Chronique blockchain. En pleine euphorie sur le sujet des non-fongible token, certains projets tirent déjà leur épingle du jeu.
Les NFT sont sur le devant de la scène, comme l’était la Finance décentralisée l’été dernier. Ainsi Opensea, plateforme d’échanges pour ces actifs numériques atteint un volume de transaction d’environ 3 milliards de dollars pour le seul mois d'août, soit 75 millions de revenu pour la société financée récemment notamment par Andreessen Horowitz (et son fonds a16z).
Les NFT sont, littéralement, des jetons non fongibles, c'est-à-dire des jetons circulant sur Blockchain et ayant des caractéristiques propres. A contrario de deux pièces d'un euro qui ont un caractère interchangeable, chaque NFT est unique et ne peut donc être échangé avec un autre. L’exemple le plus récent est l’acquisition par la société VISA d’un NFT, représentant 1 des 10’000 Cryptopunks. VISA a donc acquis le jeton permettant de prouver sa détention et non l’image (sous forme de JPEG ou autres formats) copiable à l’infini sur internet. En somme, tout un chacun peut posséder une copie de la Joconde, la différence sera aisément faite entre la vraie et les copies.
Cependant, le terme de NFT cache différentes verticales aux usages radicalement distincts avec entre autres:
- Des œuvres d’art au format numérique avec l’exemple emblématique de la vente de Beeple chez Christies pour 69 millions de dollars ou d’artistes rejoignant la communauté par ce biais comme Quentin Dupieux mettant en scène son Flat Eric sur la plateforme Foundation.app ou Pascal Boyart et sa chapelle sixtine revisitée (et dont la représentation numérique est vendue sous forme de NFT).
- Des terrains dans un Metaverse, monde numérique dont la brique crypto et blockchain permet de créer toute une économie pour les créateurs, protocoles et entreprises qui proposent des jeux, du casino, des événements communautaires ou autres galeries d’art de NFT. dont s’inspire Mark Zuckerberg dans sa volonté de faire de Facebook une «metaverse company». Un acteur comme Republic Realm a mis en place un fonds de 10 millions de dollars pour se spécialiser dans le foncier numérique sur Decentraland, The Sandbox ou CryptoVoxels.
- Des NFT représentant de la mode numérique pour habiller son avatar, extension de soi-même, avec des éditions limitées (ou non). Le succès des apparences à acheter sur Fortnite ou Roblox indique qu’il y a de l’appétence dans ce domaine avec des premières ébauches dans le domaine du gaming avec notamment des marques de luxe comme Gucci pour Roblox ou Louis Vuitton pour League of Legends. Un centre commercial vient d'apparaître dans Decentraland prenant comme inspiration HaraJuku, un district tokyoïte dédié à la mode.
- Des cartes de football en édition limitée avec Sorare que l’on collectionne et avec lesquelles on joue et dont les performances sont celles des joueurs réels dans les compétitions de cartes, ou des monstres via Axie Infinity, Pokemon-like encore imparfait approchant le million de joueurs et dont la valorisation de leur jeton approche les 4 milliards de dollars.
Si l’on met l’emphase sur les derniers types de NFT, la dynamique à l'œuvre est très intéressante à observer. Cette verticale s’intitule le Play to Earn (P2E). Le joueur achète ou gagne en fonction de ses performances des cartes ou objets sous forme de NFT. Ces objets appartiennent au joueur qui peut dès lors les donner, les envoyer à un tiers, les vendre ou les financiariser (avec la fragmentation en jetons ou en le collatéralisant pour emprunter un autre actif). Dès lors, les performances des joueurs vont faire dépendre les gains engendrés.
Si l’on applique ce principe à Sorare, le raisonnement de particuliers et de fonds exotiques mais possiblement traditionnels dans un avenir proche est le suivant :
Kylian Mbappé et ses 22 ans, sera très probablement un joueur de football prolifique à minima pour une douzaine d’années et titulaire dans les meilleurs clubs mondiaux. Il en résulte qu’il donnera accès à de bons classements, donc à un rendement en cartes et/ou en crypto.
La financiarisation d’une partie du jeu-vidéo devient de ce fait plausible au regard de la traction d’une société comme Sorare, avec presque 30’000 joueurs détenant au moins une carte, une somme collectée en 3 ans par la société pour l’émission des cartes avoisinant 40'000 ethers (soit 60 millions de dollars en cette fin août) et l'apparition de services comme SorareData aidant les joueurs à suivre le marché, à construire ses équipes et des jeux avec d’autres règles.
Ces jeux deviennent alors la fondation d’un nouvel écosystème avec de tierces parties augmentant le jeu initial. Par conséquent, la valorisation des cartes et des actifs augmente aussi.
Ces éléments ne sont certainement pas étrangers à la levée de fonds à venir de Sorare dont il se murmure que les montants sont les suivants: 500 millions de dollars levés pour une valorisation comprise entre 3 et 4 milliards de dollars.
L’écosystème des NFT devient un monde à part entière avec son lot de bons et mauvais projets. Derrière un CryptoPunk peut se cacher une toute nouvelle industrie!