Gonet: l'actualité des marchés au 25 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,28%, S&P 500 +1,49%, Nasdaq +3,44%, Russell 2000 +2,61%, SOX +3,70%, Eurostoxx -3,63%, SMI -2,56%.

Walll Street achète au son du canon et surtout du discours de Joe Biden. C’est un phénomène historique qui se produit hier downtown Manhattan. Au cours des 40 années qui se sont écoulées depuis la création des contrats futures sur l’indice S&P500 (SPX), il n'y a eu que trois sessions au cours desquelles le SPX a ouvert en baisse de plus de 2%, est tombé à son plus bas niveau sur six mois, puis s'est repris pour clôturer en hausse de plus de 1%. Le 24 juillet 2002. Le 16 septembre 2008 et hier…On peut le dire, c’est une clôture incroyable que celle d’hier, qui donc l’avait prédite? Certainement pas votre serviteur en tous les cas. Mais que s’est-il donc passé? Well,.. pas grand-chose pour être franc, si ce n’est que Joe Biden reste mesuré et annonce des sanctions qui ne sont pas à la hauteur des menaces de rétorsions graves proférées par les dirigeants occidentaux. Le président des Etats-Unis n’actionne pas le levier SWIFT, dont tout le monde parle sur les plateaux radio et télé depuis hier matin. En outre, Joe Biden évite soigneusement de sanctionner le secteur pétrolier et gazier russe, on évite donc une déstabilisation majeure des économies, notamment européenne, pour l’instant du moins. Et puis la réponse de l’ouest reste financière, les militaires restent en caserne, là aussi il y a de quoi rassurer le plus timide des taureaux.

Mais alors, me direz-vous, pourquoi donc une telle divergence de performance entre un Nasdaq qui décolle de plus de 3% et un Eurostoxx qui chute de plus de 3%? Il s’agit tout d’abord d’une bête histoire de timing, à l’heure de la clôture européenne, Joe Biden n’avait pas encore parlé. Et puis, cela est fort gênant mais il faut aussi dire que les investisseurs se sont probablement dirigés vers le marché des actions considéré comme plus «sécure» soit les Etats-Unis.

Les indices SPX et Nasdaq100 (NDX) clôturent au plus haut de leur journée, dans des volumes d’échanges en hausse de 40%. Les titres de croissance sont recherchés au détriment de ceux dits de valeur. La configuration technique des indices reste plutôt vilaine, tout n’est pas réglé dans le monde parallèle de la bourse après ce rallye euphorique un jour de déclenchement de guerre. Quid de la flambée des matières premières à tout va, malgré la volonté des Etats-Unis de débloquer des réserves stratégiques? Quid d’un rapprochement potentiel entre Moscou et Pékin? Cette dernière restant plutôt discrète hier, sans condamner ni approuver l’offensive de Vladimir Poutine. Quid d’autres démocratures qui pourraient s’inspirer de l’exemple russe et, pour le marché surtout, quid d’une inflation qui se mette au galop? Le weekend à venir ne sera pas de trop pour y réfléchir, la volatilité l’illustre bien d’ailleurs, l’indice VIX décolle en début de séance et atteint quasiment 38, pour reculer de 2% à la cloche et se poser légèrement au-dessus de 30, niveau qui reste fort élevé soulignons-le.

Sur le marché obligataire, le rendement du 2 ans américain remonte à 1,54% tandis que le 10 ans revient à 1,94%, le marché se détend notablement. Même phénomène sur le dollar, la paire EUR/USD vient toucher 1,1187 hier en fin d’après-midi, pour revenir à 1,1207 ce matin. L’or s’offre un tour en silver star et décolle comme une fusée hier matin, pour atteindre 1974 dollars par once, ce matin le métal jaune est revenu à 1918 dollars. Le baril de WTI Light Crude vient brièvement renifler l’air qu’il fait au-dessus des 100 dollars hier, pour se replier à 94,61 dollars ce matin. Goldman Sachs se joint à JPMorgan pour prédire que le pétrole brut atteindra 125 dollars dans trois mois, en raison des inquiétudes suscitées par l'offre de l'Iran et de la Russie. Rystad s'attend à ce que le prix atteigne 130 dollars, affirmant que le conflit met immédiatement en péril jusqu'à 1 million de barils/jour qui transitent par l'Ukraine et la mer Noire. La réunion de l'OPEP+ de la semaine prochaine sera au centre de l'attention, la question clé étant de savoir si l'Arabie saoudite cédera sur l'extension des augmentations de production prévues.

La présidente de la Fed de Cleveland, Mme Mester (elle vote au FOMC), reconnait que le paysage géopolitique jouera un rôle dans la détermination du rythme approprié des hausses de taux à venir. En d'autres termes, si la situation aggrave l'inflation, la banque centrale pourrait doubler ses plans de resserrement, mais dans le cas contraire, la Fed pourrait être plus indulgente. La Fed devrait procéder à une hausse de 100 points de base d'ici la mi-année, soit en procédant à quatre augmentations consécutives d'un quart de point, soit en commençant par un mouvement plus important en mars si les données le justifient, déclare Christopher Waller. Si les lectures de l'inflation dans les semaines à venir sont bonnes, «un argument fort peut être fait pour une hausse de 50 points de base en mars», déclare le gouverneur de la Fed, dans des remarques qui contribuent à contrecarrer les notions que l'Ukraine pourrait inciter la Fed à mettre la pédale douce sur la politique.

Tout le monde s’en fiche mais les statistiques économiques d’hier ne sont pas mauvaises, loin de là. Les demandes hebdomadaires d’allocations chômages ressortent à 223'000, un peu en-dessous des attentes. La première révision du PIB US au quatrième trimestre ressort à 7,0% contre 6,9% précédemment, alors que les ventes de maisons neuves au mois de janvier battent très légèrement le consensus de 800'000.

Le Royaume-Uni impose des sanctions à plus de 100 personnes et entités russes et gèle immédiatement les actifs de la VTB Bank. Moscou n'aura pas le droit de lever des fonds pour sa dette souveraine sur les marchés britanniques et les entreprises russes ne pourront pas se financer à Londres. Les dirigeants de l'UE ont approuvé un vaste train de sanctions qui limitera l'accès de la Russie au secteur financier européen. L'Ukraine interdit l'utilisation des roubles russe et biélorusses dans les transactions bancaires. Ursula Von Der Leyen déclare que les sanctions de l'Union européenne visent 70% du marché bancaire russe.

Selon Crédit Suisse, la Russie détient environ 300 milliards de dollars de devises étrangères dans des swaps offshore, ce qui est suffisant pour perturber les marchés monétaires s'ils sont gelés par les sanctions ou déplacés soudainement pour les éviter. Les clients d’UBS ressentent déjà la douleur. La banque a déclenché des appels de marge pour certains clients qui utilisent des obligations russes comme garantie, selon l’agence Bloomberg.

Le gouvernement britannique et le NHS England doivent préparer un plan durable à long terme pour fournir des vaccins sans nuire aux services de santé quotidiens, rapporte le FT, citant un rapport du National Audit Office. Le premier vaccin d'origine végétale au monde a été autorisé au Canada. L'épidémie continue d’enfler en Chine, tandis que le nombre de cas quotidiens en Australie occidentale dépasse les 1’000 pour la première fois.

Aux Etats-Unis, le marché s'intéressera aujourd’hui aux revenus et dépenses des ménages et aux commandes de biens durables, mais surtout à l'inflation PCE (14h30), avant à 16h00 les ventes de logements anciens et l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan.

BASF: prévoit une baisse des bénéfices pour l'ensemble de l'année en raison du ralentissement de la croissance économique. Beyond Meat: nouvelle déception sur les résultats de la société qui produit des steaks sans viande, dont l'action chute de 10% après la clôture. Coinbase: le titre de la plateforme de négociation de cryptomonnaies perd 5,8% post-séance après ses trimestriels. Moncler: le chiffre d'affaires a bondi de 30% au Q4. Vale: le groupe minier brésilien dépasse le consensus sur le dernier trimestre de l'année. Volkswagen et Porsche ont dévoilé les modalités d'une possible IPO des véhicules de sport Porsche. La SEC ouvre une enquête sur Elon Musk et son frère au sujet de cessions d'actions Tesla, selon le WSJ. Taiwan Semiconductor déclare se conformer aux règles de contrôle des exportations vers la Russie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices rebondissent, à l’exception de Hong Kong qui recule de 0,70%. Tokyo progresse de 1,95% à la cloche, Shanghai avance de 0,63% et Séoul gagne 1,06%. Le future SPX recule de 0,6% et l’Europe devrait récupérer une partie de ses pertes d’hier à l’ouverture de 9 heures, le future Eurostoxx progresse de 1,6%.

A lire aussi...