Gonet: l'actualité des marchés au 29 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -3,03%, S&P 500 -3,37%, Nasdaq -4,10%, Russell 2000 -3,30%, SOX -5,81%, Eurostoxx -1,93%, SMI -1,1%.

Le marché voulait en savoir plus quant à l’état d’esprit monétaire actuel de la Fed, il a été servi. Vendredi 16 heures, le marché ronronne à l’approche du weekend, Jerome Powell, patron de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, prend la parole à Jackson Hole et explique sans ambiguïté que la Fed est déterminée à poursuive son combat contre l’inflation, en ajoutant que «ces hausses de taux pénaliseront les ménages et les entreprises, mais ce sont les coûts regrettables de la réduction de l’inflation». Monsieur Powell s’appuie sur trois différents angles: lutter sans faillir contre la hausse du niveau des prix, surtout si cette dernière provient d’un choc de demande, éviter de prendre le risque que cet épisode inflationniste ne se prolonge et persévérer dans tous les cas. Ça a le mérite d’être clair, le premier banquier du monde est clairement encore faucon. On peut penser que le boss de la Fed ne veut plus être taxé de complaisant ou accusé d’évoluer «derrière la courbe des taux». Le marché des Fed Funds écoute attentivement et prévoit désormais une hausse de 75 points de base lors du prochain FOMC du 21 septembre.

En parallèle à ce discours ô combien attendu, de nombreuses statistiques économiques sont publiées vendredi aux Etats-Unis, auxquelles pas grand monde ne semble prêter attention, le monde entier de la finance ayant les yeux rivés sur Jackson Hole. Or ces données méritent que l’on s’y arrête. On apprend que les ménages américains ont gagné moins d’argent que prévu en juillet et qu’ils ont dépensé nettement moins qu’attendu sur cette période. L’indice PCE (Personal Consumption Expenditure), une mesure des prix que les personnes vivant aux États-Unis paient pour des biens et des services, ressort en-dessous des prévisions et en baisse par rapport au mois de juin. Il faut savoir que le PCE est l’indice favori de la Fed lorsqu’elle mesure l’inflation, c’est très loin d’être anecdotique et cela va dans le sens des affirmations de JP Morgan, qui pense que la fièvre inflationniste est en train de tomber. La dernière statistique du jour provient de l’Université du Michigan, dont l’indice du sentiment dépasse les attentes et de beaucoup. La macro de vendredi est donc bonne, voire très bonne pour les adeptes d’une croissance non inflationniste, rêve de tout banquier central qui se respecte. A suivre…

La réaction du marché au discours de Jerome Powell semble logique avec une baisse marquée des actions, titres de croissance en tête, qui s’étaient prises à penser à la croissance plutôt qu’à l’inflation. Les indices perdent du terrain graduellement dès 16 heures, pour clôturer au plus bas du jour, dans des volumes d’échanges limités (10,43 milliards de titres traités sur le NYSE), on ne cède donc pas à la panique downtown Manhattan, même si la volatilité en profite pour rebondir nettement, le VIX (volatilité du SPX) décolle de 17,5% à 25,58, le retour momentané des produits structurés se précise. Le marché cash garde son calme, en revanche cela s’anime beaucoup dans le marché des options, avec une hausse des volumes d’environ 60% par rapport à la moyenne de ces 20 dernières séances. Tous les secteurs du S&P500 (SPX) se replient avec une mention spéciale aux semi-conducteurs, qui se prennent les pieds dans le tapis. Les valeurs de croissance détestent des taux d’intérêts en hausse, le 10 ans US revient à 3,10% et on se met à craindre dans les salles de marchés qu’il ne s’attaque à nouveau au niveau de 3,50%. Le spread 2 / 10 ans reste plutôt stable, à -36 points de base.

La performance hebdomadaire des principaux indices d’actions est négative, elle se fait en grand partie vendredi. D’un point de vue technique, le SPX casse des niveaux, son support de 4120 points mais aussi sa moyenne mobile à 100 jours qui se situe à 4073 points (4057 en clôture). Le retracement Fibonnacci de 38,2% de la baisse de janvier à juin est également franchi, ça se détériore donc vendredi sur cette partie.

Quelqu’un peut me dire ce qu’il y a de surprenant dans les propos de Jerome Powell de vendredi ? Dans les faits, le patron de la Fed a simplement remis les pendules à l’heure et il a probablement eu raison de le faire. On ne peut effectivement vivre sereinement à terme avec une inflation galopante. Et puis tout est relatif, la performance du SPX depuis le bas de mars 2020 reste de +85%, vous me voyez venir, en bourse on gagne sur la durée, le court terme est réservé aux rêveurs.

Gardons en tête que la Fed est dépendante des statistiques macro-économiques, celles de vendredi sont bonnes, à suivre donc.

De l’autre côté de l’Atlantique, la pression monte sur la Banque Centrale Européenne (BCE) pour se mettre au diapason et remonter ses taux d’intérêts agressivement. La prochain réunion a lieu le 8 septembre, ce mercredi nous aurons droit aux données sur l’inflation en août. La BCE est en retard sur la Fed, la Banque d’Angleterre mais aussi la Banque Nationale Suisse (mais alors, on voudrait nous déposséder de notre réputation de lenteur…). Dossier important et à suivre donc…

Les rapports économiques attendus au cours de cette semaine qui démarre comprennent des mises à jour sur la confiance des consommateurs, les dépenses de construction et les ventes de véhicules, avant que le grand rapport sur l'emploi du mois d'août ne soit publié en toute fin de semaine. Le rapport sur l'emploi aux Etats-Unis pour le mois d'août devrait faire état de 300’000 créations d'emplois pour le mois et d'un taux de chômage stable à 3,5%.

La Bourse de Londres sera fermée aujourd'hui pour le jour férié qui précède la rentrée, Summer Bank Holiday.

Rien à signaler de particulier aujourd’hui sur le front macro-économique, on va déjà commencer par tenter de digérer les méchants propos d’Oncle Jerome…

Straumann: Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 140 à 130 francs. Moderna accuse Pfizer/BioNTech de violation de brevet sur le vaccin contre le covid. Honda Motor envisage de construire une usine de batteries aux États-Unis avec LG Energy Solution. Walmart ra racheter les minoritaires de Massmart pour 62 ZAR par action. Crédit Suisse s'interroge sur ses ambitions en Chine dans le cadre de sa refonte, selon l’agence Bloomberg.  Meta Platforms négocie un abandon des poursuites moyennant finance dans le scandale Cambridge Analytica aux Etats-Unis. Donc, si Meta est condamnée à payer une amende, on pourra dire que Meta verse….je sors… Blackstone envisage de déposer une demande d'introduction en bourse pour un portefeuille de centres commerciaux d'une valeur de 2,5 milliards de dollars.

Cette nuit et ce matin en Asie, c’est jour de Fed, tout est rouge hormis Shanghai qui grappille 0,05%. Tokyo perd 2,66% à la cloche, Hong Kong abandonne 0.87% et Séoul rend 2,18%. Le future SPX recule de 0,8% et l’Europe ouvre en repli de 1,2%. Le dollar est recherché, la paire eur/usd traite à 0,9937, l’or se replie à 1723 dollars l’once et le pétrole rebondit à 93,57$ le baril de WTI Light Crude.

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