Actions: des premières lueurs d’espoir

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Pour les investisseurs à long terme, il est temps de reprendre progressivement un peu plus de risques.

La saison des résultats pleinement entamée, des premières lueurs d'espoir se dessinent désormais pour les investisseurs. Les valorisations sur les marchés boursiers ont nettement reculé. Les risques de récession s’approchent des 50% et permettrait à l’inflation d’atteindre un pic ces prochains mois. En réaction, les taux d’intérêt ont diminué et se rapprochent des 2,50% aux Etats-Unis et des 0,30% en Suisse. Les actions par rapport aux obligations deviennent donc plus attractives. Pour les investisseurs à long terme, il est temps de reprendre progressivement un peu plus de risques sur le marché des actions.

1) Les taux d’inflation atteindront prochainement leur pic

Les taux d'inflation en Europe et aux Etats-Unis évoluent à environ 9%, un niveau historiquement élevé depuis les années 1980. Nous attendons une nette baisse en 2023 pour deux raisons. Premièrement, les effets de base de l'évolution des prix de l'énergie feront diminuer la croissance des prix. Secondement, les anticipations d’inflation ont diminué depuis 2 mois. Celles à 5 ans sur 5 ans sont désormais à 2% en Europe et 2,5% aux Etats-Unis. Or, celles-ci ont une influence sur les revendications salariales des travailleurs et travailleuses ainsi que sur la fixation des prix par les entreprises. Si les signes d'un apaisement de l'inflation devaient se confirmer, cela constituerait un signal pour les banques centrales de ne pas augmenter les taux directeurs au-delà des niveaux attendus par les analystes. Mercredi dernier, le président de la Fed, M. Powell, a donné une première indication sur des hausses de taux moins agressives à l'avenir. Actuellement, les marchés tablent sur un plateau des taux directeurs de l'ordre de 3,5% pour les taux directeurs de la Fed et d'environ 1,25% pour le taux de dépôt de la BCE au milieu de l'année prochaine.

2) Le ralentissement économique va continuer

De nombreux indicateurs signalent actuellement un risque de récession. Le PIB américain s’est réduit de 0,9% en rythme annualisé au deuxième trimestre après -1,6% au premier trimestre. Une récession est souvent définie comme 2 trimestres consécutifs de croissance négative. Selon le président américain Joe Biden, «cela ne ressemble pas à une récession» (les élections de mi-mandat auront lieu le 8 novembre). Pour sa ministre des Finances Janet Yellen, la solidité du marché du travail ne justifie pas de considérer l’économie en récession. Pour les investisseurs, ces chiffres donnent raison à l’inversion de la courbe des taux (10ans–2ans) et pourraient contraindre les banquiers centraux à ralentir le durcissement de la politique monétaire, ce qui est positif pour les actifs risqués. Par ailleurs, l’indicateur ISM sur l’activité dans l’industrie américaine, la confiance des consommateurs aux Etats-Unis et l'indice du climat des affaires de l'IFO en Allemagne ont poursuivi leur baisse. Actuellement, les analystes attendent une récession «technique» mais sans chute massive des bénéfices des entreprises et une nette augmentation du chômage.

3) Les valorisations des actions sont intéressantes en Europe

Le marché européen se négocie à près de 1,5 fois sa valeur comptable, ce qui est légèrement inférieur aux niveaux moyens à long terme du passé. En revanche, le marché américain des actions est évalué à 3,8 fois sa valeur comptable en milieu d'année, ce qui reste supérieur aux niveaux moyens à long terme des dernières décennies. Parmi les raisons qui expliquent la valorisation plus élevée des actions aux Etats-Unis par rapport à l'Europe, on trouve la rentabilité en moyenne nettement supérieure des entreprises américaines et le risque plus élevé d'un choc des prix de l'énergie en Europe. A la différence des bourses européennes, le S&P 500 et le Nasdaq continuent de se négocier à des PER supérieurs à la moyenne à long terme. Nous considérons que les risques de récession modérée sont désormais pris en compte. Après la correction des cours du premier semestre 2022, nous augmentons ainsi notre positionnement à neutre sur le marché des actions.

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