Gonet: l'actualité des marchés au 26 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,11%, S&P 500 +0,88%, Nasdaq +1,71%, Russell 2000 -0,70%, SOX +6,81%, Eurostoxx +0,14%, SMI -0,51%.

Il faut que je me rappelle de demander à Siri de demander à une intelligence artificielle d’identifier la prochaine révolution industrielle…

Retour en arrière. Nous sommes en novembre 2022, Open AI décide de lancer Chat GPT dans le public, je découvre le phénomène au détour d’un article du Temps, m’inscris et commence à utiliser la bête. Et paf le plongeon dans l’ère post Google! On se met en lecture accélérée avec une prise de conscience brutale hier matin (de tout un chacun précisons-le) que l’intelligence artificielle est 1) un phénomène de mode certes 2) mais que la comparer avec la bulle dot-com de la fin des années nonante n’est pas forcément l’idée la plus lumineuse de la décennie. Impossible de ne pas se pencher sur le cas Nvidia, qui gagne 160% depuis le premier janvier et décolle de 24% hier, après des résultats trimestriels impressionnants. Des résultats? Oui mais des prévisions surtout, qui se mettent en orbite à un tel point que le P/E de la firme recule, malgré la hausse brutale d’hier, les analystes du monde entier sont K.O. debout. Mais pourquoi donc le marché est-il tombé amoureux à ce point de la firme de Sant Clara? Il ne vous a probablement pas échappé que l’intelligence artificielle fait actuellement plus ou moins le même effet que des phéromones sur les investisseurs de tous bords. Regardons maintenant quelles entreprises ont leurs revenus exposés à l’IA. Je vous le donne en mille: Nvidia est numéro un mondial et de très loin, avec 50-60% de ses revenus qui proviennent de là. En numéro deux, on trouve Broadcom, avec 10-13% seulement. C’est JP Morgan qui fournit ces chiffres. Pour autant que ces derniers soient corrects, tout est dit. Dans le monde de l’Intelligence Artificelle, il y a Nvidia, puis le reste du monde qui s’accroche tant bien que mal au mouvement.

Nul ne doute que cela va évoluer, on ne peut imaginer les mastodontes de la tech laisser un train si sexy quitter le quai sans eux. Mais pour l’instant on sait qui pilote la loco…

Wall Street a vécu une journée plutôt volatile hier, avec un secteur technologique qui domine logiquement les débats. On continue de se soucier des négociations autour du plafond de la dette des Etats-Unis, mais on regarde surtout le secteur des semi-conducteurs, qui nous fait une Space-X en décollant de près de 7%. Attention ici aux excès, c’est en sympathie que de nombreuses firmes décollent hier, qui ne sont pas des Nvidia. L’indice SOX (semi-conducteurs) s’approche de son territoire suracheté mais n’y est pas encore, il semble qu’il y ait encore de la place d’un point de vue technique. Mettons la hausse de Nvidia d’hier en perspective: le titre réalise tout simplement la plus forte progression en capitalisation boursière sur une journée de toute l’histoire de la bourse américaine (+184 milliards de dollars), c’est plus que la capitalisation boursière de 472 firmes de l’indice S&P500 (SPX). Nous nous trouvons donc dans une configuration extra-ordinaire. D’ailleurs, l’ETF SPX Equal Weight  recule de 0,1% sur la séance, on ne fait donc pas la fête à tous les étages de Wall Street hier. Gardez un œil attentif sur le Nasdaq100 (NDX), qui décolle de 2,5% et va entrer en territoire suracheté. Le NDX clôture juste en-dessous de 14'000 points, s’il casse ce niveau, ensuite il regardera 14'349 pts, 61,8% de retracement Fibonnacci de la baisse de 16'764 à 10'440 pts.

Hormis la frénésie autour de l’IA, on continue dans les salles de marchés à se demander à quelle sauce la Fed va nous manger cette année. Les Fed Funds se calment et prévoient chaque jour un peu moins de probabilités de baisses de taux en fin d’année. Il faut dire que les statistiques macro-économiques d’hier confirment les chiffres solides de la veille (ventes de maisons neuves, indices des directeurs d’achats). Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage reculent, le PIB au premier trimestre sort plus fort que prévu, sa composante des prix aussi, et le PCE cœur remonte (ouch). Ce dernier chiffre est, rappelons-le, l’indicateur préféré de la Fed pour évaluer l’inflation. Comment donc dans un tel contexte baisser les taux d’intérêts, alors que la récession ne semble pas vraiment guetter et que le niveau général des prix refuse de glisser en-dessous de 5%? Il faudra penser à s’en souvenir lorsque la poussière de l’intelligence artificielle retombera quelque peu sur les marchés.

Le dollar reste demandé, la paire EUR/USD traite à 1,0734, le pétrole fuit quelque peu, le baril de WTI Light Crude recule à 72,07 dollars, l’or glisse encore, l’once baisse à 1953 dollars. Côté obligataire, les rendements remontent, le 2 ans US traite à 4,51%, le 10 ans à 3,80%. La volatilité recule sur les indices d’actions, le VIX perd 4,4% et repasse en-dessous de 20. Notons enfin que le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse et ceux en baisse) n’est pas bon du tout, même sur le NDX avec 2 titres en repli contre un en hausse.

Les négociateurs du parti démocrate et de la Maison Blanche se rapprochent d'un accord qui relèverait la limite de la dette et plafonnerait les dépenses fédérales pendant deux ans, selon l’agence Bloomberg. Selon les termes du pacte qui se dessine, les dépenses de défense seraient autorisées à augmenter de 3% l'année prochaine, conformément à la demande de budget de Joe Biden, après que les républicains ont mis de côté leurs demandes d'augmentations plus importantes. Kevin McCarthy s'est engagé à travailler pendant le week-end. Le solde de trésorerie du Trésor est tombé à 49,5 milliards de dollars mercredi, contre 76,5 milliards de dollars la veille. Selon Goldman, il est fort probable que les législateurs américains annoncent un accord d'ici la fin de la soirée ou demain.

Au menu macro-économique du jour, cap à 14h30 avec l'inflation Core PCE aux Etats-Unis et les commandes de biens durables. Les financiers prendront également connaissance des dépenses et des revenus des ménages américains, avant la révision du sentiment des consommateurs à 16h00.

Microsoft fait appel de la décision du régulateur britannique de bloquer le rachat d'Activision pour 75 milliards de dollars. Ralph Lauren dépasse ses estimations au quatrième trimestre grâce à la demande asiatique. JPMorgan licencie un millier d'anciens employés de First Republic Bank. Eli Lilly suspend ses projets d'investissement dans un laboratoire à Londres selon le Times. Choc des cultures: Lufthansa acquiert une participation de 41% dans ITA Airways. Bruxelles valide la reprise de Credit Suisse par UBS sans condition. Holcim achève son programme de rachats d'actions d'un montant de 2 milliards de francs suisses. BASF démarre un nouveau supercalculateur sur son site de Ludwigshafen. BAE Systems obtient un contrat de 7 millions de dollars aux Etats-Unis pour un programme de surveillance des cibles dans l'espace.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en légère hausse. Tokyo grappille 0,37% à la cloche, Hong Kong est fermée, Shanghai monte de 0,35% et Séoul prend 0,16%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,5%.

Weekend de la Pentecôte oblige, de nombreux indices resteront fermés ce lundi, dont les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse, la Norvège, l’Autriche et le Danemark.

Retour de l’actualité des marchés mardi 30 mai.

Je sais, Siri est une forme d’IA en soit…

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