BNS – Inflation’s Fight Club

Arthur Jurus, ODDO BHF

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L’inflation en Suisse s’est déjà stabilisée à 3,5% en août, démontrant l’efficacité de la BNS à lutter rapidement contre la hausse des prix.

La BNS a mis fin à près de huit ans de taux d’intérêt négatifs ce jeudi en augmentant son taux directeur de 75 points de base pour le porter à 0,5%. Cette hausse intervient dans un contexte global de resserrement monétaire: au lendemain de la Réserve fédérale (+75pb) et quelques heures avant que la Banque d’Angleterre rejoigne le Fight Club contre l’inflation (+50pb). Après un premier pas en juin avec une hausse de 50 points de base, la BNS a frappé encore plus fort pour poursuivre sa lutte contre l’inflation, et n’exclut pas de nouvelles hausses de taux à venir. L’inflation s’est déjà stabilisée à 3,5% en août, démontrant l’efficacité de la BNS à lutter rapidement contre l’inflation, tandis que les autres banques centrales se battent seulement pour limiter son dérapage. La décision de la BNS fait suite aux nouvelles prévisions d’inflation. La banque centrale table désormais sur une inflation de 3% en 2022 et de 2,4% pour 2023, contre respectivement 2,8% et 1,9% dans ses prévisions de juin. La prévision de croissance pour 2022 est quant à elle modérée à 2% contre 2,5% précédemment.

Les banques seront dorénavant rémunérées sur une partie de leurs réserves excédentaires: l’ère de la taxation est révolue!

La fin des taux négatifs est positive pour les investisseurs ainsi que pour le secteur bancaire. Pour les premiers, cela signifie que la détention d’obligations et crédits en franc suisse leur rapportera désormais un rendement positif. L’attrait pour la monnaie helvétique n’en sera que renforcé. Du côté des banques, celles-ci ont dû verser plus de dix milliards de francs depuis début 2015 pour payer les taux d’intérêt négatifs des réserves qu’elles déposaient auprès de la BNS. Suite à la décision de la BNS, quelques banques ont déjà annoncé la suppression des taux négatifs sur les avoirs ainsi que la hausse des taux de certains comptes d’épargne. Les banques seront dorénavant rémunérées sur une partie de leurs réserves excédentaires: l’ère de la taxation est révolue!

L’attractivité plus élevée des taux d’intérêt renforcera l’appréciation structurelle du franc, notamment face à l’euro. Si la paire de devises EUR/CHF remontait suite à la décision de la BNS (+1% à 0,96: les investisseurs pensent que la BNS n’aura plus à augmenter autant les taux que la BCE dorénavant), celle-ci retrouvera sa tendance baissière sur le court, moyen et long terme. En effet, plusieurs facteurs poussent à l’appréciation du franc. Premièrement, les prix à la production ont progressé de 45% sur un an en Allemagne contre 5,5% en Suisse. Cela préserve la valeur des investissements en CHF. En outre, l’écart de taux entre les taux de la BCE et de la BNS s’est réduit. Il est désormais de 25 points de base contre 100 points de base avant la réunion. La demande pour la monnaie suisse devrait de facto augmenter. Enfin, l’appréciation du CHF est encore plus soutenue lorsque l’inflation excède 3%. Ainsi, nous estimons que sur un horizon de 5 ans, un EUR/CHF à 0,85 refléterait les fondamentaux macro-financiers actuellement observés.

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