Walk the Line – La semaine des marchés par ODDO BHF

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Tandis que les émergents sont atteints de vulnérabilité économique, les situations sanitaires, monétaires et politiques des pays développés pourraient diverger.

La vulnérabilité des pays émergents s’accentue. Seulement 10% de leur population est entièrement vaccinée contre 35% pour les pays dits développés. Les pays non-riches représentent 68% de la population mondiale mais 87% des décès liés à la COVID dans le monde. Le retour de la mobilité et la normalisation de leur activité, 5% inférieure au niveau pré-COVID, seront donc plus lentes. En 2022, selon le FMI, la croissance dans la zone émergente hors Asie sera inférieure à celle des économies développées (+4,4%). La coopération internationale se renforce donc. Le G7 s'est engagé à fournir 870 millions de doses aux pays en développement dont la moitié en 2021. Cette semaine, le FMI a mobilisé 650 milliards de dollars pour des prêts d’urgence.

La crise de 2020 a créé plusieurs divergences entre les économies développées et celles émergentes. La première sera sanitaire entre les économies vaccinées et non-vaccinées. Les États incapables de freiner l’émergence des variants seront discriminés dans les échanges mondiaux car plus exposés aux mesures de restrictions. La croissance mondiale deviendra donc moins inclusive et favorisera davantage les échanges régionaux. La seconde divergence sera d’ordre monétaire. Les économies émergentes sont contraintes de durcir leur politique monétaire pour réagir à l’inflation. C’est déjà le cas en Russie (+100 points de base), au Brésil cette semaine (+75pb) et au Mexique (+25pb). A contrario, les banques centrales américaines ou européennes maintiendront des conditions financières attractives au moins jusqu’en 2023. Enfin, la troisième divergence sera politique. Les manifestations de masse s’accentuent et la demande politique se renouvelle. Dans les pays riches, des politiques de stabilisation et de transition énergétique se généraliseront et justifieront un effort budgétaire plus important. Dans les pays pauvres et non-autoritaires, les politiques de redistribution pour réduire la pauvreté seront priorisées. La relance sera donc plus importante dans les économies développées.

Jusqu’à présent, la surréaction des décideurs économiques de chaque pays a été déterminante pour sortir de la récession. Mais les enjeux deviendront plus sociaux et le temps politique sera réduit pour les pays les plus exposés à la crise sanitaire. Le rôle des institutions multilatérales, jusqu’alors secondaires dans la gestion de la crise sanitaire, sera donc déterminant ces prochains mois pour maintenir les émergents sur le sentier d’une reprise durable. Le risque politique, autrefois secondaire, devient désormais central.

 


 

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