Gonet: l'actualité des marchés au 25 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,15%, S&P 500 -0,81%, Nasdaq -2,35%, Russell 2000 -1,56%, SOX -2,46%, Eurostoxx -1,64%, SMI +0,15%.

Vos enfants souhaitent aller à Europapark? Emmenez-les à Wall Street et ne manquez pas l’attraction principale, le Nasdaq, à côté de laquelle le Silver Star fait désormais figure de salle de sieste. Le rebond des indices de lundi est contesté par le marché des futures dès hier matin, la planète finance se réveille avec la désagréable impression que quelque chose est pourri au royaume des réseaux sociaux. Il faut dire que Snap (-43%), la maison mère de Snapchat (un réseau social fort éducatif qui permet aux humains de tous âges de régresser en moins de temps qu’il ne faut pour y cliquer), Snap donc nous annonce dans la soirée de lundi à mardi que les temps sont durs et que les revenus publicitaires à venir ne devraient plus être aussi folichons que dans un passé récent. Le marché extrapole immédiatement et envoie les congénères de Snap au tapis, cette clique qui accapare nos vies via nos téléphones dits intelligents. Résultat des courses: Alphabet (GOOG) recule de 5%, Meta (FB) perd 7,6%, Amazon (AMZN) rend 3,2%, Twitter (TWTR) baisse de 5,2% et Pinterest (PINS) est envoyée au tapis et chute de 23,4%. Ça, c’est la mise en bouche de la journée. Les indices parviennent à garder la tête plus ou moins haute, à défaut de regarder vers le nord. Mais l’escadrille des mauvaises nouvelles veille au grain, qui nous livre une salve de statistiques économiques vraiment très vilaines peu avant 16 heures. Les indices PMIs (directeurs d’achats, des indicateurs avancés car ils montrent dans quel état d’esprit les sociétés se trouvent) signalent une décélération de l’activité au mois de mai par rapport à avril, au Japon, en Europe et aux Etats-Unis. Sur le front du marché immobilier, les ventes de maisons neuves aux Etats-Unis subissent un ralentissement brutal au mois d’avril et sont révisées à la baisse pour le mois de mars. Enfin, l’indice de la Fed de Richmond chute également en mai. Je vous fais grâce des annonces de JP Morgan et UBS, qui revoient toutes deux leurs prévisions de croissance pour la Chine à la baisse pour cette année.

Ça fait beaucoup de signaux macro-économiques inquiétants d’un coup pour le marché, qui commence à réaliser que l’économie américaine commence à être impactée par les désordres actuels. Mais, car il y a toujours un mais, on commence aussi à se dire dans les salles de marchés que la marche forcée des prix vers le haut pourrait être en train de se résorber.

Les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) commencent donc par plonger, surtout le NDX qui est lesté en valeurs technologiques, de services de communication et de consommation discrétionnaire. Aucune panique à mentionner dans un marché qui sélectionne ses victimes, en revenant en force dans les bons vieux dossiers du passé. C’est jour de revanche pour les vieux hier, McDonald’s gagne 2,75%, IBM 2% et Coca-Cola 1,85%.

Et puis le rebond se met en marche, sans raison particulière si ce n’est l’énième apparition d’acheteurs sur faiblesse, on commence à avoir l’habitude. L’idée que le marché est survendu refait progressivement surface, alors que le ralentissement de plus en plus probable de la croissance américaine incite à conclure que la croissance des résultats de sociétés va en souffrir et, du coup, le monde de la finance, indécrottable optimiste, se retourne vers la Fed comme un seul homme, et demande moins de hausses de taux. Voilà, c’est aussi simple que cela…la hausse de 50 points de base de ce mois de juin n’est pas remise en cause, en revanche les Fed Funds, qui indiquaient lundi 82% de probabilités d’une hausse de 50 points supplémentaires lors de la réunion suivante, ne prévoient désormais plus que 68% de chances que cela se produise et s’attendent même désormais à une baisse de taux entre mars et décembre 2023… le marché n’invente (presque) jamais rien. Il a été inspiré lundi par les propos du patron de la Fed d’Atlanta, Raphael Bostic, qui a déclaré qu’une pause en septembre dans le cycle de relèvement des taux «pourrait prendre du sens».

Au final, le SPX et le NDX limitent considérablement la casse, tandis que le Dow Jones se paie le luxe de terminer sa séance dans le vert (merci les vieux). Le marché est en mode «flight to quality», pas «flight to safety» et c’est une bonne nouvelle, on est sélectif dans les salles de marché et on garde son calme. Le podium du jour du SPX se compose des utilitaires, des titres de consommation de base et de l’immobilier, ce dernier secteur étant porté par la chute des rendements obligataires. Les réseaux sociaux abandonnent 160 milliards de capitalisation boursière hier, c’est le jour des titres dits de valeur, au détriment de ceux de croissance.

Le marché des actions n’est pas le seul à réagir aux nouvelles du jour. Sur le front obligataire, les rendements chutent avec un 2 ans US qui revient à 2,50% alors que le 10 ans recule à 2,75%, lui qui évoluait à 3,20% il y a très peu de temps. L’or ne se fait pas remarquer, l’once évolue à 1858 dollars, alors que le pétrole se maintient à 110 dollars le baril de WTI Light Crude. Phénomène intéressant, le dollar reprend des couleurs mais pas tant que ça. En fait le Dollar Index (DXY) recule hier, pour se reprendre timidement ce matin. La paire EUR/USD revient à 1,0684, tiraillée entre les récents propos de Christine Lagarde, le ralentissement probable à venir de l’économie des Etats-Unis et l’envie (ou pas) de se réfugier dans le billet vert. La volatilité bouge peu, elle remonte légèrement et nous indique un marché plutôt calme, du moins en apparence.

Quelques mots sur la séance européenne d’hier, qui voit la Suisse jouer une fois de plus son rôle de valeur refuge, l’indice SMI étant le seul à clôturer dans le vert (bon, avouons que l’Espagne aussi mais de très peu). Ah comme cela fait du bien de ne pas être dans l’air du temps et fort dépourvu en valeurs technologiques. Le bon vieux SMI est composé à 42% de titres de la santé (je vous livre les noms?), 18% de financières et 18 de consommation de base (aka Nestlé).

La Russie se rapproche du défaut de paiement après que les États-Unis ont laissé expirer une dérogation aux sanctions. Les banques et les particuliers américains n'auront plus le droit d'accepter des paiements obligataires du gouvernement russe. L'UE proposera de nouvelles lois qui donneront aux États membres plus de pouvoir pour saisir les actifs criminels, y compris potentiellement ceux des personnes et entités russes sanctionnées. Les pays de l'UE mettraient en place des stratégies et des bureaux de recouvrement des avoirs dans le cadre de ce plan. L'interdiction du pétrole russe par l'Union européenne n'est pas d'actualité, pour l'instant. Ursula von der Leyen déclare à Politico qu'un accord ne serait pas conclu la semaine prochaine. Viktor Orban exhorte les dirigeants européens à ne pas discuter d'une telle mesure, estimant qu'elle soulignerait les tensions entre les blocs sans offrir une chance réaliste de résoudre les différends.

Au registre des liquidités au Royaume-Uni,  Le rapport tant attendu du Partygate devrait être publié aujourd'hui, l’agence Bloomberg indique que Boris Johnson devrait s'adresser aux députés conservateurs ce soir. Le Premier ministre s'est déjà engagé à faire une déclaration à la Chambre des communes après la publication du rapport de la fonctionnaire Sue Gray. Les efforts du gouvernement pour détourner l'attention du scandale s'essoufflent, la BBC publiant de nouveaux comptes-rendus détaillant une culture de l'alcoolisme à Downing Street. Finalement, peut-être que BoJo souhaite simplement rendre hommage à Sir Winston Churchill, qui était parvenu à obtenir une ordonnance de son médecin, l’enjoignant à boire de l’alcool pour sa santé, particulièrement aux heures de repas, en pleine prohibition, du grand art…

Au menu macro-économique du jour,  ce sont les commandes de biens durables US (14h30) et les minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00) qui susciteront le plus grand intérêt.

Banco Santander: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4 à 4,30 euros. BBVA: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7,40 à 7,10 euros. Richemont: Julius Baer reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 155 à 115 francs. HSBC: AlphaValue reste à alléger avec un objectif relevé de 462 à 511 GBp. Unicredit: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 15 à 16 euros. TotalEnergies prend 50% de Clearway, le 5e acteur des renouvelables aux Etats-Unis. L'opération est montée en cash et en titres SunPower, sur la base de 35,10 dollars par action Clearway Energy (une filiale de Cleanway) et 18 dollars par action SunPower. Glencore accepte de verser 1,5 milliard de dollars pour éteindre des enquêtes pour corruption et manipulation de marché. Alcon émet 500 millions d’euros d'obligations. Starbucks va vendre sa marque de jus à Bolthouse Farms.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en légère hausse, à l’exception de Tokyo qui rend 0,26% à la cloche. Hong Kong avance de 0,37%, Shanghai gagne 1% et Séoul prend 0,44%. Le future SPX récupère 23 points et l’Europe ouvre en progression de 0,8%. Nous suivrons par ailleurs les résultats trimestriels de Nvidia, ce soir après la clôture.

 

Retour de l’actualité des marchés le lundi 30 mai

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