Gonet: l'actualité des marchés au 28 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,62%, S&P 500 -0,59%, Nasdaq -1,63%, Russell 2000 +0,11%, SOX -1,50%, Eurostoxx -0,02%, SMI -1,02%.

Séance cinéma hier à Wall Street où l’on projette «Papy fait de la résistance». Le mythique film de 1983 n’a pas pris une ride mais les ados de la cote, qui n’ont aucun sens de l’humour comme tout un chacun le sait, boudent la séance et filent à la cave, punis par un marché qui n’apprécie guère de les voir ralentir à ce point et c’est là que ça devient vraiment intéressant (si vous n’avez rien compris à cette introduction, rassurez-vous moi non plus).

Revenons à nos moutons financiers. Cette semaine le marché a encaissé les mauvais bulletins trimestriels de Microsoft, Alphabet, Meta (à la limite du renvoi) et hier soir tard Amazon. Seule Apple continue à défier la loi d’Isaac Newton, son titre progresse légèrement après la cloche, j’y reviens. Ces mauvais élèves du moment (rassurez-vous ils devraient se reprendre à terme, hormis peut-être Meta) pèsent si lourd dans les indices qu’il eût été inconcevable que le Nasdaq gagne du terrain hier. En revanche, voir le vénérable Dow Jones progresser de 0,62% dans un tel contexte nous indique que le marché fait la distinction entre les bons et mauvais résultats et, corollaire, est probablement plus solide que ce que la volatilité tente de nous dire ces jours (just my view). Hier le Dow est protégé par sa vieille garde, composée pour l’occasion de Caterpillar (CAT +7,7%), Honeywell (HON +3,3%), Merck (MRK 99,74+1,4%) et McDonald's (MCD +3,3%). Les papys résistent grâce à leurs bons résultats, en face la dégringolade de Meta de 24,5% fait tache, Mark Zuckerberg pourrait peut-être songer à rendre son tablier avant qu’il ne reste plus rien à cuisiner? En un an, le CEO de Facebook a vu sa fortune fondre de 100 milliards de dollars, ça laisse songeur… On peut résumer la séance d’hier en disant que les investisseurs fuient les grosses capitalisations technologiques et cherchent des refuges dans les titres de valeurs, tels que notamment les papys du Dow (mais certainement pas dans Orpéa, je sors...).

Outre les résultats de sociétés, d'autres facteurs influencent les marchés hier, notamment la décision de la BCE de relever ses taux directeurs de 75 points de base chacun, un rapport préliminaire sur le PIB du troisième trimestre montrant que l'économie américaine est de nouveau en mode d'expansion (l’indice des prix reculant, excellente nouvelle) et un rendement du 10 ans US qui clôture sa séance sous les 4,00%, actuellement à 3,96%. Les participants s’accrochent à l'idée que la Fed pourrait adopter une approche moins agressive en matière de relèvement des taux à l'issue de la réunion du FOMC du 2 novembre.

D’ailleurs, la Banque Centrale Européenne ne semble pas tenir un discours différent. Christine Lagarde parle de «progrès substantiels réalisés dans la lutte contre l’inflation». On apprend par ailleurs que la décision de relever les taux de 75 points de base n’a pas été prise à  l’unanimité, certains membres votant pour 50 pbs. Cette accumulation de signaux des deux côtés de l’Atlantique renforce le sentiment croissant que les principales banques centrales de la planète vont repasser en  mode «croissance» d’ici quelques mois, les marchés d’actions adooooooorent l’idée.

On revient à la séance d’hier avec un indice S&P500 (SPX) qui vient tester à nouveau sa moyenne mobile à 50 jours sans parvenir à la casser à la hausse. Au final, la plupart des indices terminent leur séance près de leur bas du jour, dans des volumes d’échanges en retrait, 10,74 milliards de titres sont traités sur le NYSE. Côté secteurs, le podium du jour du SPX se compose des industrielles, des financières et des utilitaires. Sans surprise, en queue de peloton on retrouve la technologie (-1,25%) et les services de communication (-4,12%, coucou Meta). La volatilité fait du surplace, le VIX clôture à 27,39. Notons la tentative de rébellion du dollar, le Dollar Index (DXY) se maintient dans son canal haussier et se rapproche de sa moyenne mobile à 50 jours (110,61 contre la 50 dma à 110,88). Le billet vert se renforce également contre l’euro, merci Madame Lagarde, la paire revient à 0,9972 mais ici la tendance haussière du greenback a été cassée, le niveau à franchir pour envisager un renforcement supplémentaire de la monnaie unique européenne est 1,0083, sa moyenne mobile à 100 jours.

Rishi Sunak et Jeremy Hunt étudient la possibilité d'augmenter les impôts et de réduire les dépenses à hauteur de 50 milliards de livres par an pour combler le trou béant dans les finances publiques, selon le FT. Si la majeure partie de ce montant est obtenue par des réductions de dépenses, l'énorme resserrement budgétaire d'environ 2% du PIB serait l'équivalent du budget d'austérité de l'ancien chancelier George Osborne en 2010.

Au menu macro-économique du jour, deux statistiques importantes en Allemagne: le PIB du troisième trimestre (10h00) et la première estimation de l'inflation d'octobre (14h00). Aux Etats-Unis, l'inflation PCE sera dévoilée à 14h30, avec les revenus et dépenses des ménages. A 16h00, place aux ventes dans l'immobilier ancien et à l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan. Ce matin, la Banque du Japon a confirmé être à contre-courant des autres principales banque centrales du monde, en maintenant une politique accommodante et des taux d'intérêt au plancher. Sur la partie des résultats de sociétés, nous suivrons notamment Exxon Mobil (XOM), Chevron (CVX), AbbVie (ABBV), Colgate-Palmolive (CL), Booz Allen Hamilton (BAH), NextEra Energy (NEE), et Grainger (GWW).

Amazon: l'action perd 12,7% hors séance à Wall Street, après la publication de trimestriels manifestement décevants. Apple: seule rescapée des AMAMA (Apple, Meta, Amazon, Microsoft, Alphabet), l'action de la société est stable en bourse après la publication des derniers résultats cette nuit. ENI: le bénéfice net s'envole à 5,86 milliards d’euros au troisième trimestre. Holcim: les prévisions sont relevées après un troisième trimestre solide. Intel: le titre gagne plus de 5% hors séance en dépit de résultats trimestriels un peu inférieurs aux attentes et de prévisions abaissées. Volkswagen: les bénéfices du troisième trimestre sont affectés par le coût de l'introduction en bourse de Porsche et par Argo AI. Elon Musk vire le CEO de Twitter et plusieurs hauts dirigeants. Aux dernières nouvelles, il envisagerait de prendre personnellement la direction de la société. Par ailleurs, la SEC aurait lancé une enquête sur l'autopilot de Tesla, selon le Wall Street Journal.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo recule de 0,88% à la cloche, Hong Kong chute de 3,9%, Shanghai perd 2,41% et Séoul abandonne 0,89%. Le future SPX rend 35 points et l’Europe ouvre en repli de 0,9%. Credit Suisse est indiquée en légère baisse à l’ouverture, après avoir chuté de 18,6% hier. Le marché ne semble pas convaincu par son plan de restructuration, il est utile de suivre le CDS (Credit Default Swap) de la firme dans un tel contexte. Ce dernier remonte quelque peu à 261 points de base ce matin, hier il évoluait autour des 250, sachant que début octobre il se situait à 385. Ce niveau de CDS reste élevé et préoccupant mais le marché semble ne pas céder à la panique sur ce nom, à suivre de près.

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