Bonne année du tigre d’eau!

Vincent Juvyns, J.P. Morgan Asset Management

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Il est peut-être opportun en ce début d’année volatil sur les marchés de réévaluer le poids de la Chine dans nos portefeuilles.

Conformément au calendrier lunaire chinois, la Chine célèbre ce 1er février le début d’une nouvelle année, placée cette fois sous le signe du Tigre d’eau, animal auquel l’astrologie chinoise prête des qualités de courage, de sensibilité ou encore d’intuition.

Ces dernières années, j’ai pris l’habitude de consacrer l’une de mes premières chroniques économiques de l’année à cet évènement, ce qui me permet d’une part, de souhaiter une bonne année aux lecteurs de cette chronique et d’autre part, de rappeler, si besoin en est, que l’économie mondiale évolue de plus en plus au rythme de la Chine.

A cet égard, nombreux sont ceux, en Chine comme ailleurs, qui seront ravis de tourner la page de l’année du Buffle qui s’achève. En effet, celle-ci restera sans aucun doute gravée dans l’imaginaire collectif comme une année difficile, marquée par des restrictions de mouvement dans un contexte sanitaire fébrile, un ralentissement économique induit notamment par les difficultés du secteur immobilier et une sous-performance des marchés d’actions chinois en raison des différents resserrements règlementaires opérés par Pékin.

Cependant, notre perception de la dynamique économique chinoise est aujourd’hui probablement altérée par les restrictions sanitaires qui nous privent notamment des milliers de touristes chinois qui avaient pris l’habitude de se rendre dans nos capitales et d’y consommer durant cette période festive. Cela nous permettait au passage de mesurer chaque année la croissance de la classe moyenne chinoise. En pratique, malgré le resserrement monétaire opéré en début d’année et les difficultés rencontrées par le secteur immobilier, l’économie chinoise a affiché une croissance de 8,1% en 2021, soit bien davantage que l’objectif de «+/- 6%» que s’était fixé Pékin. La consommation (+12,5%) et les exportations (+21,2%) ont largement contribué à cette croissance, sans que cela n’ait entrainé, comme chez nous, de dérapage de l’inflation, puisqu’elle s’établit actuellement à moins de 2%.

Pour saisir les opportunités que recèlent les marchés chinois, les investisseurs devront cependant, comme le Tigre, faire preuve de courage, de sensibilité ou encore d’intuition!

Sur les marchés financiers, l’année 2021 a incontestablement été difficile pour l’indice phare chinois, le CSI 300, qui a concédé 5,2% après avoir tout de même gagné 27,2% en 2020. Rappelons toutefois que les marchés de capitaux chinois ne résument pas au seul marché d’actions et que les obligations gouvernementales chinoises (CGB) à 10 ans ainsi que le renminbi (RMB) ont en revanche affiché d’excellentes performances en 2021. Les CGB’s terminent en effet l’année sur une performance totale de 5,7% tandis que le RMB s’est apprécié de respectivement 2,7% et 9,6% par rapport au dollar et à l’euro.

Ainsi, bien que l’année du Buffle fût certes riche en défis pour la Chine, elle fut en réalité bien moins négative que le ressenti que les économistes et les investisseurs peuvent généralement en avoir.

Cette page se tourne néanmoins aujourd’hui et l’année du Tigre qui commence s’annonce a priori sous de meilleurs auspices. La Chine sera en tout cas directement sous les feux des projecteurs médiatiques puisque les Jeux Olympiques d’hiver se tiendront à Pékin du 4 au 20 février. Ce sera l’occasion pour la Chine d’exposer au monde entier ses infrastructures flambant neuves ainsi que l’engouement croissant de sa classe moyenne, toujours plus importante, pour ce sport. En effet, alors qu’en 2000 le pays ne comptait qu’une seule vraie station de ski, il en compte désormais 568 tandis que le nombre des skieurs est passé de 10'000 en 1996 à 12,5 millions en 2015.

La Chine profitera également de cet évènement pour promouvoir sa monnaie puisque après avoir testé avec succès le yuan digital (e-NY) localement depuis 2014, la Banque centrale chinoise envisage sa diffusion à plus grande échelle et notamment sa mise à disposition aux athlètes étrangers. Ainsi contrairement à ce que certains resserrements de la régulation opérés l’an dernier ont pu laisser penser, la Chine continue bel et bien d’ouvrir ses marchés de capitaux aux étrangers.

Dans ce contexte, il est peut-être opportun en ce début d’année volatile sur les marchés de réévaluer le poids de la Chine dans nos portefeuilles. Le marché chinois affiche aujourd’hui en effet un ratio cours/bénéfices de 12, soit un niveau inférieur à la plupart des marchés développés tandis que sa croissance bénéficiaire devrait s’élever à 15% en moyenne en 2022 et 2023, soit un niveau largement supérieur à celui des autres marchés. Pour saisir les opportunités que recèlent les marchés chinois, les investisseurs devront cependant, comme le Tigre, faire preuve de courage, de sensibilité ou encore d’intuition!

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