«Le juste prix»

Vincent Juvyns, J.P. Morgan Asset Management

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Le fait que le secteur technologique soit devenu un tel poids lourd au sein du S&P 500 doit absolument être pris en compte dans l’estimation du «juste prix» de cet indice.

Pour cette dernière rubrique de l’année, il m’a semblé opportun de faire référence à cette célèbre émission de télévision française de la fin des années 1980 ou des candidats s’affrontaient pour déterminer «le juste prix» d’un certain nombre d’objets.

En effet, au-delà du titre accrocheur pour capter votre attention, la question du «juste prix» de nombre de classes d’actifs est aujourd’hui plus présente que jamais dans l’esprit des investisseurs qui doivent composer avec des obligations souveraines, qui se traitent à des taux négatifs, des monnaies virtuelles comme le Bitcoin, qui s’échangent à plus de 43'000 dollars ou encore, un indice boursier comme le S&P 500, qui se traite à 21 fois les bénéfices attendus au cours des prochains mois.

Bien que le «juste prix» de chacune de ces classes d’actifs mérite d’être débattu, par soucis de concision, je me concentrerai dans les paragraphes qui suivent sur le cas du S&P 500. Malgré un récent regain de volatilité engendré par l’apparition du variant Omicron, celui-ci a en effet volé de records en records ces derniers mois, à tel point qu’aujourd’hui nombre d’investisseurs craignent qu’il ne soit survalorisé. Pour répondre à cette question il convient d’abord de déterminer le juste prix du S&P 500, mais ceci est plus facile à dire qu’à faire car il s’agit surtout d’une estimation relative.

Si l’on part du postulat qu’à long terme les marchés d’actions sont efficients, la valorisation historique moyenne d’un indice devrait a priori être proche de son juste prix. Aujourd’hui, le S&P 500 se négocie à 20,9x les bénéfices attendus au cours des 12 prochains mois, contre 15,5x en moyenne ces 20 dernières années, et il affiche un rendement de 3% (rendement dividende de 1,4% et rachats d’actions propres de 1,6%) contre 3,7% en moyenne au cours des 20 dernières années.

N’oubliez pas de placer quelques actions américaines sous le sapin!

Par conséquent, en s’appuyant sur ces chiffres, on pourrait légitimement estimer que le S&P 500 est aujourd’hui cher par rapport à sa moyenne historique. Cependant, cela supposerait que la composition du S&P 500 soit restée stable au cours des 20 dernières années, sans quoi nous comparerions des pommes avec des poires.  

Or, comme c’est le cas pour de nombreux indices boursiers, la composition du S&P 500 à en effet beaucoup changé en l’espace de vingt ans. Ainsi, alors qu’au cours de 20 dernières années, le secteur technologique a en moyenne eut un poids de 10/15% au sein du S&P 500, il y pèse aujourd’hui près de 30% et génère à la lui seul près d’un quart des bénéfices de l’indice.

Le fait que le secteur technologique soit devenu un tel poids lourd au sein du S&P 500 doit absolument être pris en compte dans l’estimation du «juste prix» de cet indice. En effet, puisque le secteur technologique se caractérise notamment par une croissance bénéficiaire supérieure à celle des autres secteurs, ceci doit en toute logique conduire à réévaluation à la hausse de ce juste prix.   

Nous estimons ainsi chez J.P. Morgan Asset Management que le juste prix du S&P 500 est aujourd’hui plus probablement d’environ 22x les bénéfices réalisés, contre 20.9x historiquement. A la lumière de cette estimation, la valorisation du S&P 500 devient dès lors  beaucoup plus acceptable et ce d’autant plus que, puisque tout est relatif, son rendement du dividende équivaut aujourd’hui à celui du rendement des bons du trésor américains à 10 ans alors qu’historiquement1 il a en moyenne été inférieur à celui-ci de près 2,5%.

En conclusion, nous estimons que le S&P 500 se traite aujourd’hui à son juste prix, compte tenu du fait que son exposition importante au secteur technologique renforce ses perspectives de croissance bénéficiaire. Au sein de notre stratégie d’investissement, nous continuons par conséquent  à privilégier le marché américain, aux côtés de l’Europe et du Japon.  

Les prochains mois nous diront si nous avons raison. En attendant, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année, portez-vous bien et surtout n’oubliez pas de placer quelques actions américaines sous le sapin!

 

1 Source: Refinitiv Datastream, données mensuelles depuis 1988

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