Gonet: l'actualité des marchés au 23 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,00%, S&P 500 +0,95%, Nasdaq +1,02%, Russell 2000 +1,48%, SOX +2%, Eurostoxx +1,29%, SMI +0,41%.

Wall Street se détend. La saga Evergrande prend une tournure quelque peu rassurante alors que Jerome Powell trouve une fois de plus les mots justes à susurrer aux oreilles des investisseurs, ces grands inquiets. Commençons par Evergrande, dont l’action rebondit de 18% ce matin et les obligations en dollars se redressent. Le marché parie désormais que la firme évitera une réorganisation désordonnée de sa dette après qu'une unité a négocié les paiements d'intérêts sur les obligations en yuans. Notre enthousiasme il faut ceci dit modérer car la société doit verser aujourd'hui un coupon de 83,5 millions de dollars sur une obligation à cinq ans. Entre-temps, la Banque Centrale Chinoise (PBoC) inonde le système financier de la plus importante injection nette de liquidités à court terme en huit mois. On parle même de nationalisation d’Evergrande dans les salles de marchés. Vous l’aurez compris, les investisseurs semblent avoir déjà classé l’affaire, ce qui leur permet hier de bien se concentrer sur la Fed et ses annonces du soir.

Jerome Powell n’annonce pas de réduction du programme de rachats d’actifs dès le début de l’automne mais nous fait bien comprendre que cette annonce interviendra probablement lors du FOMC de novembre. Personne ne s’en étonne ni ne s’en offusque, hormis peut-être les partisans d’une éradication immédiate du programme, au motif que l’économie va mieux et n’en a plus besoin. Là où cela devient intéressant, c’est lorsque le patron de la Fed aborde le sujet des taux d’intérêts. On découvre que neuf de ses gouverneurs pensent désormais que la première hausse de taux pourrait avoir lieu en 2022, les neuf autres préférant attendre plus tard. C’est un pas en avant pour les faucons. En parallèle, la Fed revoit ses prévisions de croissance légèrement à la baisse pour 2021 et les relève pour l’an prochain. Côté inflation, les prévisions sont également revues à la hausse, la Réserve Fédérale persistant à penser que les prix rentreront progressivement dans le rang, contrairement à de nombreux économistes. En bref, les investisseurs en actions ont eu ce qu’ils souhaitaient, une fois encore : ils retiennent que l’économie se porte bien et que la période du tsunami de liquidités, couplé à des taux bas va durer encore un peu.

Dans ce contexte de détente généralisée du sentiment, les actions sont recherchées dès l’ouverture. Le cash est remis au travail et on observe des couvertures de positions shorts, notamment dans les secteurs de l’énergie, de la consommation et des petites capitalisations. Les titres de valeur font mieux que ceux de croissance mais tout le monde participe à la fête. Le podium des gagnants du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, des financières et de la technologie. Le marché des options est très actif, on observe la mise en place de nombreuses stratégies pariant sur le thème de la reflation. L’indice TICK se paie un décollage digne de Space-X juste après les annonces de la Fed, passant de -1041 à +1544 d’un coup, nice move! Le dollar commence par s’affaiblir puis se reprend, pour traiter légèrement plus haut ce matin qu’hier, la paire EUR/USD à 1,1714. L’appétit au risque est contagieux et se propage au pétrole, le baril de WTI Light Crude revient à 72,36 dollars. L’or glisse à 1764 dollars l’once. Quant au rendement de l’emprunt US à 10 ans, il recule d’un tick, à 1,32%. Même les crypto-monnaies se reprennent, le bitcoin revient aux alentours des 44’000 dollars. Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse et ceux en baisse) est sans appel: 83% pour le SPX et 82% pour le NDX, comme le métier d’ours doit être frustrant, on se met à y croire…et paf la Fed!

Au registre des sociétés, deux d’entre elles passent une fort vilaine journée. FedEx tout d’abord, qui chute de 9% après avoir revu ses prévisions à la baisse, la firme citant un coût du travail en hausse et un manque de personnel qualifié dans certains segments. Le deuxième vilain petit canard du jour est Facebook. La firme de Mark Zuckerberg traverse une période quelque peu compliquée. Hier elle quitte le club des firmes à mille milliards de dollars de capitalisation boursière, le titre abandonnant 4%. Le Wall Street Journal s’est récemment attaqué à elle avec plusieurs articles démontrant que Facebook a de la peine à contrôler ses contenus. Son responsable de l’innovation vient de s’en aller et, cerise sur le gâteau, son responsable marketing admet hier que les modifications apportées par Apple sur iOS pèsent sur ses revenus. La firme casse sa moyenne mobile à 100 jours à la cloche, à suivre.

Revenons au marché. Le sentiment haussier est au plus bas depuis mai 2020, période où ce dernier léchait encore ses plaies covid. Selon Investors Intelligence, les bulls sont passés de 50% il y a une semaine à 47,1%. Début juillet ils étaient à 60%, en janvier à 63,7%. Du côté des petits porteurs, l’AAII (American Association of Individual Investors) montre que le sentiment bullish s’est effondré la semaine passée de 16,4 points à 22,4%. On ne peut ignorer ces chiffres, qui indiquent que le marché a du potentiel pour se stabiliser, voire repartir plus haut. Les flux de données montrent que les investisseurs achètent encore et toujours la faiblesse. Rappelons enfin que le niveau d’épargne reste élevé avec environ 20% d’excès, les rachats d’actions propres se poursuivent et l’arbitre de cette fin d’année pourrait bien être la saison des résultats de sociétés au troisième trimestre. Le marché des options est très actif et regarde 4400 points sur le SPX, un niveau que les bulls voudraient voir derrière eux, c’est important.

Emmanuel Macron et Joe Biden se rencontreront en personne en octobre. Ils se sont entretenus pour la première fois depuis que l'accord sur les sous-marins à propulsion nucléaire conclu entre les États-Unis et l'Australie a suscité l'indignation des autorités françaises. M. Macron a décidé de renvoyer son ambassadeur à Washington la semaine prochaine après l'avoir rappelé à la suite de cette prise de bec. L'envoyé spécial pour le climat, John Kerry, participera le 4 octobre à un sommet organisé par le président Macron sur le financement vert des fonds souverains, selon des sources proches.

La FDA autorise une dose de rappel du vaccin Pfizer pour les personnes de 65 ans et plus, les personnes à haut risque et celles qui travaillent sur des lieux de travail à forte exposition. Le CDC se réunit aujourd'hui pour formuler ses propres recommandations. Anthony Fauci déclare que les futurs vaccins à ARNm nécessiteront probablement trois doses standard. Un délégué à l'ONU dont l'identité n'a pas été révélée est testé positif après s’être trouvé dans le hall principal avec Joe Biden. Un juge de l'État a donné son aval à l'obligation de vaccination des enseignants de la ville de New York.

Les indicateurs PMI Flash de septembre tout au long de la journée et la décision de la Banque d'Angleterre sur sa politique monétaire (13h00) précéderont une série d'indicateurs aux Etats-Unis indice d'activité de la Fed de Chicago et nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires (14h30), puis indice des indicateurs avancés (16h00).

Le CEO de GlaxoSmithKline sous pression alors que Bluebell se joint à Elliott pour exiger des changements de direction. Le patron de la technologie chez Facebook, Mike Schroepfer, va démissionner. Le groupe a par ailleurs reconnu avoir été pénalisé par les nouvelles restrictions d'Apple, contribuant à faire décrocher le titre hier. Le CEO d’Evergrande exhorte ses équipes à reprendre les travaux de construction et à assurer le remboursement des produits financiers, permettant un rebond du titre. BlackBerry gagne 6 % hors séance après de bons trimestriels.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices chinois traitent en hausse. Tokyo est fermée, Hong Kong gagne 0,84%, Shanghai progresse de 0,33% et Séoul recule de 0,41%. Le future SPX gagne 0,3% et l’Europe ne s’arrête plus, qui est indiquée en hausse de 0,8% à l’ouverture. Le VIX a mis un pied à terre hier, reculant de 14% et revenant tout près de 20, bravo à ceux qui ont saisi l’opportunité de sa hausse pour investir dans des produits structurés, la fenêtre était étroite.

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