Bons baisers d'Allemagne – La semaine des marchés par ODDO BHF

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Incertitude sur les élections fédérales: un gouvernement tripartite est probable.

Succéder à Angela Merkel est aussi difficile que jouer James Bond après Sean Connery. L’Allemagne votera pour son successeur le 26 septembre. Le paysage politique est morcelé. Lors de la précédente élection de 2017, un quart des votes s’était finalement partagé entre deux candidats pour favoriser l’accès au Parlement des petits partis. L’émergence de partis extrêmes a accentué ce morcellement et acté la fin de l’opposition traditionnelle entre conservateurs (CDU, CSU, FDP) et progressistes (SPD, Verts). Sur les 16 États fédérés, 14 variantes de coalition sont déjà observées ! L’Allemagne est donc proche de connaitre son premier gouvernement fédéral tripartite depuis les années 50. Sa couleur ne sera probablement pas connue avant début 2022: les sondages sont très volatiles et ont été dominés successivement par trois partis. Actuellement, le parti SPD social-démocrate d’Olaf Scholz (26%) est en tête suivi de l’Union CDU-CSU d’Armin Laschet (20%), des Verts d’Annalena Baerbock (17%) et du parti FDP libéral-démocrate de Christian Lindner (12%). Trois d’entre eux pourraient accéder au gouvernement fédéral.

Comme en 1989, le futur est dans les mains des allemands, «incertain et pleine de promesse». La prochaine coalition, qui incluera 3 des 4 partis favoris, devra trancher sur 3 priorités. D’une part, la baisse de l’impôt sur les entreprises de 30% à 25%: seul le SPD s’y refuse. Ensuite, la hausse des impôts sur les plus riches: seule l’Union CDU-CSU n’y est pas favorable. Enfin, l’expansionnisme budgétaire. Le déficit conjoncturel est limité à 0,35% du PIB par an. Cette limite sera rediscutée avec le renforcement du pacte de stabilité européen, notamment pour favoriser les investissements dans la transition énergétique.

Pour l’investisseur, le risque politique est limité. Une coalition entre La Gauche, le SPD et les Verts serait une surprise négative qui impliquerait une hausse des impôts sur les plus riches, du salaire minimum et une baisse du temps de travail. Mais cette coalition est peu probable et peu considérée par les investisseurs. La volatilité sur l’EUR/USD est à son plus bas sur 18 mois, tandis que la récente hausse des taux allemands s’explique par l’augmentation des anticipations d’inflation. Sur les marchés actions, le DAX sous-performe depuis 1 mois. Mais celui-ci pourrait bénéficier de l’intégration de 10 nouvelles valeurs qui actent le démantèlement des anciens conglomérats allemands (Siemens Energy, Healthineers, Infineon, Puma, Porsche). Une opportunité pour profiter de l’accélération de la croissance allemande en 2022 à 5,5%: une exception en Europe.

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