Gonet: l'actualité des marchés au 28 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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DOW +0,45%, S&P 500 -0,03%, Nasdaq -0,52%, Russell 2000 +0,30%, SOX -1,26%, Eurostoxx +0,01%, SMI +0,09%.

C’est une séance typique post Thanksgiving que vit Wall Street vendredi, calme et ennuyeuse, tout un chacun étant occupé à faire fondre sa carte de crédit en profitant du Black Friday. Les principaux indices terminent leur séance autour de l’équilibre, on notera tout de même un fléchissement des semi-conducteurs, mais le marché fait preuve d’une certaine résilience malgré la faiblesse notable d’Apple (AAPL -1,96%). La production d'iPhone d'Apple en novembre devrait être réduite d'au moins 30% dans l'usine Foxconn en raison de l'agitation des travailleurs due à des conflits salariaux et à des problèmes de Covid. Au chapitre des secteurs, le calme est équitablement distribué, aucun d’entre eux ne bouge de plus de 0,7%. Le podium du jour du SPX se compose de la santé, de l’immobilier et des utilities. L’indice S&P500 (SPX) garde sa moyenne mobile à 200 jours dans son viseur, il clôture à 4026 points contre la 200 dma à 4056. La volatilité aussi fait du surplace, le VIX grappille 0,39% à 20,50, il teste actuellement un support important, à suivre de près. Black Friday oblige, on aurait pu espérer voir les actions de la consommation être bien entourée, ce n’est pas vraiment le cas avec l’ETF S&P Retail (XRT) qui égare 0,1% à la cloche.

Sur la semaine, les indices boursiers affichent un bilan positif. L’indice Stoxx Europe 600 avance de 1,7%, le SPX gagne 1,5% et le Nikkei 225 japonais progresse de 1,4%. Cocorico à la bourse de Paris, qui chipe la place de première place financière européenne à Londres, où le spectre du Brexit est de plus en plus lourd à porter.

La Chine annonce de nouvelles mesures de relance, notamment un soutien accru au crédit pour les promoteurs immobiliers. La Banque populaire de Chine annonce également une réduction de 25 points de base du taux de réserve obligatoire pour la plupart des banques, ce qui libérera environ 500 milliards de yuans de liquidités à partir du 5 décembre. On sent bien que Pékin s’inquiète de plus en plus pour sa croissance, ce d’autant plus que le peuple n’en peut plus d’être confiné pour une raison qui n’a plus court ailleurs dans le monde, où l’on a appris à vivre avec le virus. La coupe du monde de football n’arrange rien, qui fait prendre conscience aux téléspectateurs chinois que personne ne porte de masque dans les stades. Ce weekend de nombreuses manifestations éclatent dans différentes villes chinoises, principalement à Shanghai, après un incendie meurtrier dans une résidence confinée depuis plus de cents jours dans le Xinjiang. Les manifestants dénoncent la stratégie zéro covid en vigueur depuis près de trois ans. Un journaliste de la BBC est molesté, un autre de la RTS (Radio Télévision Suisse) brièvement arrêté, Pékin semble perdre le contrôle sur son peuple et le marché regarde cela d’un fort mauvais œil. Goldman Sachs déclare qu'il y a 30% de chances que la Chine mette fin à sa politique du «zéro Covid» avant avril, plus tôt que prévu, avec quelques probabilités d'une sortie «forcée et désordonnée» à la suite des manifestations.

Première victime financière de ce phénomène, le pétrole, qui ne faisait déjà pas le fier en fin de semaine écoulée, et qui baisse encore de 2,7%, le baril de WTI Light Crude revenant à 74,25 dollars. Les craintes de ralentissement encore plus prononcé de l’économie chinoise augmentent, on comprend aisément pourquoi. Le dollar retrouve du coup des couleurs, la paire EUR/USD revient à 1,0384 et ne parvient donc pas à casser sa moyenne mobile à 200 jours, qui évolue à… 1,0384, la bataille se poursuit. Les future des marchés actions reculent tous, dans des proportions mesurées ceci-dit. Du côté du marché obligataire, le rendement du 10 ans US recule à 3,64%.

La désinformation russe pourrait compromettre les négociations d'une grande conférence visant à renforcer les règles contre l'utilisation d'armes biologiques. Pour la première fois en six ans, des diplomates et des experts se réunissent aujourd'hui à Paris pour revoir un traité mondial en la matière. Aux États-Unis, les républicains exigeront un meilleur contrôle de l'aide militaire américaine à l'Ukraine, même si l'un des principaux législateurs du GOP a également soutenu l'envoi d'armes à longue portée.

L'UE doit reprendre aujourd'hui des discussions controversées sur le plafonnement des prix du pétrole russe. Les négociations ont été suspendues vendredi, la Pologne et les États baltes ayant jugé trop généreux pour Moscou le plafond proposé de 65 dollars le baril. Le Kremlin est en train de rédiger un décret présidentiel visant à interdire aux entreprises russes et à tous les négociants qui achètent son brut de le vendre à quiconque participe au plafonnement, selon l’agence Bloomberg.

Les détaillants américains ont pratiqué des rabais importants lors du Black Friday pour écouler leurs stocks gonflés, mais les clients n'ont répondu que par un trafic modeste, laissant la rentabilité incertaine pour de nombreuses chaînes. Les détaillants en brique et mortier ont vu le trafic en magasin augmenter de 2,9% par rapport à 2021, selon Sensormatic Solutions. Les dépenses de commerce électronique du vendredi ont augmenté de 2,3% pour atteindre 9,12 milliards de dollars, selon les estimations d'Adobe Analytics. Le Cyber Monday pourrait générer 11,2 milliards de dollars, soit une hausse de 5,1% par rapport à l'année dernière, selon Adobe.

En ce début de semaine, Les investisseurs reviennent de la pause des fêtes aux États-Unis avec un calendrier économique chargé comprenant la mise à jour de la confiance des consommateurs le 29 novembre, la deuxième estimation du PIB du troisième trimestre le 30 novembre, un rapport sur les dépenses de construction le 1er décembre et le très attendu rapport sur l'emploi le 2 décembre. Les économistes s'attendent à 200’000 créations d'emplois en novembre et à ce que le taux de chômage reste stable à 3,7%. Les salaires horaires devraient ralentir à +0,3 %, contre +0,4 % en octobre. Le rapport sur l'emploi sera crucial pour fixer les attentes de hausse des taux et les prévisions de taux terminaux juste avant la prochaine réunion du FOMC. En règle générale, si le rapport sur l'emploi est plus fort que prévu, le marché pourrait tanguer en raison des craintes que la Réserve fédérale soit plus agressive en matière de relèvement des taux, tandis qu'un résultat faible pourrait faire naître l'espoir que le cycle des taux d'intérêt soit plus favorable. En dehors de l'attention macroéconomique, les résultats de la semaine à venir comprennent Intuit (INTU), Salesforce (CRM), Dollar General (DG) et XPeng (XPEV), tandis qu'un programme chargé de conférences se déroule dans tous les secteurs. Enfin cette semaine, il y aura également des apparitions de Williams de la Fed de New York (aujourd’hui), du gouverneur de la Fed Cook (30 novembre) et du président de la Fed Powell (30 novembre).

Au menu macro-économique du jour, aucune statistique à se mettre sous la dent. Les amateurs d'actualité monétaire auront toutefois droit à des discours de Christine Lagarde (9h00) et de James Bullard et John Williams (12h00).

Les Etats-Unis autorisent Chevron à relancer partiellement ses activités au Venezuela. Amazon met à jour ses engagements pour mettre fin à deux affaires antitrust de l'UE d'ici fin 2022. Peu de clients ont fermé leurs comptes au Crédit Suisse, indique le patron de la branche suisse du groupe. La FCC interdit l'utilisation de produits ZTE et Huawei aux Etats-Unis. Rolls-Royce en pourparlers pour construire un mini-réacteur nucléaire pour une raffinerie de produits chimiques écossaise. Xiaomi va augmenter les prix de sa nouvelle série de téléphones. British Airways (International Consolidated Airlines) prévoit de doubler ses activités à l'aéroport de Gatwick.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices reculent. Tokyo perd 0,43% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,35%, Shanghai recule de 0,75% et Séoul baisse de 1,21%. Le future SPX cède 22 points et l’Europe ouvre en repli de 0,4%. Les regards du monde de la finance sont tournés vers la Chine.

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