Gonet: l'actualité des marchés au 23 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,42%, S&P 500 +0,02%, Nasdaq +0,50%, Russell 2000 +1,22%, SOX +0,36%, Eurostoxx -0,22%, SMI -0,16%.

Gonet Geneva Open oblige, Wall Street regarde un peu ailleurs hier.

Les sujets du moments ne semblent pas évoluer d’un iota, les indices font presque de même dans une fourchette de trading étroite. L’indice S&P500 (SPX) parvient in extremis à garder la tête hors de l’eau, mais reste en-dessous du niveau de 4200 points (4192 à la cloche) après l’avoir testé deux fois en séance. Il faut dire que la bataille technique en cours est intense, à la résistance de 4200 on peut aussi adjoindre le niveau de 4195, le top en séance du 2 février. Si ça passe, ensuite le SPX regardera son plus haut de la journée du 16 août 2022, qui se situe à 4325 points. Cette résistance-ci est à considérer comme la mère de toutes les murailles faisant face aux taureaux. Rappelons-nous, elle correspondait alors au niveau de la moyenne mobile à 200 jours du SPX, qui avait chuté de près de mille points ensuite, puni pour avoir voulu s’approcher du soleil trop tôt, trop vite. C’est le financement du gouvernement américain qui intéresse le marché en premier lieu ces jours, dès que ce dossier épineux sera réglé, les intervenants se concentreront à nouveau sur la Fed et les taux d’intérêts.

Dans le dossier du plafond de la dette donc, Kevin McCarthy déclare que Joe Biden et lui ont eu une discussion productive, mais qu'ils ne sont pas encore parvenus à un accord pour éviter un défaut de paiement. «Nous avons réaffirmé une fois de plus que le défaut de paiement n’est pas à l'ordre du jour», déclare Joe Biden. Le président prévoit de s'entretenir quotidiennement avec McCarthy jusqu'à ce qu'un accord soit conclu, mais il souligne que le parti démocrate n'acceptera pas de modifier la fiscalité. Janet Yellen fait son travail de trésorière du club et prévient qu'il est désormais «très probable» que son ministère se retrouve à court de liquidités au début du mois de juin. Concrètement, que pourrait-il se produire si le gouvernement fédéral des Etats-Unis venait à manquer de liquidités? Et bien il pourrait ne plus être en mesure de payer certaines retraites, ou encore les salaires des soldats. Mais ce qui inquiète le plus le marché, c’est que Janet Yellen ne parvienne plus à payer les intérêts de la dette des Etats-Unis, ce qui équivaudrait à un défaut, imaginez un peu la suite… Qui a intérêt que ceci se produise? A part les ours, personne, on peut donc s’attendre raisonnablement à ce que ces messieurs parviennent à un compromis, et que le marché célèbre la nouvelle, peut-être le temps d’une séance de bourse, pour ensuite se rappeler que l’ombre de la Fed plane encore et toujours sur Downtown Manhattan.

On revient à Wall Street, où les valeurs technologiques se portent plutôt bien, mais ce sont surtout les services de communication qui permettent à l’indice de terminer sa journée à l’équilibre. Meta progresse de 1,1% malgré l’amende de 1,3 milliard de dollars infligée par les régulateurs de l’Union Européenne pour avoir envoyé des informations sur ses utilisateurs aux Etats-Unis. Je note que les petites et moyennes capitalisations se reprennent depuis quelques séances, hier ne fait pas exception avec une surperformance de l’indice Russell2000 (RTY). La volatilité progresse légèrement, le VIX traite à 17,21, un niveau vraiment faible qui n’incite guère à investir dans des produits structurés. Les rendements obligataires poursuivent leur rebond, le 2 ans US traite à 4,35%, le 10 ans à 3,72%. Le dollar est en forme, la paire EUR/USD revient à 1,0800, le pétrole résiste bien et remonte à 72,09 dollars le baril de WTI Light Crude. Enfin  l’or n’y arrive plus, l’once recule à 1958 dollars, attention à ne pas casser le niveau de 1960 dollars, ensuite à long terme on regardera 1830 dollars. Les volumes d’échanges reculent, on s’ennuie ferme sur les parquets de trading hier.

Cela fait désormais 7 mois que le SPX progresse vers le nord. Certains ours semblent perdre patience et rejoindre le camps des taureaux, méfions-nous de ces retournements de veste si souvent inopportuns d’un point de vue du timing. La belle performance des indices d’actions en 2023 est majoritairement due aux mastodontes de la technologie, qui plus est aidés par la nouvelle tendance portée par l’intelligence artificielle. Le SPX progresse de 119 points cette année. Additionnées, Apple, Microsoft, Nvidia, Amazon, Meta, Alphabet, Tesla, Salesforce et AMD contibuent à… 119 points. Sur les 15 dernières séances de bourse, plus de la moitié ont été marquées par une surperformance manifeste du NDX vis-à-vis du SPX, ce qui ne signifie pas forcément que le NDX va ralentir sa course, l’histoire dément une telle croyance en tous les cas. Mais bon, ça vaut quand même la peine d’en être conscient.

La Fed ne lâche rien. James Bullard, patron de la Réserve Fédérale de St. Louis, envisage 2 hausses supplémentaires cette année. Son collègue de Minneapolis, Neel Kashkari ajoute que, si la Fed décide de marquer une pause le mois prochain, cela ne signifie pas que le cycle de hausses de taux est terminé. Dans un registre plus apaisant, Mary Daly (San Francisco) indique que les conditions de crédit durcies suite à la crise de confiance dans le secteur bancaire équivalent à deux hausses de taux. Ce matin les Fed Funds ne prévoient que 20% de probabilités d’une hausse de 25 points de base le 14 juin. En parallèle, ils ne prédisent désormais plus que 70 – 75% de chances de trois baisses de 25 bps chacune à la fin de l’année.

L'économiste en chef de la BCE, Philip Lane, déclare qu'il préfère les indicateurs d'inflation des services et des biens à l'inflation de base comme mesure de l'inflation, et Pablo Hernandez de Cos indique que les décideurs politiques ont encore du chemin à faire dans leur cycle de resserrement.

Au menu macro-économique du jour, toute la brochette habituelle d'indicateurs PMI est au programme, notamment à 10h00 pour la zone euro et à 15h45 pour les Etats-Unis. On aura aussi droit outre-Atlantique aux chiffres de l'immobilier neuf et à l'indice manufacturier de la Fed de Richmond (16h00).

Micron prévoit que l'interdiction chinoise aura un impact sur son chiffre d'affaires. Zoom Video revoit à la hausse ses prévisions de chiffre d'affaires annuel. Patrick Drahi augmente sa participation dans BT Group à 24,5%, mais déclare qu'il ne proposera pas d'offre d'achat. Le comité d'experts suisses sur les produits dérivés a indiqué qu'aucun événement de crédit ne s’est produit concernant le Crédit Suisse, ce qui aurait pu déclencher le paiement de l'assurance liée aux CDS que réclament certains investisseurs. Le propriétaire de Zara, Inditex, a commencé l'année à «plein régime», déclare son directeur général Oscar Garcia Maceiras au journal Expansion. Stephanie Pullings Hart va succéder à Magdi Batato à la tête des opérations (COO) de Nestlé en 2024. Applied Materials va investir jusqu'à 4 milliards de dollars aux Etats-Unis. Novo Nordisk annonce que l'essai de phase IIIa du semaglutide 50 milligrammes par voie orale en prise unique quotidienne a atteint son objectif principal.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Séoul qui progresse de 0,41%. Tokyo recule de 0,42% à la cloche, Hong Kong perd 1,37% et Shanghai abandonne 1,52%. Le future SPX traite pile à l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 0,3%.

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