En Allemagne, les pénuries retardent la reprise économique

AWP

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Le secteur manufacturier souffre depuis plusieurs mois de pénuries post-pandémie sur les marchés internationaux, qui douchent les espoirs de forte reprise.

Quand le commerce international tousse, l’Allemagne s’enrhume: les pénuries de matériaux sur les marchés mondiaux plombent particulièrement la reprise de la première économie européenne, dépendante de son industrie exportatrice.

C’est le constat que devraient faire jeudi les principaux instituts économiques du pays (DIW, IFO, IFW, IWH et RWI), en dévoilant leurs dernières prévisions de croissance, attendues en forte baisse.

Selon les dernières estimations, qui remontent à avril, l’Allemagne devait connaître une hausse de 3,7% de son PIB en 2021, après une chute historique de 4,9% en 2020.

Mais le secteur manufacturier souffre depuis plusieurs mois de pénuries post-pandémie sur les marchés internationaux, qui douchent les espoirs de forte reprise.

«L’économie allemande est plus connectée à l’international, dont elle est plus dépendante que beaucoup d’autres pays de l’UE», explique à l’AFP Carsten Brzeski, économiste pour la banque ING.

«En conséquence, elle atteindra son niveau d’avant la crise plus tard que la plupart des autres pays», ajoute-t-il.

Selon une étude de la banque publique KFW, une PME allemande sur deux (48%) fait actuellement face à des problèmes de livraisons.

Automne difficile

«Les pénuries retardent la reprise économique», confirme à l’AFP Jens-Oliver Niklasch, analyste pour la banque LBBW.

La pandémie a déstabilisé les chaînes mondiales d’approvisionnement, conduisant à des goulots d’étranglement sur les marchés des composants électroniques, du bois, des plastiques et de l’acier, notamment.

Les conséquences se font particulièrement sentir en Allemagne, où l’industrie exportatrice est un pilier.

«Cela a un effet de ralentissement sur la production et sur notre chiffre d’affaires», explique à l’AFP Ralph Wiecher, chef économiste pour l’organisation des machines outils VDMA.

La production industrielle a plongé de 4% en août sur un mois, tout comme les commandes, qui se sont écroulées de 7,7%.

Les exportations, qui n’avaient cessé de grimper depuis la première vague de Covid-19 en avril 2020, ont fléchi de 1,2%.

Le secteur automobile, poumon de l’économie nationale mais plombé par la rareté des semi-conducteurs, est en grande difficulté.

«L’économie allemande doit se préparer à automne difficile», a résumé récemment le lobby industriel BDI.

Pour le gouvernement, la situation devrait se normaliser bientôt, et le niveau économique pré-pandémie être atteint «au début de 2022 au plus tard».

Mais certains anticipent une crise plus longue: selon un sondage de la société de conseil Inverto, trois quarts des chefs d’entreprises estiment qu’elle durera dans les 18 prochains mois.

Négociations gouvernementales

Ces pénuries pourraient avoir une autre conséquence pour l’économie allemande: l’accélération de l’inflation.

Tirée par l’actuelle hausse des prix de l’énergie, celle-ci a déjà atteint en septembre son plus haut niveau depuis 1993, à 4,1%.

Pour l’Allemagne, «si on regarde les perspectives pour le trimestre d’hiver, on peut parler de stagflation», a même récemment mis en garde Jörg Krämer, économiste de la Commerzbank, dans le journal Handelsblatt, en référence au cocktail explosif de faible croissance et de forte inflation.

Un contexte rappelant la période post-choc pétrolier, dans les années 70.

Sur le plan politique, ce contexte économique difficile est de nature à compliquer un peu plus les négociations déjà difficiles en cours entre partis politiques pour tenter de former un nouveau gouvernement, suite aux récentes élections législatives.

Les sociaux-démocrates, vainqueurs de justesse du scrutin, et les Verts plaident pour une politique de dépense publique généreuse pour empêcher un ralentissement trop abrupt de la reprise, quitte à continuer à mettre entre parenthèses les règles nationales et européennes de limitation des déficits.

Les Libéraux du FDP, impliqués dans ces négociations à trois, veulent au contraire revenir à la discipline budgétaire et demandent des baisses d’impôts, ce qui priverait l’Etat fédéral de ressources pour financer des programmes de soutien à l’économie.

Un responsable de ce parti, Volker Wissing, a jugé mardi que «l’heure de vérité approchait» dans ces tractations, qui en cas d’échec risqueraient de plonger le pays dans une longue période de paralysie politique.

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