La semaine débute bien mal pour les taureaux, la Fed a réussi son coup la semaine passée, le message est passé et le marché comprend que Jerome Powell et ses copains ne baisseront pas leur garde de sitôt. Les Fed Funds prévoient d’ailleurs à nouveau une hausse de 75 points de base lors de la réunion du 21 septembre. La hausse des rendements obligataires induite par les discours de différents membres de la Fed, pénalise les actions de croissance et aussi les mastodontes de la technologie. Le 10 ans US revient à 3%, le spread 2 / 10 ans évolue à -29 points. Dans le contexte qui nous occupe, il est important de garder un œil sur les rendements réels, les rendements américains à 10 ans corrigés de l’inflation, qui ont bondit de 35 points de base depuis le début du  mois et se dirigent vers un plus haut en 4 semaines. Cette évolution menace de saper les valorisations des actions ainsi que de réduire leur attrait par rapport aux obligations. Rappelons aussi que la moyenne mobile à 200 jours de l’indice S&P500 (SPX) a parfaitement joué son rôle de résistance la semaine passée, un point à ne pas négliger.

Dans un registre plus psychologique, la crise énergétique qui secoue violemment l’Europe semble impacter le sentiment de l’investisseur américain. Hier Citigroup fait parler d’elle en prédisant une inflation à 18,6% au Royaume-Uni au début de l’an prochain. On sait que le prochain hiver sera très compliqué pour le vieux continent, pris en otage par Vladimir Poutine. En parallèle, le ministre saoudien de l'énergie s’inquiète hier d'une déconnection entre le marché à terme et le marché physique du pétrole en indiquant qu'il faudrait peut-être baisser la production pour y remédier. Le baril de WTI Light Crude repasse au-dessus des 90 dollars et se rapproche de 91 dollars ce matin, on peut penser que l’Arabie Saoudite ne souhaite pas un baril en-dessous de 90 dollars.

Les inquiétudes liées à la croissance mondiale reviennent sur le devant de la scène, la volonté apparemment inflexible de la Fed de relever encore plus ses taux fait le reste et le symposium des banquiers centraux de Jackson Hole revêt du coup un peu plus d’importance chaque jour, Jerome Powell donnera un discours vendredi, qui sera à double-tranchant pour les marchés car il donnera aux opérateurs et investisseurs une meilleure visibilité sur la trajectoire des taux et des éléments leur permettant, le cas échéant, de réajuster leurs attentes.

Revenons à Wall Street en effectuant un premier constat. Depuis son plus haut en séance du 16 août, où il a chatouillé sa 200 jours de très près, le SPX a rendu 4,3%. Il reste en hausse de 13,5% par rapport à son bas du 17 juin. Tout n’est donc pas à jeter, le monde ne s’est pas encore écroulé. Ceci dit la tendance semble rester négative, l'expiration des options américaines de vendredi dernier a déclenché un changement important dans le positionnement du marché, les courtiers provoquant désormais une augmentation de la volatilité après avoir contribué à atténuer les mouvements de prix. Avec l'expiration des contrats de produits dérivés, les courtiers sont maintenant embourbés dans des positions «short gamma» qui les obligent à vendre des actions quand elles baissent et à les acheter quand elles montent. L’indice VIX récupère 15,5% et revient à 23,80, c’est à suivre, si ce mouvement persiste, les produit structurés redeviendront attractifs. Le mouvement d’hier est aussi amplifié par les valeurs spéculatives (meme stocks, ETFs de Cathie Wood, titres liés au monnaies crypto, actions de firmes technologiques non profitables) qui ont été activement achetées par les petits porteurs ces deux derniers mois, ces mêmes petits porteurs qui jettent l’éponge aussi rapidement depuis quelques jours. Ceci dit, les volumes d’échanges restent limités avec 10.97 milliards de titres traités sur le NYSE.

La performance sectorielle du SPX reflète des ventes généralisées et le leadership à la baisse des méga capitalisations. Chaque secteur clôture avec des pertes allant de 0,3% (énergie) à 2,8% (consommation discrétionnaire). Les secteurs de la consommation discrétionnaire, des technologies de l'information (-2,8%) et des services de communication (-2,7%), qui abritent les principales méga-capitalisations, restent en retrait.

Techniquement, alors que la 200 jour du SPX constitue désormais sa résistance la plus farouche (4318 points), le prochain support se situe à la 100 jours, qui évolue à 4090 points, clôture hier soir à 4137 points.

Sur le front des monnaies, le dollar casse la parité avec l’euro hier, la paire évolue ce matin à 0,9906. On ne peut s’empêcher de penser que, non seulement le billet vert est fort, mais la monnaie unique européenne est faible, qui peine aussi énormément face au franc, la paire traite en-dessous de 0,96. Les prévisions de Morgan Stanley sont sombres pour l'euro, qui devrait tomber à 0,97 dollar ce trimestre. Selon Nomura, une chute à 0,95 dollar est possible après septembre.

Liz Truss se prépare à accélérer un paquet de dépenses d'urgence pour aider les Britanniques à faire face à la flambée des coûts énergétiques, selon l’agence Bloomberg. La ministre des affaires étrangères, qui est en tête dans les sondages pour succéder à Boris Johnson, pourrait annoncer ces mesures avant la pause parlementaire du 22 septembre.

C'est la journée des indicateurs PMI du mois d'août, avec notamment ceux de la zone euro (10h00) et des Etats-Unis (15h45). Outre-Atlantique, place aussi aux chiffres de l'immobilier neuf et à l'indice manufacturier de la Fed de Richmond (16h00).

Alcon va racheter Aerie Pharma pour 770 millions de dollars.  Zoom Video Communications chute de 8% post-séance après ses trimestriels. Ford confirme la suppression de 3’000 postes administratifs. ISS soutient la direction de Richemont contre le fonds activiste Bluebell. Selon Bloomberg, Musk demanderait au juge de rejeter la plainte des actionnaires de Twitter. Il a en outre demandé au fondateur du réseau social, Jack Dorsey, de communiquer des documents. Palo Alto Networks gagne 8% après ses comptes et l'annonce d'un fractionnement d'actions. Pfizer demande à la FDA d'autoriser une nouvelle version de son vaccin anti-Covid.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge, la pression vendeuse ne faiblit pas. Tokyo perd 1,19% à la clôture, Hong Kong recule de 1,41%, Shanghai abandonne 0,16% et Séoul baisse de 1,10%. Le future SPX recule de 17 points et l’Europe ouvre en retrat de 0,8%.