La BNS essuie une perte abyssale sur neuf mois

AWP

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Les positions en monnaies étrangères ont enregistré une perte de 141 milliards, en raison des cours et du change. Les positions en francs ont dégagé une perte de 24,1 millions de francs.

La Banque nationale suisse (BNS) a essuyé un résultat négatif au niveau comptable de 142,4 milliards de francs sur les neufs premiers mois de l’année. Les positions en monnaies étrangères expliquent en grande partie la lourde perte. Sans redressement de la situation au dernier partiel, la Confédération et les cantons risquent de devoir renoncer à leurs versements l’année prochaine.

Les positions en monnaies étrangères ont enregistré une perte de 141 milliards, en raison d’importantes pertes de cours et de change, a expliqué l’institut d’émission lundi dans un communiqué. Les produits des intérêts et des dividendes se sont inscrits à respectivement 5,1 milliards et 3,4 milliards de francs.

Le stock d’or, qui est resté inchangé en volume, a accusé une moins-value de 1,1 milliard de francs. Fin septembre 2022, le prix du kilogramme d’or s’élevait à 52’525 francs, après 53’548 francs fin 2021.

Les positions en francs ont dégagé une perte de 24,1 millions de francs. Les intérêts négatifs, qui étaient prélevés jusqu’au 22 septembre sur les avoirs en comptes de virement, ont notamment contrebalancé les pertes de cours sur les titres porteurs d’intérêts et les instruments sur taux d’intérêt.

Versements aux cantons et à la Confédération en péril

Les résultats de la BNS sont fortement liés aux évolutions sur les marchés de l’or, des changes et des capitaux, dont les variations peuvent extrêmement fluctuer. Les chiffres actuels ne permettent donc pas de «tirer des déductions pour le résultat de l’exercice en cours», estime la BNS.

Une forte perte annuelle remettrait néanmoins en question la redistribution aux cantons et à la Confédération. En effet, la distribution du bénéfice par la BNS se fait après la constitution de provisions, qui ont la «priorité sur une distribution éventuelle», selon ses statuts. Pour les années 2020 à 2025, l’attribution annuelle à la provision pour réserve monétaire est passée à 10% au moins du solde de la provision pour réserves monétaires de l’exercice précédent, après 8% auparavant.

Une fois les fonds propres consolidés, reste alors le bénéfice distribuable, mais dont le versement est échelonné pour assurer une répartition constante, ce qui permet «d’améliorer la planification de la Confédération et des cantons». Ce sont ces réserves pour distributions futures qui risquent d’être largement amputées si la perte comptable essuyé sur neuf mois n’est pas drastiquement réduite.

Les spécialistes d’UBS s’attendent à ce que la BNS renonce à ces versements dans le cas où la perte annuelle dépasserait les 93 milliards de francs. Or, «seule une forte reprise des marchés financiers et des capitaux» d’ici la fin de l’année permettrait d’éviter une telle perte. D’autant plus que l’institut d’émission ne pourra plus compter sur les intérêts négatifs au quatrième trimestre.

L’ampleur de la perte comptable à la fin du troisième partiel «fait plus qu’effacer les réserves de la BNS pour la redistribution», remarque Alexander Koch, économiste pour Raiffeisen Suisse. «Si d’ici la fin de l’année, nous n’assistons pas à un rallye de reprise massif, avec des taux nettement moins élevés, alors les reversements à la Confédération et aux cantons n’auront pas lieu l’année prochaine», avertit-il.

En 2021, la BNS a reversé le maximum possible, soit 6 milliards de francs, pour un tiers à la Confédération et deux tiers aux cantons. Les solides bénéfices des années précédentes avaient également permis de verser 6 milliards en 2020, année au cours de laquelle le montant maximal de distribution avait été revu à la hausse.

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