La Bourse de New York a terminé en forte baisse ces derniers jours, pénalisée par la faillite, puis fermeture par les autorités de plusieurs banques régionales américaines, dont SVB Financial, la 16ème banque américaine en terme de dépôts. La banque californienne a subi un choc de liquidité provoqué par un retrait massif de ses clients (bank run) après l’échec d’une levée de fonds. La banque a dû liquider en urgence des actifs qui étaient destinés à être gardés jusqu’à maturité, obligeant donc la banque à reconnaître des pertes exceptionnelles dépassant la valeur de ses fonds propres.

Cette faillite causée par un mauvais management de la liquidité a mis en lumière la pression de plus en plus forte sur le secteur bancaire causée d’un côté par la fuite des dépôts bancaires vers les fonds monétaires (plus rémunérateurs) et d’un autre la forte baisse de la valeur des actifs côtés détenus par les banques en raison de l’envolée des taux d’intérêt depuis l’année dernière.

Bien que les autorités américaines aient rapidement réagi pour rassurer les investisseurs, comme la Fed qui a lancé un programme permettant d’améliorer la liquidité, certaines banques pourraient malgré tout se retrouver dans la même situation que SVB. En effet, certaines petites banques ne sont pas éligibles au nouveau programme de la Fed, car elles ne détiennent pas les actifs acceptés par la banque centrale comme collatéral.

Cet incident bancaire a provoqué une fuite vers les valeurs refuges, dont les obligations. Le rendement des obligations à 2 ans a chuté de 57 points de base à 4,02% et le rendement des obligations à 10 ans a chuté de 18 points de base à 3,52%. La courbe des taux a connu une énorme pentification ces derniers jours, remontant jusqu'à -42 pbs contre -120 pbs la semaine dernière, ce qui est un signe que les investisseurs anticipent une Fed moins agressive et le potentiel d'un impact désinflationniste sur l'économie.

Outre l’évolution de la situation des banques, les publications de l’inflation IPC et IPP des Etats-Unis ce mardi et mercredi seront décisives pour les marchés. Des chiffres inférieurs aux attentes renforceraient les chances d’une Fed moins agressive, ce qui soutiendrait les marchés boursiers et inversement.

Du point de vue de l’analyse technique, la configuration du S&P 500 s’est nettement dégradée ces derniers jours puisque l’indice a formé une figure en tête et épaules en enfonçant la ligne de cou passant par les creux de janvier et février.

Cette figure chartiste ouvre la voie à un retournement baissier. Le couple rendement/risque redevient donc techniquement en faveur des vendeurs et le prochain support majeur à surveiller sera le creux de décembre à environ 3763 points. Une baisse jusqu’au creux du printemps dernier à environ 3635 points semble toutefois à prévoir avant un éventuel rebond.

Ces perspectives baissières seraient techniquement invalidées en cas de rebond au-dessus de la ligne de cou de la figure chartiste.