Gonet: l'actualité des marchés au 3 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,33%, S&P 500 +1,84%, Nasdaq +2,69%, Russell 2000 +2,31%, SOX +3,57%, Eurostoxx +0,95%, SMI +0,49%.

Kolanovic 1 - Dimon 0.

Hier le marché privilégie la vue du stratège de JP Morgan, au détriment de celle de son patron. La séance d’hier pourrait avoir marqué un tournant, pourtant la semaine avait mal commencé avec de légères baisse, le marché peinant à confirmer sa superbe performance de la semaine précédente. Et puis hier des ventes contraires se lèvent avant l’ouverture de Wall Street. Pour commencer, la numéro deux de la Fed Lael Brainard déclare que les attentes du marché de hausses de 50 points de base en juin et en juillet sont raisonnables. Jusqu’ici tout va bien. Là où ça se gâte c’est quand Madame Brainard ajoute qu’il est très difficile de trouver des arguments en faveur d’une pause en septembre. Et ce n’est pas tout, Microsoft surprend son monde en émettant un avertissement sur bénéfices à venir. La firme de Redmond blâme la force du dollar. Le marché, déjà d’humeur bougonne après les propos de Lael Brainard, n’apprécie guère et se met à tanguer. En parallèle, il lui faut digérer les nombreuses statistiques économiques du jour, qui ne sont pas aisées à déchiffrer. Le secteur privé américain annonce avoir créé nettement moins de postes de travail que prévu au mois de mai, les commandes aux entreprises sont faibles, tout comme les commandes de biens durables. En parallèle, le coût du travail augmente nettement plus qu’attendu durant le premier trimestre, le marché se retrouve donc face à une activité économique apparemment en ralentissement, alors que les entreprises font face à des coûts de personnel en hausse, ouch…

Résumons: les propos de Laël Brainard? Mauvais pour les actions. L’avertissement sur bénéfices de Microsoft? Idem. Les statistiques économiques du jour? Neutre, l’économie qui ralentit est potentiellement une bonne nouvelle pour les actions, en revanche le coût du travail en hausse est inquiétant.

L’indice S&P500 (SPX) débute donc sa journée sur une note prudente, chat échaudé craint l’eau froide. Microsoft démarre en repli de 2,8%, on se prépare à une clôture dans le rouge dans les salles de marché. Et c’est là que le tournant potentiel se produit. Contre toutes attentes, les acheteurs refont surface et prennent les choses en mains. Microsoft se retourne, les stars du moment (Nvidia, Salesforce notamment) l’accompagnent en mode «Space X». Les FAANGs ne boudent pas la fête, bien au contraire. Apple gagne 1,68%, Amazon grimpe de 3,15%, Meta décolle de 5,42% tandis qu’Alphabet avance de 3,16%. On le sait, lorsque ces poids lourds prennent une direction de concert, c’est tout l’orchestre du marché qui se met au diapason. Les indices terminent leur journée au plus haut de la session et le SPX a désormais récupéré quasiment 10% depuis son bas du 20 mai. Le sentiment du marché était resté bon en début de semaine, malgré le léger repli des indices. La séance d’hier illustre sa capacité de résilience, ainsi que l’indécrottable optimisme des acteurs du marché des actions, qui se disent à nouveau que la Fed pourrait ne pas avoir à être trop agressive après les statistiques économiques du jour.

Tous les secteurs du SPX terminent leur journée dans le vert, hormis l’énergie. Le podium du jour se compose de la consommation discrétionnaire, des materials et des services de communication. Le marché est en mode «risk on» et renvoie le dollar à ses études, la paire EUR/USD remonte à 1,0750 ce matin et teste sa moyenne mobile à 50 jours à nouveau, elle se situe à 1,0722. L’or en profite et remonte à 1865 dollars l’once. Le pétrole reste soutenu, le baril de WTI Light Crude revient à 116,75 dollars, malgré l’annonce par l’OPEP+ qu’elle augmentera sa production en juillet et en août à raison de 648'000 barils par jour. Les traders en matières premières doutent probablement que l’institution tienne parole. En parallèle, les inventaires hebdomadaires publiés par le département de l’énergie chutent de manière inattendue. La volatilité poursuit son lent repli, le VIX recule de 3,8% à 24,72. Tiens donc, le VVIX (la volatilité du VIX, je sais….) recule également et se retrouve désormais en-dessous de son niveau ante-covid. J’avoue ne pas trop savoir comment lire cela, en revanche le VVIX est encore loin de son niveau plancher, à suivre donc.

Je reviens à Microsoft. Ce qui s’est produit sur le titre hier est rare. Il faut savoir que Microsoft est probablement un des plus gros «crowded trade» de Wall Street. Tout le monde ou presque en détient dans son portefeuille. Le fait que le marché ait ignoré l’avertissement sur bénéfices de cette façon peut laisser plus d’un ours songeur. Le marché des actions serait-il dans un meilleur état que le plus grand nombre craint? Est-il temps d’y revenir (pour ceux qui l’ont quitté)? Le récent rebond a été accompagné par un scepticisme marqué, ce que l’on peut aisément comprendre, dans un tel contexte la très importante publication du rapport américain sur l’emploi cet après-midi permettra de tester à nouveau l’état réel du sentiment du marché.

Le patron de JP Morgan Jamie Dimon exprimait ses craintes mercredi, il n’est pas le seul financier à le faire cette semaine. Le président de Goldman, John Waldron, fait écho à son ton pessimiste. «C'est l'un des environnements les plus complexes et les plus dynamiques que j'ai jamais vus, si ce n'est le plus complexe». Larry Fink, de BlackRock, s'attend à ce que l'inflation reste élevée pendant des années en raison du blocage des chaînes d'approvisionnement mondiales. Enfin, les dirigeants de Carlyle et de Blackstone mettent en garde sur les chaînes d'approvisionnement, affirmant que les pays devront renforcer leur dépendance locale et réduire leur dépendance vis-à-vis de leurs partenaires commerciaux historiques.

Le marché prévoit désormais que la BCE procédera à une hausse de 50 points de base d'ici décembre, en supposant que la première augmentation de 25 points de base ait lieu en juillet. La banque centrale n'a pas procédé à une telle augmentation depuis 2000.

Jens Stoltenberg rencontre Joe Biden à la Maison Blanche. Le chef de l'OTAN soutient les offres des alliés d'envoyer des escortes navales pour les navires exportant des céréales depuis les ports ukrainiens. Le ministère russe des finances se déclare prêt à régler les réclamations relatives aux euro-obligations 2022 dont les conditions n'ont pas été respectées.

Les indices PMI définitifs pour les services seront publiés tout au long de la journée pour les grandes économies. Aux Etats-Unis, il y aura donc les chiffres de l'emploi en mai (14h30) et l'ISM des services (16h00).

Lonza: AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 659 à 629 francs. Cultura choisit Kuehne + Nagel pour la gestion de son site logistique de Moissy Cramayel. Valora développe son portefeuille «Food Service» en rachetant Frittenwerk en Allemagne. Implenia construit un nouveau tunnel de raccordement pour le métro de Stockholm. Leonteq voit son bénéfice net augmenter de 50% en 2022. Signature du contrat de construction de l'aéroport de Noida (métropole de Dehli) par Flughafen Zurich. La piste et les infrastructures côté terre et côté air de Noida ont été attribuées à l'entreprise EPC Tata Projects Ltd. Le contrat porte sur un volume d'environ 750 millions de francs suisses.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le vert. Tokyo progresse de 1,27% à la cloche, Hong Kong et Shanghai sont fermées alors que Séoul gagne 0,44%. Le future SPX est à l’équilibre et l’Europe ouvre en progression de 0,7%. Tout le monde sur le pont à 14h30 pour le rapport américain sur l’emploi!

 

L'actualité des marchés sera de retour mardi 7 juin.

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