Amère victoire

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

1 minute de lecture

Resserrement quantitatif, quo vadis? Liquidité tendue sur le marché des bons du Trésor américain. La chute du yen interroge sur la politique menée.

A l’issue du congrès du Parti communiste, Xi Jinping s’est vu confier un troisième mandat et reste le n°1 incontesté de la Chine, entouré d’un bureau politique composé de fidèles. Son discours a détaillé ses préoccupations, la sécurité étant citée 91 fois, contre 60 références à l’économie (dont de nombreuses allusions à la redistribution des richesses). Au de ce contenu, une mentalité conservatrice privilégiant le repli devrait dominer la définition de la politique chinoise dans les années à venir, avec des tensions persistantes autour de Taïwan et une rivalité acharnée avec les Etats-Unis dans le segment des semi-conducteurs.

Le nouveau Premier ministre britannique sera probablement Rishi Sunak, Boris Johnson ayant renoncé à proposer sa candidature. Alors que Jeremy Hunt, chancelier de l’Echiquier, s’apprête à présenter un nouveau budget rigoureux, nous sous-pondérons les obligations britanniques et la livre. La Banque d’Angleterre a indiqué vouloir reprendre ses ventes d’actifs, maintenant que le marché des Gilts est stabilisé. La situation du Royaume-Uni illustre les défis auxquels sont confrontées les autorités monétaires, qui visent un resserrement quantitatif dans un contexte de baisse de la liquidité sur les marchés obligataires. Aux Etats-Unis, le département du Trésor et la Réserve fédérale ont récemment rencontré les principaux acteurs du marché pour éviter tout blocage des négociations sur les bons du Trésor américain (si nécessaire, le gouvernement pourrait intervenir en achetant les bons moins liquides). En Allemagne, les syndicats des secteurs de la chimie et de la santé ont conclu un accord salarial prévoyant deux hausses de 3,25% (l’une en 2023, l’autre en 2024) – ce qui laisse présager d’accords raisonnables dans d’autres secteurs et s’avère positif pour l’inflation. En Italie, la nomination au poste de ministre des Finances de Giancarlo Giorgetti, déjà présent dans le gouvernement de Mario Draghi, devrait rassurer les marchés. La Banque centrale européenne (BCE) devrait relever son taux de dépôt de 75 pb cette semaine, mais les yeux seront rivés sur le taux terminal, les conditions de liquidité et le resserrement quantitatif. Le directeur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré que la BCE devait poursuivre ses hausses de taux pour atteindre le «taux neutre» – «un taux inférieur à, ou proche de 2%» – d’ici la fin 2022. Au Japon, le yen est passé sous le niveau de 150 pour la première fois depuis 1990, ce qui a incité les autorités à acheter la devise (d’autres interventions ne peuvent être exclues). Le taux swap de Tokyo atteint 56 pb, soit 31 pb de plus que le rendement à 10 ans, ce qui renforce les pressions sur la courbe des taux. Nous sommes positifs vis-à-vis du yen.

Le début de la saison de publication des résultats du troisième trimestre semble annoncer les performances les plus faibles depuis la pandémie. La croissance des bénéfices (hors énergie) du S&P 500 ne dépasse guère 1,4% en glissement annuel, un niveau tout près d’évoquer une récession des bénéfices. Nous sommes positifs à l’égard des hedge funds, alors que l’achat par la chaîne d’épicerie Kroger de son rival Albertsons est de bon augure pour les stratégies event-driven.

A lire aussi...