ces plateformes, les services de la blockchain se multiplient et les devises changent de formes. Ce sont sur ces plateformes que les smart contracts émergent et donnent vie à des nouveaux secteurs. La finance décentralisée (DeFi), les célèbres NFT (jetons non-fungibles) et le métavers en sont quelques exemples.

Dans le tumulte des marchés, une nouvelle est passée inaperçue. Début décembre, le 18'900’000e bitcoin a été émis, soit 90% de tous les bitcoins.

Le développement de la blockchain et de ses nombreuses applications ouvre un champ des possibles que l’on peine à formuler. Il semble probable que cette technologie et son modèle d’affaire unique avec ses cryptos s’immiscera progressivement dans notre quotidien ces prochaines années.
Selon des estimations récentes, environ 220 millions de personnes utilisent les cryptos pour un total de 4,7 milliards d’utilisateurs d’internet. A ceux qui ont loupé les premiers 90% de bitcoins émis, sachez que 95% des utilisateurs d’internet sont dans votre cas. Si la blockchain et son modèle d’affaire s’imposent, nous n’en sommes encore qu’au début.

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