Gonet: l'actualité des marchés au 7 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,17%, Dow -0,60%, SPX -0,20%, Russell -1,36%, SOX -0,24%, Eurostoxx -0,85%, SMI -0,02%.

Wall Street fait de l’ordre entre ses différents secteurs. À première vue, la séance d’hier semble inintéressante, il n’en est rien. Notons le nouveau record historique du Nasdaq et la première baisse du S&P500 (SPX) en 7 jours, mais hier le marché regarde surtout les statistiques économiques qui sont riches en enseignements. C’est plus particulièrement l’indice ISM du mois de juin qui retient l’attention. L’ISM est un des cinq baromètres les plus utilisés par la Fed car il sonde le sentiment des directeurs d’achats dans le secteur manufacturier et des services, aux Etats-Unis. Il est le pendant des fameux PMIs, que Markit mesure dans le monde entier. Et donc l’ISM des services atteint 60,1 en juin, un excellent chiffre au demeurant puisque tout ce qui sort au-dessus de 50 indique une économie en expansion. Oui, mais non en fait. En mai, l’ISM était parvenu à se hisser à 64, son record historique. Lisez: l’économie des Etats-Unis est en pleine forme, mais elle a dépassé son pic. Tous les secteurs des services (ie restauration, finance, commerce de détail, logistique) font face à des carnets de commandes pleins à craquer mais sont aussi exposés à une pénurie de main d’œuvre de plus en plus préoccupante et à des problèmes d’approvisionnement. Qui sait? peut-être que l’ISM publié hier marquera un point d’inflexion majeur dans le cycle économique américain. On attendait une décélération au sein de la communauté des économistes, mais pas aussi brutale.

Cette statistique a le mérite de redonner un peu d’inspiration aux investisseurs, dont la plupart étaient «perdus dans la traduction» au niveau des secteurs depuis quelques semaines. C’est logiquement que les valeurs cycliques sont rangées au placard hier et que les intervenants reviennent en force dans les obligations gouvernementales, faisant chuter le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 1,36% (techniquement les prochains supports se situent à 1,29% puis 1,20%). On se débarrasse des valeurs bancaires, de l’énergie et des matériaux de base. Le dollar retrouve des couleurs, le Dollar Index (DXY) revient à 92,48, la paire eur/usd à 1,1824, ce qui n’a rien de logique si l’on s’en tient à l’indice ISM. La vigueur retrouvée du billet vert a probablement un lien avec le repli du pétrole, j’y reviens. Du côté des secteurs gagnants hier, le podium du SPX se compose de l’immobilier, de la consommation et des utilitaires. Cela dit, c’est la technologique qui retient l’attention, les intervenants reviennent dans les grosses capitalisations de qualité. Amazon montre la voie, qui s’adjuge 4,7%, clôture à un record historique et s’approche de plus en plus du club des firmes à 2000 milliards de dollars de capitalisation boursière, club composé de Microsoft et Apple. Microsoft clôture également à un niveau jamais observé auparavant.

À la clôture on observe des intérêts acheteurs pour 2,6 milliards de dollars, les emplettes ne semblent donc pas être terminées, à suivre. Les volumes d’échanges sont corrects mais pas extraordinaires, avec 10,1 milliards de titres traités sur le NYSE. Jetons un œil sur la volatilité, qui rebondit significativement. Le VIX (volatilité du SPX) progresse de 9% à 16,44, après avoir atteint 17,94 en séance. C’est une forte hausse de volatilité que voici, on pourrait même la qualifier d’agressive. L’indice ISM ne suffit pas à l’expliquer à lui tout seul, comme il ne suffit pas à expliquer le mouvement plutôt violent observé sur les taux longs hier. On se tourne du coup vers le variant delta, qui pourrait inquiéter la Fed, du moins c’est ce qui commence à se murmurer dans les salles de marchés. Probablement qu’une partie des mouvements observés hier relève de positionnements.

Le pétrole inverse donc ses gains post-OPEP+, le WTI Light Crude connaissant sa plus forte baisse depuis mai à New York. Le marché prend en compte les perspectives croissantes d'un accord sur la production. Les États-Unis ont eu des entretiens de haut niveau avec l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d'autres membres et sont «encouragés» par les progrès réalisés, alors que l'administration Biden cherche à maintenir les prix de l'essence à un niveau abordable. JPMorgan s'attend à ce que le plan initial d'augmentation de la production de 400’000 barils par jour jusqu'à la fin de l'année soit ratifié. Le baril de WTI Light Crude traite à 73,70 dollars ce matin.

Le Royaume-Uni renoncera à l'obligation de quarantaine pour les citoyens revenant de pays figurant sur sa liste orange à partir du 19 juillet, selon The Sun. Le responsable de la santé du pays met en garde contre une augmentation des cas de Covid de longue durée chez les jeunes. Le variant delta a fait passer le taux d'infection en Espagne au niveau le plus élevé d'Europe continentale, selon le FT. Ce variant est également à l'origine d'une recrudescence des cas, des hospitalisations et des décès dans des régions profondément conservatrices des États-Unis. Le Pentagone envisage de rendre les vaccins obligatoires pour les troupes.

La production industrielle allemande (sortie en-dessous des attentes) précède l'enquête JOLTS de mai sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis (14h30) et les minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00).

Adecco: Goldman Sachs relève son objectif de cours de 65 à 68 francs. Adidas: HSBC passe de conserver à acheter en visant 360 euros. Dufry: Stifel démarre le suivi à conserver en visant 63 francs. Saint-Gobain: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 61,40 à 64 euros. Le Pentagone annule le contrat cloud de 10 milliards de dollars conclu avec Microsoft, l'action en justice d’Amazon a porté ses fruits et la firme de Jeff Bezos pourrait obtenir la moitié du contrat. Les résultats de Samsung Electronics dépassent les attentes sur le dernier trimestre écoulé. Crédit Suisse va se séparer de nouveaux banquiers dans le sillage de l'affaire Archegos, selon le Wall Street Journal. Nintendo lancera en octobre une version améliorée de la Switch, mais dépourvue de certains fonctionnalités attendues par les aficionados. L'action Didi chute de 20% à Wall Street pour sa première séance boursière, après le tour de vis de Pékin. Xiaomi veut émettre 1 milliard de dollars d'obligations, selon Bloomberg.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, à l’exception de Shanghai qui progresse de 0,67%. Tokyo rend 0,96% à la cloche, Hong Kong recule de 0,94% et Séoul abandonne 0,60%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe est indiquée en hausse de 0,3%. L’or consolide sa position juste au-dessus des 1800 dollars par once, prochaine résistance 1828 dollars, sa moyenne mobile à 200 jours.

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