La Banque du Japon déçoit et le yen frôle un plus bas de 33 ans

AWP

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Vers 22h, la devise japonaise recule de 1,71% face au billet vert, à 151,72 yens pour un dollar, un plus bas d’un an, non loin des 151,95 atteints fin octobre 2022, une première depuis juillet 1990.

Le yen a frôlé, mardi, son plus bas niveau depuis 33 ans, attaqué par des cambistes déçus par les annonces de la Banque du Japon, qui tarde à prendre son virage monétaire attendu.

Vers 20H55 GMT, la devise japonaise reculait de 1,71% face au billet vert, à 151,72 yens pour un dollar, un plus bas d’un an, non loin des 151,95 atteints fin octobre 2022, une première depuis juillet 1990.

Face à la monnaie unique, la monnaie nippone a glissé jusqu’à 160,85 yens, des profondeurs plus explorées depuis 15 ans.

La Banque du Japon (BoJ) a laissé inchangé, mardi, son principal taux directeur, à -0,1%, comme elle le fait depuis plus de sept ans.

Dans le même temps, la BoJ a indiqué un assouplissement de son dispositif de contrôle des taux obligataires japonais à 10 ans qu’elle considère comme nécessaire à la croissance économique du pays.

Le plafond de ces rendements obligataires, déjà relevé en décembre et en juillet, à 1% actuellement, n’est plus qu’une «référence», selon la Banque du Japon, qui est désormais prête à laisser les taux aller au-delà.

Dans la foulée, le taux des emprunts d’Etat japonais à dix ans a bondi jusqu’à 0,963%, une hauteur qu’il n’avait plus connu depuis 10 ans.

En théorie, la remontée des rendements obligataires japonais est un facteur de soutien au yen, car il favorise les placements dans la devise nippone.

Mais «cette décision a été moins agressive qu’anticipée par le marché et a fait chuter le yen», a commenté Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

«Les cambistes ont été un peu déçus par ce changement subtil de politique monétaire», a abondé Jeffrey Roach, de LPL Financial.

«La BoJ refuse d’ajuster sa politique de contrôle des taux de façon significative», a réagi Christopher Vecchio, de Tastylive. En conséquence, «le marché met au défi la Banque du Japon» de garder cette posture ultra-accommodante.

Pour l’analyste, l’institution «va être soumise à davantage de pression politique pour agir, et rapidement».

Le plancher d’octobre 2022 avait poussé les autorités japonaises à intervenir sur le marché des changes pour soutenir le yen, qui avait repris un peu de vigueur.

«Le gouvernement ne veut pas voir le yen se déprécier davantage, parce que cela accélère l’inflation», rappelle Peter Boockvar, de Bleakley Advisory Group.

La BoJ a revu, mardi, sa prévision d’inflation à 2,8% sur un an entre avril 2023 et mars 2024, année fiscale au Japon, contre 2,5% jusqu’ici.

«Le Premier ministre (Fumio Kishida) s’effondre dans les sondages (32% d’opinions favorables selon une récente enquête de Kyodo News) et c’est en partie dû au fait que les salaires réels (une fois la hausse des prix déduite) baissent», grignotés par l’inflation, avance Christopher Vecchio.

De son côté, la BoJ «a toujours peur de son ombre», estime l’analyste, la banque centrale craignant qu’un resserrement monétaire n’asphyxie l’économie japonaise, encore fragile.

La production industrielle au Japon affiche un recul de 4,6% sur un an, selon un indicateur publié mardi.

«La seule façon possible de maîtriser l’inflation, c’est de mettre fin à la politique monétaire ultra-accommodante», rétorque Christopher Vecchio.

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