Gonet: l'actualité des marchés au 30 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +3,57%, Dow +2,21%, S&P +2,66%, Russell +4,83%, SOX +4,94%, Eurostoxx +2,18%, SMI -0,24%.

Wall Street accélère sa marche en avant. La psyché de ce marché semble inoxydable. Gilead (GILD) décolle de 5,7% après avoir annoncé que les résultats des tests de son médicament contre le COVID-19 Remdesivir tomberont cette semaine. De plus, la nouvelle star du monde de la finance, le Docteur Fauci, fait l’éloge de la compagnie. Le «pain trade» se poursuit, on assiste à des couvertures massives de shorts (positions vendues à découvert) dans les secteurs qui étaient encore détestés hier, au détriment des actions dites de momentum, qui subissent des prises de profits. C’est jour de FOMC (Federal Open Market Committee) hier, la Fed maintient ses taux d’intérêts inchangés, comme attendu, ces derniers restent dans la fourchette de 0% à 0,25%. Elle concède que la pandémie de Coronavirus provoque d’énormes difficultés humaines et économiques aux Etats-Unis. Durant son discours, son patron Jerome Powell murmure à l’oreille du marché que les mesures actuelles (d’injections massives de liquidités dans le système) resteront en place pour un bon bout de temps. Donald Trump n’aurait pas fait mieux...Autre facteur de soutien, le rebond du pétrole avec le WTI Light Crude qui reprend 26% et traite à 17,13 dollars le baril ce matin. Les résultats de sociétés tombent et semblent acceptables alors que le marché ignore totalement la statistique du PIB américain, qui s’effondre à -4,8% au premier trimestre contre des attentes à -4%. La consommation des ménages chute à -7,6%, les analystes prévoyaient -3,6%. Mais pas de souci, la Fed est là qui veille, avec son robinet grand ouvert...Pour mémoire, le niveau actuel de consommation n’avait plus été observé depuis 1980.

L’indice Russell2000 (RTY), des petites capitalisations, est en hausse ininterrompue depuis 6 séances et a gagné 15% sur cette période. Il a testé avec succès sa moyenne mobile à 50 jours mardi. L’indice Nasdaq100 (NDX) vient humer l’air au-dessus des 9000 points et clôture légèrement en-dessous. Le retour au-dessus de cette marque symbolique ne devrait prendre que quelques heures, au vu du comportement de Microsoft, Facebook, Tesla et Qualcomm, qui ont toutes décollé dans les échanges après-bourse, leurs résultats faisant grand plaisir au marché.

Cette rotation entre secteurs est brutale, voyez plutôt les performances d’hier avec notamment les raffineurs (+12,4%), les cartes de crédit (+12,3%), les infrastructures pétrolières (+11,6%), les hôtels (+9,8%) et les compagnies aériennes (+9,4%).

Petit détour par la Suisse avec un SMI boudeur hier, qui ne participe pas du tout à la fête. La faute à...la rotation. Nestlé, Novartis et Roche, qui pèsent à elles seules un bon quart de tout l’indice, reculent de 1,08%, 1,95% respectivement de 3,09%. Du côté «revival» de la force, les banques avec UBS qui décolle de 6,41% et Crédit Suisse qui s’adjuge 5,96%. Même Adecco est en forte hausse...

Rien à signaler au niveau de l’emprunt US à 10 ans, dont le rendement est stable à 0,61%. Les esprits chagrins pourraient cela dit s’interroger sur l’absence de liquidation de ce produit par des intervenants dont l’appétit au risque croît un peu plus chaque jour. Scepticisme au sein du marché obligataire? Ce ne serait pas la première fois, ce marché semble nettement plus mature que son petit frère des actions. Le dollar glisse très légèrement, la paire eur/usd à 1,0864, l’or se maintient légèrement au-dessus des 1700 dollars par once. La volatilité du marché se normalise un peu plus encore, l’indice VIX (volatilité du SPX) recule de 7% à 31,23.

Après la clôture, Facebook, Tesla et Microsoft notamment publient leurs résultats et décollent de 10%, 9% et respectivement 3%. Et ça continue aujourd’hui avec entre autres Dow Chemical, International Paper, MacDonald’s, Comcast, Twitter, Altria, Kellogs, Visa, Amgen, Hewlett Packard et sa majesté Apple. Mais avant cela, nous aurons eu droit à la décision de la Banque Centrale Européenne (BCE), le marché n’attend pas de mouvement sur les taux mais veut en savoir plus sur les intentions de Christine Lagarde et ses confrères. En termes macro-économiques, aux Etats-Unis nous suivrons les demandes hebdomadaires d’allocations chômage, les revenus et les dépenses des ménages, une batterie de PIB un peu partout (zone Euro, Canada, Mexique, Espagne, Italie, France, Taiwan). Le taux de chômage en zone Euro retiendra aussi notre attention. Cette nuit en Chine, l’indice Caixin PMI (directeurs d’achats) manufacturier au mois d’avril est ressorti à 49,4, en-dessous des 50,5 espérés et en territoire de contraction donc, ce qui ne semble absolument pas déranger les indices, bien au contraire. De nombreuses statistiques économiques ont été publiées ce matin au Japon, qui indiquent des ventes au détail en fort recul mais légèrement moins que prévu, une production industrielle au mois de mars qui recule moins qu’attendu, un topo identique au niveau des mises en chantier ainsi que de la confiance des consommateurs.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices ne boudent pas la performance de Wall Street avec Tokyo qui progresse de 2,14%, Hong Kong qui grappille 0,28%, Shanghai qui avance de 1,26% et Séoul qui gagne 0,7%. Le future SPX progresse de 0,3% et l’Europe est indiquée en hausse de 0,6% à l’ouverture. Donc le SPX ne perd plus que 9% depuis le début de l’année, le NDX traite en hausse, l’Europe traine la patte comme d’habitude, en recul de 20% et la Suisse joue fort bien son rôle de marché défensif, en retrait de «seulement» 7% cette année.

BASF supprime ses prévisions pour 2020. Henkel et KKR retirent leur offre de rachat de la division beauté de Coty. Nokia émet un avertissement sur bénéfices pour 2020 et voit son marché ralentir. Les ventes de Geberit au premier trimestre sont meilleures qu’attendu, celles de Michelin chutent de 8,3% sur la même période. Les ventes au premier trimestre de LafargeHolcim baissent de 11%. Vontobel relève SwissLife à «acheter» et dégrade «SwissRE» à «garder». Shell réduit son dividende. Orange ne voit pas de déviation significative.

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