Gonet: l'actualité des marchés au 26 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,68%, S&P 500 +1,01%, Nasdaq +1,04%, Russell 2000 +0,46%, Sox +0,63%, Eurostoxx +1,23%, SMI +1,28%.

Wall Street efface sans équivoque le signal de vente de lundi passé tout en mettant KO les valeurs chinoises cotées au NYSE. Vendredi a probablement été une des journées les plus intrigantes qu’il m’ait été donné de voir. À ma droite, les valeurs chinoises cotées aux Etats-Unis, représentées par l’ETF (Exchange Traded Fund) KWEB (Kraneshares CSI China Intern). Cet ETF se compose de sociétés basées en Chine et dont l’activité est centrée autour d’internet et de ses satellites. Vendredi, le KWEB s’effondre de 9%, Pékin continue de serrer la vis envers ses leaders technologiques et de l’éducation. Tal Education (TAL) s’effondre de 70%, New Oriental Education (EDU) chute de 55%, DIDI, l’Uber chinois récemment lancé en bourse, dégringole de 21% et Full Truck Alliance (YMM) recule de 30%. Dans ce contexte de carnage général, Alibaba ne perd que 3.5%, ce qui la met presque en hausse…A ma gauche, les indices S&P500 (SPX), Dow Jones et Nasdaq 100(NDX) qui clôturent tous trois à de nouveaux records historiques. Le marché est porté une fois de plus par les grosses capitalisations technologiques (SNAP +24%, FB +5%, GOOGL +3,5%, TWTR +3%). Rendez-vous compte, à elles seules, Facebook, Microsoft, Apple et Alphabet contribuent à plus de 40% de la hausse, en termes de capitalisation boursière, les gros prennent encore plus de poids…

Le SPX casse les 4400 points alors que le Dow Jones se hisse au-dessus des 35'000, du jamais vu. Seul le secteur de l’énergie recule parmi les 11 sous-secteurs du SPX. Les volumes d’échanges restent très faibles. En surface ils sont corrects, avec 9,7 milliards de titres traités sur le NYSE. Mais si l’on gratte un peu, on observe que l’action DIDI à elle seule contribue à raison de 1,4 milliard d’actions, ça laisse songeur… on se demande ce que les dirigeants chinois peuvent bien avoir en tête. Les principaux indices tels que le Dow, le SPX ou le NDX sont en hausse de 100% ou plus depuis les bas du mois de mars 2020. Le KWEB lui est en hausse de 40% tout en reculant de 50% depuis février de cette année…

Plusieurs facteurs expliquent la si bonne tenue des indices d’actions US. Les résultats de sociétés au deuxième trimestre tout d’abord, qui sont excellents et battent des attentes déjà ambitieuses. Un quart de la capitalisation boursière du SPX a publié avec 88% de surprises positives, c’est énorme et très important pour un marché déjà bien nourri. Au-delà des résultats d’entreprises, le signal de vente envoyé lundi est effacé de manière autoritaire par Wall Street et cela compte beaucoup. Durant la baisse de lundi passé, seulement 12% des titres du SPX terminent en hausse, un «breadth» très pauvre et un signal de vente donc. Phénomène un peu oublié, on arrive au bureau quelque peu inquiet mardi matin. Le marché aurait-il entamé cette correction inéluctable que le plus grand nombre craint? La réponse tombe très vite, elle est négative. Après les 12% de titres en hausse lundi, mardi se transforme en 90% de clôtures dans le vert, c’est (déjà) surréaliste. Et ce n’est pas fini, mercredi 85% des actions du SPX progressent à la cloche, n’en jetez plus, une fois de plus un superbe «bear trap» a été posé par Wall Street. Le reste de la semaine n’est que formalité, les ours sont achevés les uns après les autres et les records tombent comme des fruits murs vendredi. Au final, le SPX progresse de 2% sur la semaine, le Nasdaq avance de 2,8% et le Dow Jones de 1,08%. La publication Sentimentrader note que, depuis 1962, lorsqu’un phénomène tel que celui observé la semaine passée s’est produit, dans 100% des cas le SPX a progressé le mois qui a suivi. Notons enfin que la moyenne mobile à 50 jours du SPX a parfaitement joué son rôle de support en début de semaine passée, elle se situe actuellement à 4256 points, contre une clôture à 4411 points vendredi soir.

On le constate, grâce à de bons résultats de sociétés et des «market internals» favorables, Wall Street se porte comme un charme. On achète la faiblesse, le TINA (There Is No Alternative…but stocks) fonctionne comme rarement et entretient le FOMO (Fear Of Missing Out), la peur de ne pas en être. Ce d’autant plus que l’on estime les munitions en cash prêtes à être déployées dans le marché à 4500 milliards de dollars (source Bloomberg). Et si l’on décortique le bilan de la Fed, on observe 17'000 milliards de dollars en dépôt venant des banques commerciales, soit une augmentation de 33% depuis 2019. On savait que de nombreux ménages ont augmenté leur épargne au plus fort de la pandémie, mais à ce point ça laisse songeur…

Le marché obligataire reste en retrait vendredi, pour s’animer à nouveau ce matin, on recherche les bons du Trésor américain, le rendement du 10 ans recule de 1,30% vendredi à 1,24% ce matin, probablement à cause de l’Asie, qui est chahutée par l’agressivité de Pékin. Le dollar reste stable, la paire eur/usd traite à 1,1775. L’or est en embuscade, le métal jaune traite à 1807 dollars par once et regarde sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 1822 dollars. Notons le pétrole, qui recule légèrement à 71,18 dollars le baril de WTI Light Crude. Un mot sur le Bitcoin, qui rebondit fortement et est de retour à 39'000 dollars après l’annonce qu’Amazon travaille à l'acceptation des paiements en bitcoin d'ici la fin 2021 et, une fois qu'une solution de paiement en crypto-monnaie sera établie, à l'acceptation d'un certain nombre des autres crypto-monnaies les plus importantes.

Cette semaine va être très riche en flux de nouvelles avec une importante quantité de rapports trimestriels de sociétés. Les poids lourds de la technologie seront sous les feux de la rampe avec Apple, Microsoft, Alphabet et Facebook qui entreront dans le confessionnal des résultats. Les rapports macro-économiques attendus comprennent des mises à jour sur les ventes de logements neufs, les ventes de logements en attente, les commandes de biens durables et le PIB du deuxième trimestre. La réunion de deux jours de la Fed se termine le 28 juillet. Le président Jerome Powell devrait discuter du rythme de la réduction des taux d'intérêt de la banque centrale et des prévisions d'inflation lors de la conférence de presse. Robinhood Markets (HOOD) fait son entrée en bourse. Gardez également un œil sur Intel, qui espère faire tourner les têtes avec un événement produit.

L'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne (10h00) va précéder les ventes de logements neufs aux Etats-Unis (16h00).

Edenred: Société Générale est à l’achat avec un objectif de cours de 58,20 euros. Givaudan: Julius Bar augmente son objectif de 4250 à 4800 francs. Lonza: Jefferies revoit à la hausse son objectif de cours, de 730 à 785 francs. Microsoft: JP Morgan reste optimiste et augmente sa cible de 270 à 300 dollars. Puma: JP Morgan est à l’achat et rehausse son objectif de cours de 100 à 115 euros. Roche: DZ Bank augmente sa cible de 320 à 343 francs. Schindler: JP Morgan augmente son objectif de cours de 270 à 305 francs. Sika: UBS est neutre et rehausse sa cible de 305 à 315 francs. Nouveau coup dur pour Tencent, qui doit renoncer à ses droits musicaux exclusifs. Moderna parle d’une troisième dose de vaccin pour les personnes immunodépressives. Koninklijke Philips dépasse les attentes au deuxième trimestre. Roche ambitionne de développer des antibiotiques efficaces contre les microbes résistants d’ici 5 ans. Lynas Rare Earths réalise un chiffre d’affaires record au quatrième trimestre de son exercice. Bobst confirme ses objectifs financiers à long terme. Crédit Suisse parvient à un accord à l’amiable avec son ancien banquier vedette, Iqbal Khan, concernant une affaire présumée de filature. Vodafone lance un programme de rachats d’actions.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont sous pression à l’exception de Tokyo, qui revient de son congé et progresse de 1,04%. Hong Kong et Shanghai reculent de 3,1% et de 2,48% alors que Séoul abandonne 0,91%. Les sociétés chinoises de soutien scolaire sont affectées par les nouvelles indiquant que Pékin prévoit de réformer le système d’éducation privé pour leur interdire de faire des bénéfices, ouch… D’autre part, l’injonction faite par le politburo à Tencent de renoncer à ses droits exclusifs sur les labels musicaux pèse aussi sur le sentiment général. Le future SPX reprend son souffle et rend 14 points alors que l’Europe ouvre en recul de 0,57%.

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