Gonet: l'actualité des marchés au 26 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,65%, S&P 500 -0,77%, Nasdaq -1,01%, Russell 2000 -1,44%, SOX -1,77%, Eurostoxx -0,76%, SMI +0,34%.

Le joyeux royaume des actions sort doucement d’un doux rêve, dans lequel il était question d’une inflation sonnant la retraite et de banques centrales devenues toutes chouquettes, en finance on dit «colombes». Le réveil ressemble à une fort jolie gueule de bois, l’inflation semble loin d’avoir abdiqué et les banques centrales font feu de toutes parts afin de lui faire la peau. Cerise sur le gâteau, Jerome Powell en rajoute une couche la semaine passée devant le Congrès, en répétant que la Fed est plus déterminée que jamais à mettre l’inflation à genoux, c’est-à-dire à 2% (actuellement 4%). Pour arranger encore un peu plus les affaires des taureaux, vendredi voit de nombreux indicateurs PMIs (directeurs d’achats) manquer les attentes et passer en-dessous de la barre des 50, la frontière entre expansion et contraction. Les mauvais élèves du jour sont le Japon, l’Allemagne, le Royaume Uni, la zone Euro et les Etats-Unis, ça pique et il n’en faut pas plus pour que les cassandres de service nous ressortent le mot «stagflation», Nouriel Roubini devrait être de retour sur les plateaux télé dès aujourd’hui.  

C’est peu dire que les banques centrales font feu de tous bords. La banque d’Angleterre relève ses taux de 50 points de base, tout comme la Norges Bank (Norvège) alors que les économistes prédisaient 25 bps. On est aussi faucon en Australie, au Canada, en Suisse et en Turquie, ça fait un peu beaucoup pour une Fed qui doit annoncer sa prochaine décision sur les taux le 26 juillet. En l’état les Fed Funds prédisent 69% de probabilités d’une hausse de 25 points de base à cette occasion. Cette posture à nouveau agressive de la plupart des banques centrales de la planète (à l’exception notable du Japon et de la Chine), couplée aux PMIs de fin de semaine passée, confirme la posture actuelle du marché obligataire américain, dont la courbe 2 / 10 ans est de -101 points de base. En fin de semaine on observe aussi un retour en grâce du dollar, notamment contre euro, la paire était venue tester 1,1012 jeudi, elle évolue ce matin à 1,0905. On observe par ailleurs que les monnaies norvégienne et anglaise ne profitent pas vraiment des annonces de leurs banques centrales. Sur le front des actions, la semaine passée voit la Chine rechuter de 5% (recherche reprise économique désespérément), cela se passe un peu mieux aux Etats-Unis mais la belle dynamique de ces dernières semaines semble cassée, le sentiment se détériore sur les parquets de trading et l’indice S&P500 (SPX) vit sa plus mauvaise semaine depuis mars.

La volatilité est au tapis (le VIX à 13,44, son plus bas niveau depuis janvier 2020), la retraite des actions est générale vendredi, le breadth indique 2 titres à la baisse pour 1 en hausse en clôture, les 11 secteurs du SPX reculent, les volumes d’échanges explosent à la hausse, le Russell2000 (RTY) et les semi-conducteurs mènent la fronde vendeuse, l’armée est donc en train de redescendre en plaine et les généraux semblent vouloir les y suivre. Une fois n’est pas coutume, parlons un peu du bitcoin qui remonte à 30'000 dollars la semaine passée, porté par le dépôt de nombreuses demandes d’ETFs, effectuées notamment par Blackrock, WisdomTree, Bitwise ou encore Invesco. Du côté du pétrole, c’est Xanax et stores fermés, le baril de WTI Light Crude ne parvient pas à récupérer le niveau de 70 dollars, le combat des banques centrales contre l’inflation lui déplait fortement, on ignore même la baisse surprise des stocks américains la semaine passée, c’est dire si le patient va mal. La situation n’est guère meilleure du côté de l’or, qui glisse à 1923 dollars l’once, techniquement ses prochains supports se situent à 1892 dollars puis 1853 dollars.

Vladimir Poutine fait face au plus grand défi de son règne de deux décennies avec une mutinerie de courte durée. Le chef du groupe de mercenaires Wagner, Evgeniy Prigozhin, stoppe la progression de ses combattants vers Moscou dans le cadre d'un accord négocié par le président du Belarus, Alexander Lukashenko, pour mettre fin à la révolte de 24 heures sans risquer de poursuites judiciaires. M. Poutine n'a pas été vu en public depuis samedi et M. Prigozhin n'a fait aucun commentaire. Antony Blinken déclare que le soulèvement constitue un «défi direct» pour le dirigeant russe et offre un avantage à l'Ukraine sur le champ de bataille. La Chine exprime son soutien aux efforts russes visant à maintenir la stabilité nationale après que le ministre des affaires étrangères Qin Gang a rencontré le vice-ministre des affaires étrangères du Kremlin à Pékin. Un conseiller de Volodymyr Zelenskiy déclare que rien n’indique que les combattants de Wagner se retirent des zones de conflit en Ukraine.

Le Grec Kyriakos Mitsotakis remporte les élections haut la main, ce qui lui donne une confortable majorité parlementaire qui lui permettra de former un gouvernement à parti unique et de mettre en œuvre des politiques favorables aux investisseurs. Son parti de centre-droit, Nouvelle Démocratie, obtient 40,5% des voix après dépouillement de près de 90% des bulletins de vote. Le parti de gauche Syriza de l'ex-Premier ministre Alexis Tsipras sombre, obtenant 17,8%.

Des nouvelles de la BCE : Luis de Guindos déclare que la banque centrale «entre dans la dernière ligne droite» du resserrement. La date exacte de l'arrêt des hausses de taux «dépendra des données», indique-t-il au journal ABC. Le moment où les hausses de taux seront suspendues sera un sujet de discussion aujourd'hui, alors que les responsables de la BCE se réunissent à Sintra, au Portugal, à l'occasion de leur forum annuel.

La semaine qui débute sera encore pavée de nombreux discours de banquiers centraux de tous les continents. En termes macro-économiques, nous suivrons notamment la confiance des consommateurs américains demain, les PMIs chinois vendredi mais surtout l’indice PCE américain (Personal Consumption Expenditure), qui sera publié vendredi et constitue l’indicateur favori de la Fed pour mesure l’inflation. En Europe, le Forum de la BCE sur les banques centrales se tient cette semaine à Sintra, au Portugal. Le marché sera très attentif aux signaux émis par la présidente de la BCE, Mme Lagarde. La Riksbank suédoise rendra sa dernière décision politique jeudi, les marchés s'attendant à une hausse de 25 ou 50 points de base.

Au menu macro-économique du jour, l'Ifo allemand sur le climat des affaires sera la principale statistique de la séance et sera dévoilé à 10h00.

Le CEO de Nvidia affirme que son groupe devrait «très vraisemblablement» investir en Europe. L'insuline hebdomadaire de Novo Nordisk contrôle la glycémie plus longtemps dans une étude de phase avancée. Leonteq revoit à la baisse ses prévisions de bénéfices pour l'exercice 2023. Commerzbank s'attend à ce que ses résultats du deuxième trimestre soient impactés par des provisions supplémentaires en Pologne. L'australien Element 25 va fournir du sulfate de manganèse à General Motors Company dans le cadre d'un contrat d'approvisionnement.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, à l’exception de Séoul qui progresse de 0,47%. Tokyo recule de 0,25% à la cloche, Hong Kong perd 0,35% et Shanghai abandonne 1,51%. Le future SPX récupère 4 points et l’Europe est indiquée en hausse de 0,2% à l’ouverture.

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