Vers un retournement des marchés?

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

2 minutes de lecture

L’économie chinoise connaît une reprise fragile. La Fed se réunit à Jackson Hole. Les perspectives européennes se détériorent.

Les récentes données en provenance de Chine suggèrent que le pire est peut-être passé, même si la reprise semble encore fragile. En effet, les investissements en immobilisations, les ventes de détail et les indicateurs du crédit indiquent que les confinements ciblés et la grève des paiements hypothécaires continuent de peser sur l’économie chinoise. Les prêts immobiliers des banques chinoises ont diminué pour la première fois en dix ans. Le marché du travail est également préoccupant, le chômage des jeunes atteignant 19,9% en juillet après dix mois de hausse consécutifs, malgré la baisse du chômage global à 5,4%. Nous maintenons notre anticipation de croissance de 3,2% pour la Chine en 2022. Sur les marchés boursiers chinois, la volonté de Tencent de liquider sa participation dans la société de livraison de repas Meituan a plombé le secteur de la technologie. Au sein des autres marchés émergents, la banque centrale turque a pris le contre-pied de l’ensemble de ses homologues en réduisant ses taux directeurs, alors qu’elle fait face à une inflation galopante.

Aux Etats-Unis, le compte rendu de la récente réunion de la Fed a montré que ses membres envisageaient un ralentissement du resserrement monétaire à un certain stade, même si les taux doivent rester à des niveaux qui freinent l’économie pendant un certain temps. Ces déclarations ont surpris les marchés, alors que les responsables de la Fed affichaient depuis quelque temps un ton agressif. Nous surveillerons cette semaine le discours prononcé par son président, Jerome Powell, lors du sommet annuel de Jackson Hole. A ce stade, l’économie américaine ne montre guère de signes de récession. La consommation reste robuste, les ventes de détail de juillet ayant dépassé les attentes. Les géants de la distribution Target et Walmart ont publié des résultats contrastés, le premier communiquant des bénéfices décevants tandis que le second affichait des ventes solides. Les rendements américains à long terme ont encore progressé, frôlant une nouvelle fois les 3%. Cette semaine, les indices des directeurs d’achat, les biens durables et les revenus et dépenses des particuliers permettront de préciser les perspectives de l’économie américaine.

L’économie européenne est dans une situation différente, étant donné que le Rhin – principale voie navigable européenne pour le transport des marchandises – est partiellement fermé à la circulation en raison du faible niveau des eaux. Les entreprises se demandent dès lors s’il est encore intéressant de produire sur le continent européen, compte tenu des coûts élevés de l’énergie et des transports. La croissance européenne demeure au centre des préoccupations des marchés, focalisés sur les prochaines élections en Italie. Les rendements souverains italiens ont considérablement augmenté la semaine dernière. Dans le même temps, la détérioration des perspectives économiques de la zone euro a entraîné une légère baisse des marchés boursiers, alors que les pressions sur les prix persistent. Les prix à la production allemands ont bondi de 37% en juillet, un rythme de progression inédit depuis 1949. Cette situation contraint la BCE à accélérer le relèvement de ses taux d’intérêt, ce qui a déjà entraîné une flambée des rendements européens la semaine dernière. Nous sous-pondérons les obligations européennes périphériques. Au Royaume-Uni, l’inflation a atteint son plus haut niveau en 40 ans. Nous surveillerons cette semaine l’évolution du climat des affaires en Allemagne (Institut Ifo).

A lire aussi...