Vers la révolution Ethereum 2.0

Manuel Valente, Coinhouse

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Chronique blockchain. Après la mise à jour d’Ethereum, quel impact sur l’écosystème des actifs numériques?

Le 5 août 2021, London, une mise à jour importante a eu lieu sur le réseau Ethereum. Comme tout autre logiciel, Ethereum subit des mises à jour régulières destinées à en améliorer les fonctionnalités et à réparer des problèmes de sécurité ou de performance éventuels. Sans rentrer dans des détails techniques, il est nécessaire de comprendre les enjeux de cette mise à jour majeure et son impact sur l’écosystème des cryptomonnaies dans son ensemble.

Parmi les évolutions implémentées avec  la mise à jour London, la plus importante concerne l’ensemble des utilisateurs du système. Portant le code IEP-1559, il s’agit d’un bouleversement  majeur du système de calcul des commissions sur le réseau, et au-delà, du mécanisme de création monétaire du réseau Ethereum.

Vers une stabilisation du montant des commissions

Sur toutes les blockchains publiques, chaque transaction nécessite une commission, payée aux personnes assurant la sécurité du réseau, qu’on appelle les mineurs. Sur la plupart des blockchains, chaque personne qui souhaite envoyer une transaction choisit elle-même le montant de la commission, et les mineurs donnent bien entendu la priorité aux transactions qui leur offrent la meilleure commission.

 Les commissions ont augmenté tellement fortement que des réseaux secondaires se sont mis en place, le plus connu s'appelant Polygon.

Cependant, ces blockchains ont une limitation au nombre de transactions qu’elles peuvent traiter sur une unité de temps. Pour Bitcoin par exemple, la limite est d’environ sept transactions par seconde. Et quand on arrive près de la limite, le coût des commissions tend à augmenter exponentiellement, engendrant des déséquilibres et des inefficacités sur le réseau.

On a pu voir ce problème de façon criante sur la blockchain Ethereum au début de l’année 2021. Les commissions ont augmenté tellement fortement que des réseaux secondaires se sont mis en place, le plus connu s'appelant Polygon, avec comme objectif principal de réduire les coûts de fonctionnement d’Ethereum. C’est aussi au cours de cette période que nous avons constaté une forte augmentation de l’utilisation de la Binance Smart Chain, dont les fonctionnalités sont à peu près identiques à Ethereum, mais avec des coûts de fonctionnement bien plus faibles.

La nouvelle mise à jour Ethereum cherche à corriger ce problème: chaque transaction paie la même commission que toutes les autres, et ce coût augmente ou diminue simultanément pour tous les utilisateurs en fonction de la charge du réseau.

Les utilisateurs pourront toujours choisir de payer davantage pour que leur transaction soit rendue prioritaire, mais cette modification devrait tendre à lisser les prix des commissions, et empêcher les périodes de fluctuation massive et rapide qu’on a pu connaître dans le passé. Les développeurs pensent que cette modification devrait baisser les commissions en moyenne, même s’il n’est pas encore possible de déterminer à quelle échelle, et devrait aussi réduire l'attractivité des plateformes concurrentes à Ethereum.

Introduction de la destruction monétaire sur Ethereum

La mise à jour London prévoit également une autre évolution. On nous l’avons évoqué précédemment, la commission de chaque transaction est habituellement versée aux mineurs, en charge de la sécurité du réseau. Comme sur Bitcoin, ces derniers ont deux sources de revenu: une part de création monétaire qui leur est versée automatiquement, et les commissions de chaque transaction circulant sur le réseau.

Le marché a reconnu l’importance de cette évolution, et Ethereum est en hausse de 26% depuis une semaine.

La différence fondamentale entre Bitcoin et Ethereum a toujours été que sur Bitcoin, la création monétaire est prévue pour se réduire progressivement jusqu’à zéro, tandis que sur Ethereum, elle est fixe. Bitcoin était donc fondamentalement plus déflationniste qu’Ethereum, ce qui était vu par ses promoteurs comme un avantage indéniable.

Bitcoin était vu comme une réserve de valeur semblable à l’or, tandis qu’Ethereum n’avait de valeur fondamentale que par le biais de son utilisation, notamment via les smart contracts.

Désormais sur Ethereum, toutes les commissions seront détruites, les montants étant définitivement rendus indisponibles. Si la création monétaire reste constante, cette destruction crée une situation où Ethereum devient beaucoup moins inflationniste. Depuis le 5 août, il y a donc eu des moments où la masse monétaire totale d’Ethereum a baissé, même si en moyenne, celle-ci continue d’augmenter d’un ether toutes les 15 secondes.

Dorénavant, Il pourra donc être nécessaire de considérer différemment Ethereum,. Ce n’est plus en raison de sa simple utilité que l’actif a de la valeur, mais également grâce à sa rareté. Les seuls lésés par cette évolution sont les mineurs, dont la rémunération a baissé d’environ 40%.

Vers la révolution Ethereum 2.0

Les modifications apportées par la mise à jour London sont implémentées pour préparer la sortie de Ethereum 2.0. L‘ensemble des développeurs travaillent activement pour que cette nouvelle version puisse être mise en ligne fin 2021 ou début 2022. Et un point essentiel doit être souligné: la mise à jour London, malgré sa complexité et les nouvelles fonctionnalités qui ont été décrites,  s’est déroulée sans aucune anicroche technique, preuve de la qualité du travail des équipes de développement.

Le marché a reconnu l’importance de cette évolution, et Ethereum est en hausse de 26% depuis une semaine. Avec des mécanismes innovants sur les plans technologiques et financiers qui préparent l’avenir de son réseau, l’avenir semble prometteur pour la deuxième valorisation du marché.

Ethereum 2.0 pourrait-il propulser Ethereum comme le leader de l’écosystème crypto?

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