Gonet: l'actualité des marchés au 17 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,01%, S&P 500 -0,64%, Nasdaq -0,18%, Russell 2000 -1,44%, SOX -0,13%, Eurostoxx -0,02%, SMI -0,50%.

Depuis quelques semaines, commenter les marchés s’apparente de plus en plus à parler du même film jour après jour…

Les sujets du moment restent les mêmes: on scrute l’inflation, on écoute la Fed tout en lui expliquant ce qu’elle a à faire (j’y reviens), on assiste à une énième prise d’otages navrante du peuple américain par ses politiciens (j’y reviens aussi) et, comme sœur Anne, on ne voit toujours pas la croissance chinoise revenir en force.

L’indice S&P500 (SPX) n’a pas été fichu de bouger de plus ou moins 1% sur 5 séances depuis six semaines, on n’avait plus vu une telle apathie depuis 2019, j’ai presque envie d’écrire que tout est dit. Les intervenants manquent singulièrement d’inspiration. D’ailleurs, si vous avez acheté le SPX le 1er avril, vous pouviez le revendre hier soir en clôture avec un point de gain…

Hier le SPX évolue dans une micro-fourchette de 20 points, pour finalement lâcher un peu prise dans la dernière ligne droite de trading. Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) est clairement négatif et, une fois encore, ce sont les mastodontes de la tech (notamment Microsoft, Nvidia, Alphabet et Amazon) qui sauvent la mise d’un marché en apparence de plus en plus mûr pour une consolidation. Côté secteurs, les services de communication et la tech parviennent à garder la tête hors de l’eau à la cloche, tout le reste est submergé avec, dans le rôle des méchants du jour l’immobilier, qui n’apprécie guère la remontée des taux obligataires, l’énergie, qui souffre de craintes croissantes de ralentissement de l’économie et les utilities. Le flux de nouvelles est plutôt ténu, on constate tout de même que les statistiques macro du jour sont plus solides que prévu aux Etats-Unis (ventes au détail, sentiment des constructeurs de maisons, production industrielle et manufacturière), ce qui fait une belle jambe aux partisans de baisses de taux par la Fed, cette dernière voyant du coup une raison de moins de renverser le cours de sa politique monétaire. D’ailleurs, les discours du jour des gouverneurs de sortie ne sont pas colombes, ce qui en est probablement trop pour les investisseurs, qui reviennent du coup dans le dollar, la paire eur/usd traite à 1.0840 ce matin.

Les rendements obligataires remontent logiquement, le 2 ans US revient à 4,07%, le 10 ans à 3,53%. L’or revient à 1989 dollars par once et le pétrole recule à 70,29 dollars le baril de WTI Light Crude.

Je note avec curiosité que le positionnement du marché dans les futures sur le 2 ans US n’avait jamais été aussi short. Sur le 10 ans on est tout près du record également. Pourquoi donc un nombre croissant de traders se positionne-t-il ainsi? En vue d’une inflation persistante? A moins que certains investisseurs commencent à se dire que combattre la Fed n’est probablement pas la meilleure idée de l’année (les Fed Funds continuent de prédire trois baisses de 25 points de base à la fin de cette année, mais la conviction semble commencer à s’effriter). Je remarque en parallèle que l'enquête de mai de Bank of America auprès des gestionnaires de fonds mondiaux révèle que le sentiment des investisseurs s'est détérioré pour devenir le plus baissier de 2023, avec une augmentation des positions cash et un pessimisme accru à l'égard de la croissance.

Joe  Biden et les chefs de file du Congrès se déclarent optimistes quant à la conclusion d'un accord sur le relèvement du plafond de la dette, même si Kevin McCarthy avertit que les deux parties restent très éloignées l'une de l'autre. Les discussions d'hier aboutissent à un accord sur un nouveau système de discussions au niveau du personnel. M. Biden réduit sa visite prévue en Asie afin de poursuivre les négociations, renonçant à s'arrêter en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. En conséquence, la réunion quadripartite entre l'Inde, le Japon, l'Australie et les États-Unis aura lieu au Japon plutôt qu'à Sydney.

Les responsables de la Fed sont ouverts à une pause en juin, mais n’excluent pas non plus de nouvelles hausses de taux. Lorie Logan indique qu'il pourrait être nécessaire de «ralentir le rythme du resserrement», tandis que John Williams (qui connait la musique, je sors…) signale  une approche attentiste en appelant à évaluer l'impact des mesures déjà prises. Raphael Bostic déclare que le FOMC devra être résolu dans sa lutte contre l'inflation: «Nous allons devoir être très forts et détachés». Austan Goolsbee estime qu'il est «bien trop prématuré» de parler de la prochaine décision.

Des doutes sur l’intérêt général dans le marché obligataire? Pfizer engrange plus de 85 milliards de dollars de demande pour la vente de sa dette de 31 milliards de dollars destinée à financer l'achat de Seagen. Le segment à 40 ans de l'opération a rapporté 160 points de base par rapport aux bons du Trésor, ce qui est inférieur aux 180 points de base évoqués précédemment, selon une personne bien informée.

Au menu macro-économique du jour, la seconde lecture de l'inflation européenne d'avril (11h00) précèdera les mises en chantier d'avril aux Etats-Unis (14h30).

Commerzbank: le bénéfice net du premier trimestre monte à 580 millions d’euros. Zurich Insurance: les primes brutes ont progressé au premier trimestre, grâce à des relèvements de prix et aux taux d'intérêt en hausse. UBS estime l'impact du rachat de Credit Suisse à 17 milliards de dollars, dont 13 milliards d'ajustement de valeur négatif et 4 milliards de risque réglementaire et juridique. SAP lance un programme de rachat d'actions de 5 milliards d’euros à compter du second semestre 2023, grâce au produit du placement de Qualtrix. PayPal pourrait vendre Xoom sous la pression de ses actionnaires, selon The Information. Walt Disney demande à un tribunal de rejeter l'action en justice de l'office du tourisme de Floride. Les actionnaires de Tesla approuvent la nomination de Jeffrey Brian Straubel comme administrateur et s’opposent à la publication d'un rapport présentant le projet d'Elon Musk pour sa succession à la tête du groupe.

Cette nuit et ce matin en Asie, le Japon brille de mille feux, son indice phare le Nikkei225 revient au-dessus de la barre des 30'000 points, il gagne 0,84% à la cloche. On savait déjà que Warren Buffet aime ce marché, aujourd’hui c’est Goldman Sachs qui s’en mêle en indiquant que le Japon pourrait être à l’aube d’un gros marché haussier. Notons au passage que le Nikkei a rebondi de 13% depuis son bas de mars. En plus, le PIB du dernier trimestre dépasse les attentes, tout comme la consommation des ménages, le Japon semble de plus en plus porté par des vents amicaux, les investisseurs étrangers sont de retour, leur perception globale de la gouvernance d’entreprises s’est nettement améliorée et Tokyo semble tellement plus stable que Pékin ces temps. Hong Kong recule de 1,15%, Shanghai perd 0,21%, les craintes autour de la croissance chinoise ne faiblissent pas. En Corée du Sud, le Kospi avance de 0,58%, il suit le mouvement du secteur technologique US.

Nous sommes au mois de mai, mois préféré des architectes avec tous ces ponts (je ressors…). Or donc, aujourd’hui la Norvège est fermée, la Suède s’autorise une demi-séance de trading et Londres ferme à midi heure locale.

 

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