La BNS déclare la guerre à la spirale des prix

Raiffeisen Suisse

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Le chef économiste de Raiffeisen Martin Neff répond aux principales interrogations suite à la décision de la Banque nationale suisse sur les taux.

La Banque nationale suisse (BNS) a augmenté le taux directeur pour la deuxième fois en trois mois. Ce deuxième changement des taux d'intérêt ne surprend plus personne, contrairement à la décision annoncée en juin. Notre chef économiste Martin Neff se positionne et répond aux principales questions.

Aperçu des principales questions relatives à la récente décision en matière de taux
Quelles sont les raisons qui ont incité la BNS à augmenter de nouveau le taux directeur?

A l'échelle internationale, l'inflation reste modérée en Suisse, avec 3,5% selon les derniers chiffres. Elle se situe cependant nettement au-dessus de la marge de fluctuation de la BNS, qui est de moins de 2%. De plus, des hausses de prix ont récemment été observées dans de nombreux secteurs, si bien que la BNS souhaite aussi normaliser rapidement les taux d'intérêt en Suisse afin d'éviter un spirale des prix.

Un changement des taux d'intérêt de cette ampleur était-il prévisible?

Au vu de l'inflation trop élevée, la Fed et la Banque centrale européenne (BCE) ont accéléré leur allure en termes de normalisation des taux. Cela a permis à la BNS de procéder à des hausses de taux plus importantes sans générer de pressions inflationnistes supplémentaires sur le franc.

Le taux directeur influe aussi sur les intérêts hypothécaires. Que cela signifie-t-il pour le marché hypothécaire?

La plus récente des décisions prise concernant les taux d'intérêt n'a guère d'impact immédiat sur les taux des hypothèques à taux fixe dont les conditions ont déjà subi de fortes hausses ces derniers mois, en raison de la hausse anticipée des prévisions de taux sur les marchés financiers. Deux autres éventuelles hausses par la BNS sont déjà intégrées à environ 80% dans les taux actuels du marché.

Quelle est la situation des hypothèques sur le marché monétaire?

Avec le retour du taux directeur dans le positif, la rémunération des hypothèques Saron augmentera désormais aussi. A notre avis, les taux d'intérêt progresseront au maximum d'un point de pourcentage avant la fin de l'année.

Et ce ne sera sans doute pas la dernière hausse du taux directeur. Les propriétaires doivent-ils s'inquiéter pour le financement?

Par rapport aux autres espaces monétaires, Raiffeisen ne voit pas en Suisse un besoin aussi aigu et important d'un resserrement agressif des taux d'intérêt. Les charges d'intérêts devraient donc rester relativement modérées en comparaison historique.

Que conseillez-vous aux clientes et aux clients avec une hypothèque à taux fixe qui arrive à terme dans seulement un, deux ou trois ans?

Pour les hypothèques à taux fixe à long terme, une partie est déjà intégrée aux hausses de taux, c'est pourquoi le moment propice à un changement intéressant devrait déjà être passé. A l'heure actuelle, il semble donc plus pertinent d'attendre jusqu'à la fin du contrat, ou peu de temps avant, pour décider de la future structure de financement en fonction du contexte de marché.

… et que faire si mon hypothèque à taux fixe arrive bientôt à terme et doit être renouvelée?

Avec une contrainte sur taux d'intérêt sur plusieurs années, on peut évidemment se créer une base de calcul solide. C'est notamment le cas si l'inflation reste tenace pendant longtemps et si les taux d'intérêt doivent encore augmenter selon le scénario de risque. Même dans ce cas, l'hypothèque du marché monétaire semble encore être la meilleure variante. Pour les hypothèques Saron, de nombreuses augmentations de taux devraient survenir et les taux ensuite rester longtemps à ce niveau, si bien que les hypothèques du marché monétaire coûteraient nettement plus sur la durée que les hypothèques à long terme actuellement.

Faut-il contracter une hypothèque maintenant ou est-il plus judicieux d'attendre?

Du moment que l'on a trouvé l'objet de vente adapté, que le prix d'achat ne suscite pas de craintes et que les critères en matière de capacité financière sont réunis, alors une normalisation des taux ne serait pas un argument contre l'accession à la propriété.

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