La séance de bourse d’hier est à classer dans la pile des dossiers inintéressants. Les intervenants font montre d’un manque crasse de conviction, heureusement que les quatre plus influents banquiers centraux de la planète taillent le bout de gras à Sintra, on se contente de cela et on se concentre surtout le premier d’entre eux, Jerome Powell, qui ô surprise ne contredit pas ses commentaires récents sur l’inflation et la politique monétaire de la Fed. Je vous fais grâce de l’intégralité des propos d’oncle Jay, en résumé le grand timonier du monde capitaliste réitère ses commentaires de la réunion de juin du FOMC et du rapport semestriel sur la politique monétaire présenté au Congrès la semaine dernière. M. Powell reconnait qu'il ne pense pas que l'inflation de base reviendra à 2,0% avant 2025. En outre, il indique que le taux directeur n’a pas été restrictif suffisamment longtemps pour voir l’effet de ces mesures sur l’économie réelle et l’inflation, que d'autres hausses de taux pourraient être nécessaires et que l'idée de hausses de taux consécutives ne devait pas être écartée. Lorsqu’on lui demande pourquoi de nouvelles hausses sont dans les cartes, il répond: «La raison en est que si vous regardez les données du dernier trimestre, vous voyez une croissance plus forte que prévu, des marchés du travail plus serrés que prévu et une inflation plus élevée que prévu».

En résumé, le patron de la Réserve Fédérale fait son job, il manque de visibilité quant à l’impact de la politique monétaire de la Fed et a bien raison de garder un maximum d’atouts dans sa manche. Le marché réagit d’ailleurs fort peu, on peut à ce propos penser que de nombreux traders sont déjà dans les Hamptons et ont l’esprit ailleurs, sacrés summer doldrums… Les Fed Funds prévoient désormais près de 80% de probabilités d’une hausse de 25 points de base le 26 juillet, ensuite c’est un peu flou puis on ose anticiper des baisses de taux à partir de janvier 2024, sacrés taureaux… Quant au joyeux royaume des actions, les propos de Powell d’hier lui font une belle jambe, il hésite, recherche les petites et moyennes capitalisations, quelques mastodontes de la tech (notamment Apple (AAPL +0,6% 6^e record de tous les temps cette année) et Microsoft (MSFT +0,4%)). L’indice S&P500 (SPX) termine sa journée à l’équilibre, le Nasdaq100 (NDX) grappille 0,12%, c’est l’éclate totale hier soir à Wall Street. Les couvertures de shorts se poursuivent, qui apportent un peu de support à ce marché apathique, le breadth est positif (4-3 sur le NYSE), les volumes d’échanges sont partis dans les Hamptons et on observe de la faiblesse dans le secteur des semi-conducteurs, qui se redresse toutefois quelque peu avant la clôture. Cette faiblesse fait suite à des rapports selon lesquels les États-Unis envisagent de restreindre davantage les exportations de puces d'intelligence artificielle vers la Chine. NVIDIA (NVDA -1,8%), après avoir perdu 3,2% en séance. Le directeur financier de NVIDIA réagit aux rapports, indiquant que la société ne s'attend pas à ce que les restrictions aient un impact significatif sur les bénéfices.

C’est sans surprise que la volatilité recule encore un peu hier, le VIX perd 2,2% à 13,43, attention à la complaisance qui est en train de prendre ses quartiers d’été (devinez où). L’or glisse encore et encore, l’once traite ce matin à 1903 dollars, 1892 dollars here we come! Le pétrole tente un rebond mais reste cantonné sous la barre des 70 dollars le baril de WTI Light Crude. Enfin, le marché des bons du Trésor US ne change pas d’avis et continue de dire à qui veut l’entendre que la récession frappe à la porte, avec une courbe des taux US 2 / 10 ans inversée actuellement de pile 100 points de base.

Les plus grandes banques de Wall Street ont toutes réussi le test de résistance annuel de la Fed, levant ainsi un obstacle majeur à la restitution de milliards de dollars aux investisseurs. Les 23 plus grands prêteurs américains ont montré qu'ils pouvaient résister à une grave récession mondiale et aux turbulences du marché immobilier, annonce la Fed. Toutefois, de nombreuses banques pourraient ne pas annoncer de paiements tant qu'elles n'auront pas obtenu de précisions sur les nouvelles exigences en matière de fonds propres. JPMorgan, Morgan Stanley, Goldman et Wells Fargo progressent d'au moins 1% après la clôture du marché.

La nouvelle qui fait ma journée: le ballon chinois qui a survolé les États-Unis au début de l'année était chargé d'équipements fabriqués aux… États-Unis, selon le Wall Street Journal. Des équipements américains disponibles dans le commerce étaient intercalés avec des capteurs chinois plus spécialisés pour aider à collecter des photos, des vidéos et d'autres informations à transmettre à la Chine.

Selon l’agence Bloomberg, la Riksbank suédoise augmentera probablement ses taux de 25 points de base aujourd'hui, car la chute récente de la couronne à un niveau record oblige les responsables politiques à élargir leur lutte contre l'inflation. La banque centrale pourrait également accélérer les ventes d'obligations. La couronne a été affectée par les inquiétudes liées à l'immobilier et par un resserrement agressif de la politique monétaire dans d'autres pays. Bloomberg Economics estime qu'il y a de fortes chances que la Riksbank surprenne avec une hausse de 50 points de base.

L'inflation allemande préliminaire de juin est attendue à 14h00, juste avant, aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et la dernière estimation du PIB du T1 2023.

Activision Blizzard déclare que les joueurs se révolteraient si sa licence phare Call of Duty devenait un jeu exclusif. La Commission de la concurrence lance des enquêtes contre Visa et Mastercard. Siemens réduit sa participation dans Siemens Energy. Les bénéfices de Hennes & Mauritz diminuent mais dépassent les prévisions pour le deuxième trimestre. Les régulateurs antitrust de l'UE pourraient ne pas faire appel de la décision du tribunal contre le renflouement de Lufthansa.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé et sans conviction. Tokyo grappille 0,12% à la cloche, Hong Kong perd 1,3%, Shanghai est à l’équilibre et Séoul rend 0,55%. Le future SPX est inchangé et l’Europe est indiquée à l’équilibre à l’ouverture, l’éclate totale je vous dis…

Blague à part, je note tout de même que le marché des actions semble immunisé ou imperméable aux déclarations «faucons» de Jerome Powell. Sommes-nous ici en présence d’un dangereux déni de Fed ou le marché considère-t-il qu’une récession mesurée est acceptable? Je ramasse les copies lundi matin.

 

L’actualité des marchés part en long weekend dans les Hamptons et revient lundi 3 juillet.