La digestion de Jackson Hole se poursuit hier, alors que la pression vendeuse semble diminuer. Les indices d’actions US passent même en territoire positif à la mi-séance pour finalement rendre un peu de terrain à la cloche. Le flux de nouvelles est maigre en ce lundi. L’absence de la place financière londonienne n’y est pas étranger. La volatilité grimpe encore un peu, le VIX gagne 2,5% à 26,21, dans des volumes d’échanges en repli (9,5 milliards de titres traités sur le NYSE). Côté technique, c’est le calme plat sur l’indice S&P500 (SPX) qui reste à distance respectable de sa moyenne mobile à 50 jours (4017 points au plus bas du jour contre la 50 jours à 4003 et une clôture à 4030). Au chapitre des secteurs, seuls l’énergie et les utilitaires terminent la séance dans le vert, la première supportée par un pétrole en pleine forme. Le baril de WTI Light Crude casse sa résistance de 95,58 dollars (moyenne mobile à 200 jours) et évolue ce matin à 96,91 dollars. Ce mouvement se produit après qu'un rapport de Bloomberg ait indiqué que les négociations nucléaires avec l'Iran seraient prolongées de quelques semaines en raison de désaccords persistants sur des questions clés. La technologie souffre hier, l’indice SOX recule de près de 2%.

On observe une certaine détente dans le marché obligataire ainsi que sur les monnaies. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule légèrement à 3,09% tandis que le dollar revient à parité contre l’euro. L’or en revanche semble en panne d’inspiration et traite à 1733 dollars l’once.

On reparle de Bed Bath & Beyond (BBBY), dont le titre gagne 24,77% hier et qui a rebondi de 52% depuis son bas du 23 août. Vous vous souvenez peut-être de ce titre «meme», qui avait décollé jusqu’à près de 30 dollars par action après que l’on eût appris dans le marché que Ryan Cohen en avait acheté. Le titre avait ensuite chuté pour revenir à un peu moins de 10 dollars, le même Ryan Cohen revendant sa participation aux petits porteurs en empochant au passage un gain de 68 millions de dollars. Or donc, ça repart à la hausse dans des volumes d’échanges soutenus, il ne serait quand même pas de retour pour leur faire le coup à nouveau?

Lorsque l’on observe le comportement des Fed Funds depuis le discours de Jerome Powell de vendredi, on réalise qu’ils ont logiquement renoncé à prédire une baisse de taux par la Fed lors de la première moitié de 2023. Ce qui frappe, c’est que assez rapidement le marché est plus ou moins revenu sur sa première réaction, par exemple il s’attend à une baisse de 35 points de base lors de la seconde moitié de 2023, il s’y attend depuis une semaine et demi en fait. Les investisseurs sont probablement encore inquiets que les hausses de taux de la Fed causent des dommages importants à la croissance économique et forcent cette dernière à changer brutalement de cap. Les traders se souviennent probablement aussi que le patron de la Fed, bien que clairement faucon aujourd’hui, a déjà retourné sa veste dans le passé.

Volodymyr Zelenskiy promet de repousser les troupes russes aux frontières de l'Ukraine alors que son armée lance une contre-offensive dans le sud. Des missiles russes tuent deux personnes et en blessent 24 à Mykolayiv, sur la mer Noire, annonce le gouverneur régional. Un arrêt contrôlé de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, sous contrôle russe, serait l'option la plus sûre, déclare le CSN. Une équipe de l'AIEA commencera à inspecter cette installation dans les prochains jours. L'Allemagne et la France souhaitent que l'UE creuse un fossé entre Vladimir Poutine et le peuple russe en lançant une campagne de lutte contre la propagande en Russie et en adoptant une politique de visas permettant aux citoyens russes ordinaires de se rendre en Europe. C'est ce qui ressort d'un document officieux diffusé avant la réunion des ministres des affaires étrangères de l'UE qui se tiendra aujourd'hui et demain.

Neel Kashkari se dit "heureux" que les actions mondiales aient chuté après le discours de Jerome Powell vendredi. "Les gens comprennent maintenant le sérieux de notre engagement à ramener l'inflation à 2%", déclare le responsable de la Fed de Minneapolis. Il ajoute qu'il n'était "certainement pas enthousiaste" le mois dernier lorsque le marché boursier s'est redressé après la réunion du FOMC.

On parle de plus en plus de la crise énergétique qui secoue l’Europe depuis quelques temps déjà. Le Monde a publié un article fort intéressant à ce sujet il y a quelques jours, dont je m’inspire notamment. Lorsque la pandémie de covid faisait rage, les investissements dans le pétrole et le gaz ont été fortement réduits, ce qui a créé un déséquilibre important entre la demande et l’offre, la pénurie d’approvisionnement des carburants pouvait commencer et pousser le prix de la colonne à la hausse. Puis la Russie a commencé à manipuler le marché européen du gaz naturel (dès l’été 2021) en réduisant ses exportations et en se gardant bien de remplir les sites de stockage de Gazprom dans l’Union européenne. Depuis le début de la guerre, Vladimir Poutine utilise le levier de l’approvisionnement pour tenter de forcer ses interlocuteurs à lever les sanctions à son encontre. Résultat de ces chocs successifs, le prix du gaz a explosé dans l’Union européenne, dont les dirigeants se démènent pour protéger leurs concitoyens en dépensant des milliards d’euros en subventions, les budgets des Etats du vieux continent sont donc fragilisés au profit de … Vladimir Poutine. Ajoutez à cela de sérieux problèmes de réacteurs nucléaires en France, une sécheresse généralisée qui compromet la production d’hydroélectricité, des centrales thermiques qui ont besoin d’eau pour se refroidir et les centrales au charbon qui dépendent des voies de moins en moins navigables et vous obtenez une bombe énergétique à retardement. Une réponse politique européenne semble de plus en plus urgente, il semble qu’une réunion d’urgence des ministres de l’énergie soit agendée au 9 septembre.

L’Allemagne publiera l’inflation estimée d’août à 14h00. Aux Etats-Unis, l’indice FHFA du prix des maisons (15h00) précèdera l’enquête JOLTS sur les ouvertures de postes et l’indice de confiance des consommateurs du Conference Board (16h00).

Microsoft modifie les conditions des licences de son cloud en Europe après des plaintes. Uniper demande une nouvelle aide de l’Allemagne pour faire face aux coûts. Netflix ferait payer entre 7 et 9 dollars par mois pour sa nouvelle offre avec publicité aux Etats-Unis, contre 15,49 dollars actuellement pour son offre la plus populaire. Pierer Mobility relève ses prévisions de revenus pour l'exercice 2022 grâce à une détente sur la chaîne d'approvisionnement. Philips rappelle certains appareils Respironics en raison d'une contamination potentielle du plastique, indique la FDA.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis les places financières chinoises avec Hong Kong qui recule de 0,49% et Shanghai qui perd 0,35%. Tokyo progresse de 1,14% à la cloche et Séoul gagne 0,99%. Le future SPX récupère 0,3% alors que l’Europe est indiquée en progression de 0,4% à l’ouverture de 9 heures.