Gonet: l'actualité des marchés au 22 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,13%, S&P 500 -0,39%, Nasdaq -1,09%, Russell 2000 -0,57%, SOX -1,77%, Eurostoxx -0,40%, SMI +0,36%.

Un peu comme Bill Murray au bar de son hôtel de luxe en plein Tokyo, Wall Street semble perdue dans la traduction ces jours, à moins que le moteur de la hausse ne manque momentanément de fuel, les ours ne semblant pas en mesure de reprendre la main pour leur part. Résultat des courses, un marché plutôt bougon, calme comme rarement (punaise le repli des volumes d’échanges…), un marché qui semble renoncer à lancer de grandes manœuvres en cette semaine écourtée par la principale fête de l’année aux Etats-Unis, Thanksgiving, qui éteindra la bourse jeudi et ne permettra qu’une demi-journée de trading vendredi. Ajoutez à cela la coupe du monde de football (no pun intended) et le Black Friday qui approche à grand pas et vous obtenez la recette inventée par les Romains, qui fonctionne toujours aussi bien: du pain et des jeux. Bon alors le pain coûte un peu plus cher ces jours certes, mais vendredi on pourra s’acheter plein de choses dont nous n’avons pas besoin avec des rabais obscènes, qui raviront certains et rappelleront à d’autres, un peu plus taquins, combien les détaillants réalisent bien souvent des marges discutables (coucou Migros et Coop).

Après cette légère digression, revenons à nos moutons de Lower Manhattan. On s’ennuie pas mal dans les salles de marchés hier, on convoque donc le dossier Chine / covid à nouveau, tandis que les discours du jour de la Fed ne semblent pas retenir l’attention du plus grand nombre et c’est ma foi bien dommage, voyez plutôt: la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, prévient qu'un resserrement trop important pourrait être «inutilement douloureux» pour l'économie. La patronne de la Banque fédérale de réserve de Cleveland, Loretta Mester, déclare qu'elle n’a aucun problème à ralentir les hausses rapides des taux de la banque centrale lors de la réunion des responsables le mois prochain. Au cours du week-end, le patron de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic, déclare que la Fed devrait mettre fin à son cycle de hausse après 75 à 100 points de base de resserrement supplémentaire, en visant un taux final d'environ 4,75% à 5%. Résumons, la semaine passée nous avons eu droit à 16 discours de membres de la Fed, tous faucons. Et puis en l’espace de deux jours on nous sert trois colombes. Jerome Powell ne serait-il pas en train de nous préparer à la publication des minutes du dernier FOMC? Minutes qui seront publiées demain soir, à suivre de près.

L’indice S&P500 (SPX) n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent hier, il évolue donc en dents de scie, dans des volumes dignes d’un dimanche, même la volatilité s’ennuie et recule, le VIX abandonne 3,3% à 22,36. Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose des biens de consommation de base, des REITs et des utilities. Les actions de valeur surperforment celles de croissance, les FANMAG sont sous pression, d’ailleurs les semis reculent de 2% environ, objets de prises de profits. Le secteur du loisir profite de la hausse de Disney (DIS +6,29%), qui remplace son CEO par l’ancien patron Bob Iger. Les automobiles sont en panne, merci Tesla qui se prend encore une fois les pieds dans le tapis, l’action recule de 7%. Tesla, c’est 60% de baisse depuis son top de novembre 2021. Techniquement le titre approche dangereusement de sa moyenne mobile à 200 semaines (167,87 dollars contre la 200 wma à 161,43 dollars). Si ça casse, et bien ça casse et le plongeon devrait s’accélérer, il y en a un qui doit se demander chaque matin pourquoi il s’est payé Twitter… Apple n’aide pas le marché hier, le titre recule de 2,17%, la firme prolonge le délai d'attente en Chine pour les modèles iPhone 14 Pro et Pro Max en raison de problèmes de production dans l'usine Foxconn de Zhengzhou.

On le constate, hier est plutôt une journée défensive, le dollar retrouve quelques couleurs, la paire EUR/USD revient à 1,0257, elle n’est pas parvenue à casser sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 1,0403 et constitue sa principale résistance sur le court terme. En matière de support, on regardera le top du 12 septembre à 1,0198, puis 1,0023, la moyenne mobile à 100 jours. Le pétrole nous la fait à l’envers hier, il végète aux alentours des 80 dollars le baril de WTI Light Crude jusqu’à 14h30, moment choisi par le Wall Street Journal pour publier un article indiquant que l’Arabie Saoudite envisagerait une augmentation de la production de l'OPEP+ pouvant atteindre 500’000 barils par jour. Le ministres saoudien de l’énergie s’empresse de démentir. Résultat des courses, un WTI qui chute de 80 dollars à 75,08 dollars  le baril en quelques minutes, pour tout récupérer aussi sec. Cette incursion éclair vers le sud a pour conséquences d’empêcher de nombreux indices d’être soutenus par les valeurs liées à l’énergie, elle nous indique aussi combien le marché est tendu par rapport au pétrole, on peut même soupçonner l’OPEP d’avoir elle-même laissé fuiter cette rumeur d’augmentation de la production afin de tester la réaction du marché.

Le marché se laisse donc distraire en ce début de semaine, ceci dit il est intéressant de constater que les Fed Funds maintiennent leurs prévisions plutôt «hawkish», ils s’attendent à des taux terminaux à 5,08% tandis que les prévisions de baisses de taux à partir du deuxième trimestre 2023 diminuent quelque peu.

L'apaisement des tensions et une plus grande clarté économique donnent un coup de fouet à un secteur qui a perdu 2’000 milliards de dollars de valeur boursière. En l'espace de six mois, l'industrie mondiale des semi-conducteurs est passée d'un des secteurs les plus chauds à l'un des plus malmenés et meurtris. Le ralentissement de l'économie, la poursuite des blocages dûs au Covid en Chine, l'aggravation des tensions dans le détroit de Taïwan et le durcissement des règles de Washington ont fait perdre près de 2’000 milliards de dollars à la valeur des fabricants de puces cotés en bourse. Aujourd'hui, ils semblent de retour. Un redressement extraordinaire au cours du mois dernier a ajouté 600 milliards de dollars à la valeur de ces sociétés.

La poussière retombe doucement sur l’industrie en ruinitude des crypto-monnaies. Genesis Global Trading, l'un des plus grands prêteurs institutionnels de l'espace, prévient qu'il pourrait être confronté à une faillite potentielle s'il n'est pas en mesure de lever de nouveaux fonds. La banque serait à la recherche d'un milliard de dollars. Genesis indique qu'elle n'a pas l'intention de déposer le bilan «de façon imminente». Elle aurait approché la principale bourse Binance et la société de capital-investissement Apollo Global Management pour obtenir des fonds. Ce rapport intervient une semaine après que la branche de prêt de Genesis a suspendu les retraits, les inquiétudes concernant son exposition à FTX ayant déclenché une ruée vers les banques. Tom Brady et Steph Curry font partie des athlètes célèbres sur lesquels un régulateur texan enquête pour des violations potentielles de la loi sur les valeurs mobilières liées à leurs promotions de FTX.

Au Royaume Désenchanté, la perspective de plusieurs années de hausse des impôts et de réduction des dépenses publiques relance le débat sur le Brexit au Royaume-Uni. Le chancelier Jeremy Hunt déclare en privé que le Royaume-Uni devrait chercher à conclure un accord commercial plus étroit avec l'UE, selon l’agence Bloomberg. Un sondage indique que plus de six ans après avoir voté pour quitter l'UE, les Britanniques rejettent le Brexit à 57% contre 43%. «Avec chaque cohorte de jeunes de 18 ans qui entre dans l'électorat, il y a plus de gens qui sont pro-UE», déclare le gourou des élections John Curtice.

Volodymyr Zelenskiy conseille aux Ukrainiens d'économiser l'énergie en raison de l'ampleur des dégâts causés aux infrastructures par les récentes attaques russes. Le président ajoute que la situation est particulièrement difficile dans certaines régions, dont la capitale.

Au menu macro-économique du jour, l'indice manufacturier de la Fed de Richmond sera publié à 16h00. Sur le front des résultats de sociétés, la saison du troisième trimestre touche à sa fin, nous aurons toutefois droit notamment à Baidu (BIDU), Best Buy (BBY), Medtronic (MDT), Dollar Tree (DLTR), Dick's Sporting Goods (DKS), Analog Devices (ADI) et Warner Music Group (WMG).

Enel lance un vaste plan de cession destiné à réduire sa dette de 21 milliards d’euros. Shell va reconsidérer ses investissements de 30 milliards de dollars au Royaume-Uni en raison de l'accroissement de la taxe exceptionnelle sur les bénéfices. Mazda va investir 11 milliards de dollars d'ici 2030 pour se procurer des batteries pour véhicules électriques. Dell Technologies publie des résultats plutôt solides, mais le titre perd 2% hors séance. JD.com réduit les salaires d'environ 2’000 cadres de près de 20%. Carl Icahn détiendrait une grosse position de vente à découvert sur GameStop, selon Bloomberg (on se demande bien qui a passé l’info à l’agence de presse…). Alcon finalise le rachat de l'américain Aerie Pharmaceuticals. Zoom Video abaisse ses perspectives de revenus pour l'année. Le titre dézoome de 7% hors séance.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent plutôt dans le vert, hormis Hong-Kong, le Hang Seng se replie de 1,08%. Tokyo progresse de 0,61% à la cloche, Shanghai grappille 0,13% et Séoul recule de 0,59%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe fait de même à l’ouverture.

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