Gonet: l'actualité des marchés au 7 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,23%, S&P 500 +0,36%, Nasdaq +0,62%, Russell 2000 -0,79%, SOX +0,66%, Eurostoxx +1,85%, SMI +1,29%.

C’est étrange, Wall Street monte depuis trois séances. Blague à part, on sent bien qu’une tentative de stabilisation est en cours sur les indices d’actions, alors qu’en parallèle la guerre des monnaies et des matières premières fait rage, sous la forme d’une capitulation en bonne et due forme de ces dernières, jetez un œil sur le cuivre si vous en doutez, qui a perdu 24% depuis le 3 juin. L’or ne fait pas le fier non plus, qui a traversé le niveau de 1800 dollars l’once comme du beurre, est venu tester 1733 dollars hier, pour revenir à 1743 dollars ce matin. Le prochain support se situe à 1720 dollars, puis 1690 dollars. Sur le front des monnaies, l’euro semble sur une pente savonneuse face au billet vert, la parité est en vue et on peut soupçonner de nombreux cambistes de vouloir venir la renifler à tout prix. Ce matin ceci dit, la monnaie unique européenne se rebelle et tente de repasser au-dessus de 1,02 dollar, sans succès pour l’instant.

Pendant ce temps-là, au plus très joyeux royaume des actions, il semble que la poussière retombe doucement, ce qui permet aux acheteurs d’effectuer un timide retour. Depuis le 29 mars l’indice S&P500 (SPX) avait perdu mille points, son bas récent étant atteint le 17 juin. Depuis ce jour, le SPX a récupéré 209 points. Oh certes, tout cela ne mérite pas de sabrer le champagne, mais admettons qu’il y a quelque chose d’un peu moins pourri au royaume des Etats-Unis. Qu’est-ce qui pourrait bien avoir changé dans les esprits des intervenants? Well, tout d’abord les indices d’actions US ont opéré une capitulation récemment, on dit souvent que c’est un passage obligé vers le mieux. Ensuite, les craintes d’une inflation persistante, tout comme celles croissantes de récession, sont peut-être en partie intégrées dans les prix. Pour en revenir à l’éventualité d’une récession, les minutes de la dernière réunion de la Fed (15 juin) sont publiées hier soir, qui ne nous disent pas grand-chose de bien nouveau. Wait! Ce n’est pas tout à fait exact, on y apprend notamment que de nombreux membres du FOMC pensent que le risque est élevé qu’une inflation durable fasse douter le public quant à la détermination de la Fed à faire ce qu’il faut là-contre. Lisez: vous espérez un Fed Put, oubliez! On remarque par ailleurs dans les minutes que le mot «inflation» est mentionné 90 fois contre un superbe zéro au mot «récession». Cette «drôle de récession» comme la définit le Wall Street Journal, dans un contexte de marché du travail florissant et d’entreprises qui restent apparemment en bonne forme.

On revient à Wall Street et le podium du jour du SPX, qui se compose des utilities, de la technologie et de la santé. Du côté obscur de la cote, on retrouve une fois de plus l’énergie, qui est malmenée comme rarement ces jours, le baril de WTI Light Crude ne cessant de fuir, il traite ce matin à 98,73 dollars après être venu chatouiller les 95 dollars hier après-midi. Hier on recherche les larges caps technologiques des deux côtés de l’Atlantique, la volatilité reste présente, le VIX (volatilité du SPX) se replie à 26,73, un niveau encore élevé ceci dit. Les rendements obligataires remontent quelque peu, le 10 ans US revient à 2,93%, la Fed serait-elle en train de réussir son pari de redevenir crédible? Le Dollar Index (DXY) marque une pause dans sa hausse, il se replie légèrement ce matin, l’appétit au risque est un peu plus présent. À ce propos il me semble opportun de mentionner les statistiques économiques US d’hier, qui ressortent mieux que prévu, notamment l’indice ISM des services pour le mois de juin (55,30 contre 54,0 attendus). Ça ne peut pas faire de mal au sentiment du marché, pas en l’état des importantes craintes de récession.

Au chapitre du Muppet Show, près d'un tiers du gouvernement de Boris Johnson démissionne. Le Royaume-Uni dispose désormais d'un gouvernement squelettique dans des domaines importants après la démission de 50 membres de l'équipe du Premier ministre, dont le secrétaire d'État à l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, et le ministre de la sécurité, Damian Hinds. BoJo s'accroche toujours au pouvoir, même si des personnalités de premier plan lui disent que son temps est écoulé. La députée conservatrice Dehenna Davison déclare que les législateurs plaisantent sur le fait qu'ils refusent les offres d'emploi du Premier ministre. Les marchés britanniques ont jusqu'à présent fait abstraction du chaos politique. La livre est relativement calme et les contrats à terme FTSE sont en hausse. Un autre danger se profile: les Tories rebelles sont déterminés à organiser un vote sur son leadership la semaine prochaine. Après avoir échoué de justesse à l'évincer le mois dernier, ils sont convaincus de pouvoir finir le travail. Les calculs ne sont pas en faveur de Johnson. Si 32 députés de plus avaient voté contre lui en juin, il aurait été éliminé. Le nombre de démissions au cours des dernières 24 heures dépasse déjà ce chiffre. So BoJo ou BoGo? Rendez-vous probablement la semaine prochaine pour la réponse.

L'Europe est au centre d'une recrudescence de cas de Covid mais la nouvelle vague n'a pas entraîné une augmentation des admissions en soins intensifs ou des décès, selon l'OMS. Un pic similaire de cas est attendu ailleurs dans les régions qui s'ouvrent. Shanghai signale 54 infections pour la journée d'hier, le plus grand nombre en plus de cinq semaines, tandis que la province d'Anhui en ajoute 167. Hong Kong suspend son système d'interdiction des vols qui avait entraîné la fermeture d'au moins 100 routes depuis le début de l'année.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis les inscriptions hebdomadaires au chômage à 14h30, mais aussi le rapport ADP sur l'emploi (14h15) et l'étude Challenger sur les licenciements (13h30), en attendant demain la publication des chiffres officiels pour le mois de juin.

Lonza: Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 750 à 700 francs. Roche: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 360 à 355 francs. Schindler: Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 205 à 180 francs. STMicroelectronics: Jefferies reste sousperformance avec un objectif de cours réduit de 30 à 24 euros. Swiss Life: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 659 à 635 francs. Swiss Re: RBC reprend le suivi à performance sectorielle en visant 80 francs. Merck & Co négocierait le rachat de Seagen à plus de 200 dollars l'action, selon le Wall Street Journal. Taiwan Semiconductor décolle de 5% après les résultats bien accueillis de Samsung Electronics. GameStop va réaliser un split par quatre de ses actions, le titre décolle de 6% dans le marché après bourse. Pfizer signe un accord de licence de brevet avec Touchlight. Apple est recherchée dans le marché après bourse, après avoir annoncé son intention de lancer une montre de sport extrême dotée d'un écran plus grand et d'un boîtier métallique. Le CEO de Volkswagen envisage de recruter des milliers de codeurs. Le constructeur allemand prévoit d'importants investissements en Chine afin d'employer «plusieurs milliers» d'ingénieurs en logiciels.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, Tokyo gagne 1,47% à la cloche, Hong Kong oscille autour de l’équilibre, Shanghai grappille 0,27% et Séoul s’adjuge 1,84%. Le future SPX avance de 10 points et l’Europe ouvre en hausse de 1,5%. Le début de la saison 2 des résultats trimestriels de sociétés aux Etats-Unis approche, c’est pour le 12 juillet. Et le lendemain nous aurons droit au très important indice US des prix à la consommation, les choses sérieuses vont commencer très bientôt.

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