Parvenir à un monde neutre en carbone

Vincent Juvyns, J.P. Morgan Asset Management

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Si cette ambition est tout à fait louable, sa mise en œuvre nécessitera des changements majeurs dans notre mix énergétique.

Les responsables politiques mondiaux débattent depuis longtemps des moyens de lutter collectivement contre le changement climatique, mais ni le protocole de Kyoto, signé en 1997, ni l’accord de Paris sur le climat, signé en 2015, n’ont abouti à une réduction concertée des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Parvenir à des émissions nettes nulles d’ici 2050 est aujourd’hui devenu le nouveau référentiel des responsables politiques. Or, si cette ambition est tout à fait louable, sa mise en œuvre nécessitera des changements majeurs dans notre mix énergétique, puisque 73% des émissions mondiales proviennent du secteur de l’énergie lui-même. La bonne nouvelle est que plusieurs options ont déjà été identifiées pour contribuer à atteindre cet objectif.

Du charbon aux énergies propres

Pour atteindre des émissions nettes nulles, il faudrait que la part du pétrole, du charbon et du gaz dans le mix énergétique mondial diminue drastiquement pour passer de 85% aujourd’hui à environ 20% d’ici 2050. Il faudrait que le charbon disparaisse presque complètement en tant que source d’énergie, car il crée plus de CO2 par unité d’énergie que toute autre source de combustible fossile. Si tout le monde s’accorde à dire que le charbon doit être éliminé le plus rapidement possible, cela implique que les infrastructures devront être considérablement modernisées pour augmenter la production et permettre le stockage et le transfert des énergies propres dans le monde entier.

Émissions mondiales de gaz à effet de serre par secteur

% des émissions de GES (2016), tonnes d'équivalent CO2

Source: Climate Watch, «Our World in Data», World Resource Institute, J.P. Morgan Asset Management. Les émissions de gaz à effet de serre comprennent le CO2, le méthane, le protoxyde d'azote et les gaz à effet de serre fluorés. Les tonnes d'équivalent CO2 normalisent les émissions pour permettre la comparaison entre gaz. Une tonne équivalente a le même effet de réchauffement qu'une tonne de CO2 sur 100 ans. Les performances passées ne sont pas des indicateurs fiables des performances actuelles ou futures. Données au 31 mars 2021.
Basculement vers l’électrification

L’électrification à grande échelle des industries existantes est la prochaine étape de ce processus. Nous avons déjà assisté à l’essor des véhicules électriques (VE), par exemple. Pour certaines industries, l’électrification complète n’est toutefois pas réalisable. Dans ce domaine, les biocarburants à faible teneur en carbone et l’hydrogène apporteront probablement des solutions.

Renforcer l’efficience

L’optimisation de l’efficience énergétique visant à abaisser le niveau global de la demande d’énergie sera également un aspect majeur pour réduire les émissions. Le développement récent de l’utilisation des ampoules LED en Inde en est un bon exemple. Par son ampleur et sa rapidité, ce changement a eu un impact à grande échelle en Inde, et a généré une quantité d’énergie équivalente à celle consommée par le Danemark en un an.

Compenser les émissions

Si l’on considère que les émissions ne pourront pas être totalement éliminées d’ici 2050, des systèmes de compensation seront nécessaires pour atteindre les objectifs «net zéro». Les habitats naturels, tels que les forêts et les tourbières, sont les puits de carbone les plus efficaces, mais ils disparaissent très rapidement. Dans ce contexte, il faudra investir massivement dans des stratégies technologiques de compensation des émissions, comme le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CCUS).

Ces différentes options représentent toutes des solutions prometteuses pour lutter contre le changement climatique, mais elles nécessitent des investissements importants. De plus, les éventuels retours sur investissement peuvent ne pas être immédiats ou financièrement mesurables.

Enfin, si nous sommes convaincus que la volonté de changement doit venir des gouvernements, le secteur privé jouera également un rôle déterminant, tant en termes de recherche et développement que de financement des partenariats public-privé.

Cette transition vers un monde plus sobre en carbone créera de nombreuses opportunités d’investissement dans des secteurs qui doivent se réinventer pour réduire leur empreinte carbone. Les investisseurs ont dès lors un rôle important à jouer dans la lutte contre le changement climatique.

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