Gonet: l'actualité des marchés au 24 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,38%, S&P 500 -1,84%, Nasdaq -2,60%, Russell 2000 -1,82%, SOX -2,33%, Eurostoxx -0,30%, SMI -0,15%.

Wall Street retourne à son plus bas de janvier en clôture, l’indice S&P500 (SPX) le teste brièvement et termine 3 points au-dessus, à 4225 points. Rien de bien important à signaler au niveau micro et macro-économique hier, le marché se tourne alors vers le dossier Ukrainien et cela ne semble pas s’améliorer, l’Ukraine déclarant l’état d’urgence tandis que les Etats-Unis annulent leurs réunions diplomatiques avec la Russie et étendent les sanctions à Nord Stream 2 et ses dirigeants.

Hong Kong HSI -3,5%, SPX Futures -2,30%. NDX Future -2,9%, BTC -6%, GOLD +1,7% @ 1941, WTI $97,40 +5,7%, 10 Yr US -9 bps à 1,90%.

Aujourd’hui est un jour noir, la guerre a débuté en Ukraine.

Le président russe Vladimir Poutine annonce des opérations militaires spéciales en Ukraine, déclenchant ainsi une invasion à grande échelle du pays. Il déclare que les circonstances exigeaient une action décisive et que la Russie ne pouvait tolérer les menaces venant de l'Ukraine. Il prévient que des affrontements entre les forces russes et ukrainiennes étaient inévitables et menace de riposter immédiatement en cas d'ingérence étrangère. En réponse, le président américain Joe Biden déclare que Monsieur Poutine a choisi une guerre préméditée et tient la Russie pour responsable des morts et des destructions que l'attaque entraînera. Monsieur Biden rencontrera ses homologues du G7 demain et s'adressera au peuple américain pour annoncer les nouvelles conséquences que les États-Unis et leurs alliés imposeront à la Russie. Selon les spéculations, les nouvelles mesures pourraient inclure l'interdiction d'exporter des technologies, le blocage de l'accès des banques russes aux marchés de capitaux occidentaux et peut-être même le ciblage d'industries critiques comme l'énergie. La France affirme ce matin son soutien à l’Ukraine et maintient en opération son ambassade à Kiev. En plus d’un support financier et militaire, le président Ukrainien Zelensky réclame une isolation financière complète de la Russie via son exclusion du système de paiement Swift.

Les marchés vont réagir fortement ce matin. La bourse russe (RTS) restera fermée ce jour, elle se serait effondrée sinon. L’aversion au risque va augmenter d’un cran supplémentaire, le future VIX (volatilité du SPX) traite à 33,20, rappelons ici que le niveau de 35 constitue une résistance, dans le nouveau contexte qui nous occupe, la zone de 35 – 40 semble plus appropriée. Le pétrole décolle, le baril de WTI Light Crude est en hausse de 5,7% à 97,40 dollars. Cela inquiète beaucoup les intervenants, on craint dans les salles de marchés que l’or noir ne dépasse les 100 dollars et que les coûts énergétiques ne soient encore plus élevés. D'autres produits de base connaissent également une forte hausse en raison des inquiétudes concernant l'approvisionnement, la Russie étant un producteur majeur. Cette situation s'inscrit dans le cadre d'un scénario d'inflation potentiellement plus élevée à long terme, qui pourrait inciter les banques centrales à adopter une attitude plus restrictive et entraîner un recul des dépenses de consommation. Ne nous y trompons pas, c’est là le principal point que regarde le marché, qui ne recule pas par empathie pour le peuple ukrainien. L'administration Biden pourrait à nouveau puiser dans son stock d'urgence de pétrole en coordination avec ses alliés pour contrer la flambée des prix provoquée par la crise, selon l’agence Bloomberg.

L’or se met également en orbite, l’once grimpe à 1941 dollars et joue parfaitement son rôle de valeur refuge, tout comme les bons du Trésor américain, le rendement du 10 ans baissant à nouveau, à 1,90% ce matin. Le dollar est naturellement recherché, la paire EUR/USD revient à 1,1247.

Les indices européens ouvrent en repli d’environ 4% tandis que le future SPX recule de 2,3%. Le future Nasdaq perd 2,9%, nous nous retrouvons dans une situation typique de «fly to safety», on vend d’abord, on réfléchira ensuite. Rappelons une nouvelle fois que c’est l’inflation qui dictera le tempo des bourses ces prochains mois, le marché va se mettre à analyser les conséquences potentielles du conflit en cours sur cette dernière, en évaluant notamment les sanctions décidées par l’ouest (je ne peux croire que je vienne d’écrire ça, en 2022…), la réponse de Moscou, la rhétorique de Joe Biden, la posture de Pékin.

Citigroup demande à tout le personnel américain vacciné de retourner au bureau à partir de la semaine du 21 mars. Les États-Unis sont en meilleure position pour lever les restrictions grâce à la combinaison de vaccins, de médicaments et de tests, déclare Anthony Fauci. Les Londoniens n'ont plus besoin de se couvrir le visage, même dans les transports publics. L'Italie devrait mettre fin à l'état d'urgence et assouplir davantage les restrictions. Singapour va retarder certains assouplissements après une recrudescence des cas.

Direction les Etats-Unis à 14h30 avec une nouvelle estimation du PIB du quatrième trimestre 2021, les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires et l'indice d'activité de la Fed de Chicago. A 16h00, place aux ventes dans l'immobilier neuf, avant à 17h00 les stocks pétroliers hebdomadaires du DOE.

Adecco: le groupe a vu sa rentabilité opérationnelle reculer au Q4 2021, alors que les revenus ont légèrement progressé. Le montant du dividende reste inchangé. Anheuser-Busch Inbev: la croissance organique est plus dynamique que prévu au Q4. L'Ebitda juste en ligne. Deutsche Telekom: l'opérateur allemand a publié des bénéfices supérieurs aux prévisions en 2021. Walgreens espère obtenir 8 milliards de livres de la cession de Boots.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont sous pression. Tokyo perd 1,81% à la cloche, Hong Kong recule de 3,55%, Shanghai perd 1,70% et Séoul abandonne 2,60%, ça aurait pu être pire. Le future SPX se replie de 2,4% et l’Europe ouvre en baisse de 4%. «Ce que l’histoire nous a enseigné, c’est que les gens ne retiennent pas les leçons tirées de l’histoire. Lorsque les investisseur deviennent soit trop craintifs ou soit trop avides, ils expliquent parfois leur comportement par la notion à l’effet que «cette fois-ci, c’est différent». Il est bon de relire Warren Buffet, surtout ce matin.

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