Gonet: l'actualité des marchés au 1er juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,67%, S&P 500 -0,63%, Nasdaq -0,31%, Russell 2000 -1,26%, SOX -0,53%, Eurostoxx -1,36%, SMI -1,06%.

Wall Street termine son mois de mai par une séance teintée de rouge. Fin de mois oblige, les volumes d’échanges décollent, les secteurs les plus touchés sont l’énergie, les materials et les utilities, tandis que la consommation discrétionnaire mène le pack des taureaux. C’est une séance pauvre en nouvelles que celle d’hier, on sent que le marché, même s’il se replie, est plus serein qu’il y a une dizaine de jours. La pression sur les indices trouve probablement une partie de son origine dans la hausse du cours du pétrole, dont le baril de WTI Light Crude vient renifler le niveau de 120 dollars de très près, avant de se replier et de revenir à 115,80 dollars ce matin. On connait l’impact potentiel d’une hausse persistante de l’or noir, capable de freiner la consommation des ménages et d’alimenter l’inflation, Le repli du baril observé ce matin est donc une bonne nouvelle, il s’explique par un article du Wall Street Journal (WSJ), qui affirme que certains membres de l’OPEP étudient l’idée d’exempter la Russie d’un accord sur l’approvisionnement en pétrole, du fait des sanctions frappant Moscou qui réduisent sa capacité à pomper davantage. Une telle mesure permettrait en théorie à l’Arabie Saoudite et d’autres membres de l’OPEP d’augmenter leur production, d’où le repli du baril hier soir.

Les FAANGs terminent leur journée en ordre dispersé mais semblent aussi se stabiliser, ce qui ne peut faire de mal au marché. Le segment des «meme» stocks reste agité avec notamment Gamestop (GME) qui recule de 9% avant ses résultats, ça sent la confiance à plein nez sur cette partie-ci… Superbe journée en revanche pour les actions internet chinoises cotées à Wall Street, l’ETF KWEB décolle de 4,75%, la fin du confinement de Shanghai aujourd’hui donne apparemment des ailes aux acheteurs, l’indice PMI (directeurs d’achats) publié dans la nuit de lundi à mardi aussi.

Alors certes, Wall Street se replie, mais la volatilité également, l’indice VIX perd 1,24% ce qui est tout sauf anecdotique et illustre le retour progressif de la sérénité mentionné plus haut. À 26,19, le VIX est certes nettement plus bas que son récent top de 36,64, mais il n’est pas non plus au plancher, dont on peut raisonnablement affirmer qu’il se situe à 15. Nous voici donc dans un contexte qui voit les investisseurs prendre confiance, sans toutefois baisser totalement leur garde, un contexte plutôt rassurant. Les rendements obligataires remontent quelque peu, le 10 ans US revient à 2,86%, les intervenants vendent un peu de leurs valeurs refuges. Côté monnaies, le dollar tente de résister aux assauts répétés de l’euro et y parvient, du moins pour l’instant. Le Dollar Index (DXY) parvient à se maintenir au-dessus de sa moyenne mobile à 50 jours alors que la paire EUR/USD flirte avec la sienne, qui se situe à 1,0732, cours actuel 1,0728.

La convalescence de Wall Street semble donc se poursuivre alors que les thèmes du moment n’ont pas disparu (inflation, banques centrales beaucoup moins accommodantes, chaine d’approvisionnement, conflit en Ukraine). Mais l’être humain, c’est bien connu, a tendance à s’habituer à presque tout. Le marché se fait chaque jour un peu plus à l’idée d’un scénario plus complexe, les valorisations sont revenues à des niveaux bien moins excessifs, les ours aboient mais la caravane du marché passe…

Au chapitre macro-économique, l’indice de la confiance des consommateurs se replie à un plus bas niveau en trois mois aux Etats-Unis, la faute à l’inflation qui incite les consommateurs à remettre à plus tard leurs achats, notamment de voitures et de maisons. Sur le vieux continent, l’indice des prix à la consommation grimpe de 8,1% au mois de mai par rapport à mai 2021, alors qu’en France la hausse est plus mesurée, de 5,2%, mais c’est tout de même le niveau le plus élevé depuis 1985.

Joe Biden déclare que les États-Unis vont fournir à l'Ukraine des systèmes de roquettes et des munitions plus avancés. Dans le New York Times, il indique que les États-Unis ne cherchent pas à déclencher une guerre entre l'OTAN et la Russie, ni à évincer Vladimir Poutine. Le paquet comprend des missiles qui permettront à l'Ukraine de frapper des endroits situés à 80 kilomètres de distance, déclare un haut fonctionnaire américain, ajoutant que Kiev a donné l'assurance qu'elle ne viserait pas le territoire russe. La Croatie est sur le point de savoir si elle est en assez bonne forme pour devenir le 20e membre de la zone euro. Les rapports de la BCE et de l'exécutif de l'UE, attendus aujourd'hui, évalueront les progrès accomplis. Par ailleurs, les Danois se rendent aux urnes pour se prononcer sur l'adhésion au pacte de défense de l'Union européenne. La plupart des sondages suggèrent que les électeurs approuveront la fin de la clause de non-participation qui excluait le pays du partenariat de défense depuis 1993.

Au menu de ce mercredi, les indices PMI manufacturiers définitifs des principales économies, l'ISM manufacturier américain et l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis (16h00). Les discours de Christine Lagarde et de James Bullard seront suivis. En Chine, l'indice PMI Caixin est toujours en phase de contraction, mais il est en amélioration par rapport à celui du mois d'avril.

DWS nomme Stefan Hoops nouveau CEO à partir du 10 juin. Asoka Wöhrmann démissionne. Salesforce reprend 9% hors séance après ses trimestriels. ISS exhorte les actionnaires de Spirit Airlines à choisir l'offre de JetBlue plutôt que celle de Frontier. HP Inc resserre vers le haut sa fourchette de prévision de bénéfice annuel. Vodafone, Telefonica, National Grid détachent des coupons. Dormakaba décroche un contrat pour tous les aéroports publics de Norvège.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,65% à la cloche, Hong Kong et Shanghai se replient de 0,53% et 0,19% tandis que Séoul est fermée. Le future SPX grappille 11 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,3%.

Bank of America publie un rapport qui prend du recul et nous apprend notamment que, depuis 2000, les sociétés américaines ont dépensé 9300 milliards de dollars en rachats d’actions contre 6400 milliards en salaires. Old habits die hard…

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