Gonet: l'actualité des marchés au 5 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Wall Street fermée, Eurostoxx -0,16%, SMI -0,02%.

Pendant que la plupart des Américains se consacrent à de pantagruéliques barbecues, les marchés d’actions européens font comme d’habitude en l’absence de leur boussole, ils ne bougent guère.

C’est une journée de trading qui restera probablement dans les annales que celle d’hier. Les volumes d’échanges fondent comme une glace italienne au pied du jet d’eau, la volatilité du Dax reste faible et les intervenants n’ont quasiment rien à se mettre sous la dent en termes de flux de nouvelles, hormis la balance commerciale allemande, qui ressort moins élevée que prévu en mai. Côté valeurs, on  notera Casino dont la cotation est suspendue en fin de matinée après que le distributeur à l’agonie a annoncé deux offres de renforcement de ses fonds propres (je demande à celles et ceux d’entre vous qui envisagent de me poser la question d’un achat de sortir). On reste dans les supermarchés mais on franchit le canal avec Sainsbury, qui rend un peu de terrain hier après avoir annoncé une hausse de 9,8% de ses ventes et maintenir ses prévisions financières pour l’année. Retour en France avec Virbac qui termine lanterne rouge du SBF120 avec une chute de 9,04% après que le laboratoire vétérinaire a révisé ses prévisions pour 2023.

Voilà, c’est à peu près tout ce qu’il y avait à dire, bonne journée à toutes et tous.

Ah j’oubliais, Worldline a gagné 9% en 5 séances, cela s’agite dans ce secteur, on parle de sociétés de private equity qui s’intéresseraient à acheter une participation dans Worldpay, qui appartient actuellement à Fidelity National. Cela bruisse de rumeurs de M&A (fusions et acquisitions) dans ce secteur donc, pour ceux qui souhaitent mieux comprendre ce phénomène et son mécanisme, je recommande l’excellente série Succession (notée 8,9 chez IMDB soit environ l’équivalent d’un AA+) qui s’inspire directement de Rupert Murdoch et son empire médiatique.

Wall Street revient aux affaires aujourd’hui, les traders sont rentrés de mauvais gré des Hamptons, ce d’autant plus qu’ils n’ont pas d’histoire à laquelle s’accrocher. Le contexte du marché n’a pas évolué en leur absence, l’inflation reste trop élevée bien que se repliant, la croissance américaine constitue le principal point d’interrogation (et probablement l’arbitre de ces prochaines semaines de trading), la volatilité est au tapis (le VIX à 13,70) mais le joyeux royaume des actions regarde ailleurs, la courbe des taux US est inversée comme rarement (le spread 2 /10 ans est à -106 points de base) qui crie à qui veut l’entendre que la récession est à nos portes, la Fed n’a pas terminé son cycle de hausses de taux, de nombreuses tensions géopolitiques subsistent, la débâcle du plafond de la dette US est encore dans les esprits, tout comme la crise du secteur bancaire. Ça c’est pour les ours, tous ces points devraient inciter le plus grand nombre à la prudence, ce d’autant plus que les indices d’actions ont réalisé un premier semestre d’anthologie. Mais que voulez-vous, le marché est animé depuis de nombreux mois par un puissant momentum, lui-même alimenté en premier lieu par une incroyable découverte nommée intelligence artificielle, qui est parmi nous dans les faits depuis de nombreuses années mais que le grand public découvre depuis l’apparition dans la lumière de Chat GPT en novembre de l’an passé.

Parfois je me demande comment la bourse se comporterait si les gens étaient un tantinet plus curieux et lisaient plutôt que de faire défiler leur contenu Tik Tok et Instagram, tête baissée dans le tram…

Quoi qu’il en soit, on regarde vers l’avant (pas du tram, du marché). Les futures US sont en léger repli ce matin mais attention au «bear trap». Les principaux pièges potentiels du marché de ce mois de juillet sont connus (inflation US/CPI le 12 juillet, statistiques du marché de l’emploi ce vendredi, hausse de taux probable de 25 points de base par la Fed le 26 juillet). Le momentum en place du marché reste fort, ces éléments vont-ils le faire dérailler? Rien n’est moins sûr, ce d’autant plus que la saison des résultats de sociétés au deuxième trimestre va débuter ces prochains jours, nous en avons eu un avant-goût prometteur avec Tesla et ses ventes nettement supérieures aux attentes (même si réalisées au détriment de la profitabilité, on verra ça plus tard). Ajoutez à cela le potentiel impossible à valoriser de l’intelligence artificielle et Apple qui explose les 3'000 milliards de capitalisations boursière et vous obtenez des taureaux en extase, voire déchainés. J’ai jeté un œil sur le positionnement dans le future Nasdaq ce matin. Bien que les traders soient longs net net, leur exposition actuelle correspond à la moitié de celle de fin 2021, le top du marché où le future traitait à 16'700 points (niveau actuel 15'297 pts). De plus, l’open interest a chuté en juin et n’a pas été complètement reconstruit, de ce point de vue en tous les cas il n’y a pas exagération.

Soyons clairs, ce qui précède n’est pas un call haussier, il s’agit ici de tenter de se mettre le plus possible dans la peau des principaux acteurs du marché, dont les traders font partie. Or au vu de ce qui précède, la logique pourrait bien une fois de plus ne pas être respectée, à suivre.

La saison 2 des résultats trimestriels débute donc ces prochains jours. Selon Credit Suisse, les bénéfices du S&P500 devraient diminuer de 6,8% en glissement annuel au deuxième trimestre, soit la pire performance depuis le deuxième trimestre 2020. Toutefois, la barre à l'approche de la saison des résultats semble plus élevée si l'on tient compte de l'activité de révision. Les estimations ascendantes du bénéfice par action pour le deuxième trimestre ont chuté de 2,9% au cours du trimestre, passant de 54,38 dollars à 52,80 dollars. Ce chiffre est à comparer aux baisses moyennes sur 5, 10, 15 et 20 ans de 3,4%, 3,4%, 4,5% et 3,8%, respectivement.

La croissance du secteur des services en Chine s'est ralentie en juin, apportant de nouvelles preuves que le principal moteur de la reprise post-Covid est en train de s'essouffler. L'indice PMI des services de Caixin China passe de 57,1 en mai à 53,9, le plus faible depuis janvier et bien en dessous de la prévision médiane de 56,2.

La Russie se prépare à envoyer davantage de combattants tchétchènes et de condamnés en Ukraine pour combler les vides laissés par les mercenaires de Wagner, selon des responsables des services de renseignement européens. L'armée russe a perdu la moitié de son efficacité au combat en Ukraine, y compris 2500 chars, rapporte le FT, citant le chef des forces armées britanniques. Kiev s'apprête à assouplir le contrôle des changes en temps de guerre, notamment en autorisant les entreprises locales ayant des actionnaires étrangers à expatrier leurs dividendes, selon l’agence Bloomberg.

Au menu macro-économique du jour, les indicateurs PMI des services pour les principales économies seront égrenés tout au long de la journée. Aux Etats-Unis, les commandes de biens durables complèteront le tableau, enfin à 20 heures CET nous prendrons connaissance des minutes de la dernière réunion de la Fed

Enel dément les rumeurs de projet de vente de sa participation dans la compagnie espagnole Endesa, propagées par El Confidencial. Eni a l'intention de céder des actifs pétroliers, selon son administrateur délégué. UBS est confrontée à un nouveau défi juridique concernant le rachat du Credit Suisse après qu'un groupe d'investisseurs suisses de premier plan se soit joint à une action collective en justice, selon le FT. La Fondation Ethos s'est jointe à la campagne de LegalPass pour récupérer un paiement en espèces. Les 3 milliards de francs suisses qu'UBS a payés pour Credit Suisse représentaient moins de la moitié de la valeur de marché de la banque le jour précédant la signature de l'accord.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo égare 0,25% à la cloche, Hong Kong perd 1,52%, Shanghai rend 0,68% et Séoul recule de 0,55%. Le future SPX abandonne 13 points et l’Europe ouvre en repli de 0,6%. La paire EUR/USD traite à 1,0900, l’or à 1923 dollars par once et le pétrole à 70,89 dollars le baril de WTI Light Crude.

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