Gonet: l'actualité des marchés au 1er juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,80%, S&P 500 -0,86%, Nasdaq -1,33%, Russell 2000 -0,66%, SOX -1,07%, Eurostoxx -1,69%, SMI -0,65%.

Il y a des vendredis matins où on se réveille avec le sourire, c’est vendredi… Puis on se penche sur le marché et paf le petit coup de déprime! Dans ce genre de cas, rien de tel qu’une citation de Pierre Dac, qui aimait à dire qu’il préférait qu’il pleuve un jour comme aujourd’hui plutôt qu’un jour où il fait beau.

Le marché met un terme hier soir à la première moitié de l’année sur une de ses pires performances en 50 ans. On connait les maux dont souffrent les indices : la fin attendue des programmes d’injections de liquidités des banques centrales, Fed en tête, l’accélération de l’inflation, les ratés de la chaine d’approvisionnement exacerbés par la guerre en Ukraine, qui alimente aussi l’inflation via notamment la hausse du pétrole et du gaz. La gestion du covid en Chine est également un problème, elle ralentit significativement le rythme de production de l’usine du monde. Les valorisations dans certains secteurs reviennent sur terre et on assiste à des exagérations dans l’autre sens (par exemple Volkswagen paie 3,6 fois ses bénéfices estimés 2023, insane!). L’inflation reste le thème numéro un dans les esprits, mais les récentes déclarations de Jerome Powell et, dans une moindre mesure, Christine Lagarde, ont fini par convaincre les intervenants que les deux principales banques centrales au monde ne faibliront pas tant que le niveau général des prix ne refluera pas à un niveau soutenable, d’environ 2%. Dans un tel contexte, les craintes de récession augmentent rapidement dans les esprits, qui donnent du grain à moudre aux ours, pas forcément à raison mais lorsque l’émotion prend le dessus, on vend d’abord, on réfléchit ensuite. 44% des économistes interrogés par le Wall Street Journal hier s’attendent à une récession aux Etats-Unis dans les douze prochains mois, en janvier ils n’étaient que 18%.

Un premier semestre 2022 très compliqué donc, qui n’a offert aux investisseurs quasiment aucun endroit où se réfugier. L’indice S&P500 (SPX) recule de 20,6% sur la période, le Dow Jones perd 15,3% et le Nasdaq100 (NDX) 29,5%. L’Eurostoxx recule de 19,6% et le SMI de 16,5%. Les obligations dites «investment grade» abandonnent 11% sur la période, Dans les marchés émergents, les actions et les obligations se replient également, échaudées par le ralentissement de la croissance. Les crypto-monnaies s’effondrent alors que de nombreux hedge funds creusent leurs pertes.

À ce stade de cette chronique, je vous suggère de lire une nouvelle citation de Pierre Dac.

Seules les matières premières parviennent à tirer leur épingle du jeu, le hic étant qu’elles aussi sont sous pression depuis quelques temps. On l’aura compris, le monde de la finance est pavé de doutes en ce moment, la seule quasi-certitude étant que la volatilité ambiante devrait rester parmi nous encore quelques temps. Les deux prochaines semaines devraient être plutôt pauvres en nouvelles, ce n’est qu’à partir du 12 juillet que débute la saison des résultats de sociétés aux Etats-Unis pour le deuxième trimestre. Le 13 juillet sera publié le très important rapport américain sur les prix à la consommation (CPI) et le 27 la Fed annoncera sa décision sur les taux d’intérêts.

La séance d’hier est le reflet du premier semestre, elle se déroule dans une ambiance d’aversion au risque, les investisseurs reviennent en force dans les obligations gouvernementales, le rendement de l’emprunt US à 10 ans repasse sous les 3%, il évolue ce matin à 2,96%. Sur le front des actions, on recherche les utilitaires, les industrielles et l’immobilier, alors que l’énergie, les services de communication et la consommation discrétionnaire souffrent particulièrement. Le marché n’apprécie guère les statistiques économiques du jour, qui montrent que la consommation des ménages ralentit, ce qui augmente d’un cran les craintes de récession. Les volumes d’échanges sont faibles, on rechigne à se positionner dans un marché qui s’apprête à partir en long weekend, lundi 4 juillet sera férié aux Etats-Unis pour célébrer l’indépendance. On note au passage que Meta ne va pas fort, la firme de Mark Zuckerberg indique dans un mémo interne s’attendre à un ralentissement de la croissance au second semestre dans un contexte de vents contraires «violents». Le dollar est recherché, la paire EUR/USD évolue à 1,0456, l’or teste les 1800 dollars par once et le pétrole recule à 105,18 dollars le baril de WTI Light Crude.

On ne s’en lasse pas… Le chef de file adjoint de Boris Johnson démissionne de son poste d'exécutant du gouvernement en raison d'un incident lié à une consommation excessive d'alcool. Dans une lettre adressée au Premier ministre, Chris Pincher a déclaré qu'il s'était «mis dans l'embarras» après avoir trop bu mercredi soir.

Le nouveau dirigeant de Hong Kong, soucieux de la sécurité, prête serment devant Xi Jinping, alors que la ville fête ses 25 ans de domination chinoise. Xi défend la répression du mouvement pro-démocratique et déclare que Hong Kong doit se concentrer sur son développement économique. Le chef de l'exécutif, John Lee, déclare que le centre financier asiatique est sorti des manifestations «illégales» de ces dernières années avec un système juridique plus fort.

Le marché prend connaissance aujourd'hui de la lecture affinée des indices PMI manufacturiers de juin pour les principales économies du monde. En Europe, ce sont les chiffres de l'inflation de juin qui seront dévoilés à 11h00. Aux Etats-Unis, il y aura en plus l'ISM manufacturier (16h00) et les dépenses de construction de mai (16h00).  Ce matin, la Chine a fait état d'un PMI manufacturier plus faible que prévu, quoique de retour en zone d'expansion, tandis que le PMI des services accélérait fortement.

Barry Callebaut: Research Partners démarre le suivi à conserver en visant 2300 francs. Geberit: Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 461 à 356 francs. Holcim: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 47,10 à 45,40 euros. Julius Baer: Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 65 à 62 francs. Kuehne + Nagel: J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 269 à 278 francs. Novartis: UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 88 à 86 francs. Sika: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 374 à 313 francs. Swiss Re: Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 86 francs. UBS: Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 24 à 23 francs. Novartis préférerait scinder ses activités de médicaments génériques plutôt que de les vendre, selon Bloomberg. Apple augmente le prix de l'iPhone de près d'un cinquième au Japon. Lonza prévoit d'investir 500 millions de francs dans de nouvelles installations de remplissage et de finition à Stein.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient dans le sillage de Wall Street. Tokyo recule de 1,73% à la cloche, Hong Kong est fermée, Shanghai perd 0,47% et Séoul abandonne 1,17%. Le future SPX abandonne 0,9% et l’Europe ouvre en baisse de 1%. Le Wall Street Journal nous apprend que la «bonne nouvelle» pour les investisseurs est que les marchés ne se sont pas toujours mal comportés après avoir subi de lourdes pertes au premier semestre de l'année. En fait, l'histoire montre qu'ils ont souvent fait le contraire. Lorsque le S&P500 a chuté d'au moins 15% au cours des six premiers mois de l'année, comme ce fut le cas en 1932, 1939, 1940, 1962 et 1970, il a augmenté en moyenne de 24% au cours du second semestre, selon Dow Jones Market Data.

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