Gonet: l'actualité des marchés au 14 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,31%, S&P 500 -0,35%, Nasdaq -0,38%, Russell 2000 -1,88%, Sox -0,55%, Eurostoxx +0,03%, SMI -0,09%.

Wall Street doit faire face à l’évidence, l’inflation est bel et bien de retour et le marché obligataire en prend (enfin) acte. L’indice des prix à la consommation montre que le niveau des prix a progressé de 5,4% sur un an, les économistes s’attendaient à 4,9%. On peut retourner ce chiffre dans tous les sens, impossible de ne pas voir que la surchauffe est en train de se propager dans tous les secteurs et pas seulement les véhicules d’occasion, de location ou encore le prix de l’essence. Conséquence logique, les rendements obligataires repartent vers le nord, le 10 ans US remonte à 1,40%., aussi aidé par la mise en vente plutôt ratée de 24 milliards de dollars d’obligations du Trésor américain à 30 ans, qui rencontre un bid to cover ratio de 2,19 contre 2,29 lors de la précédente émission. Le dollar en profite aussi, le Dollar Index (DXY) remonte à 92,70, la paire eur/usd revient à 1,1788. Sur le front des indices d’actions, le S&P500 (SPX) termine sa séance légèrement dans le rouge, sa quatrième baisse journalière en 16 journées de trading. Le recul des indices est mesuré et illustre combien le marché a accepté l’idée que la Fed va refermer le robinet des liquidités un jour ou l’autre.

Les actions dites de valeur trainent la patte, alors que les grosses capitalisations de la technologie surperforment tandis que les petites capitalisations sont particulièrement sous pression, on s’inquiète du potentiel de croissance de ces firmes dans un contexte de pression sur les prix. L'inflation croissante fait craindre que les petites entreprises ne soient pas en mesure de répercuter la hausse des coûts sur leurs clients. En résumé, la piqure de rappel au sujet de l’inflation remet la tête des investisseurs à l’endroit et les éloigne des valeurs cycliques et des défensives, pour les rapprocher des gagnants de l’an passé, soit la technologie et les titres de communication.

Avec quelques heures de recul, on peut dire que la réaction de Wall Street aux chiffres de l’inflation est rassurante. Après on ne regardera pas de trop près le breadth du jour, l’écart entre les titres en hausse et ceux en baisse. C’est assez navrant il faut dire avec 15% d’actions qui clôturent dans le vert sur le SPX, c’est vraiment très peu pour un marché qui ne recule que de 0,35%. Ailleurs ce n’est guère mieux, le NDX à 37% et le RTY à 11% n’ont pas de quoi pavoiser. On observe par ailleurs de nouvelles positions shorts sur notamment le NDX et le RTY.

Le marché va du coup probablement commencer à débattre de la vitesse à laquelle la Fed va défaire son programme de rachats d’actifs. On sait que ce qui fait le plus peur, c’est un emballement forcé, qui indiquerait que la Réserve Fédérale aurait perdu le contrôle. Ceci dit, il se trouve que le boss de la Fed, Jerome Powell, doit faire le point sur la politique monétaire devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants à 18h00, ça tombe vraiment très bien et gagez que les indices vont rester de marbre jusqu’à l’heure de l’apéro au camping des flots bleus, où tout un chacun a déjà obtenu son rendez-vous magique sur  Doctolib… sachez cependant que l’allocution de Jerome Powell, préparée à l’avance comme il se doit, sera rendue publique avant 18 heures, moment où Monsieur Powell la lira, puis répondra à des questions.

Tout cela nous aurait presque fait oublier que la saison des résultats de sociétés au deuxième trimestre a débuté hier. Les banques américaines lancent le bal avec la publication des résultats de Goldman Sachs (GS -1,1%) et de JP Morgan (JPM -1,4%), tous deux montrant une baisse du revenu net d'intérêts et de la marge d'intérêt, une augmentation des bénéfices grâce à la libération des réserves, de solides revenus de gestion de patrimoine, une baisse des revenus obligataires et de solides revenus de conseil et de souscriptions d'actions. JPM annonce une belle progression de son bénéfice par actions mais elle est due à une libération de réserves plus importante, de 1,3 milliard de dollars, contre une estimation de 600 à 800 millions de dollars. Et ça continue aujourd’hui avec les résultats de Bank of America, Citigroup et Wells Fargo. On s'attend à une situation similaire avec une marge d'intérêt nette sous pression, tandis que les libérations de réserves et les revenus de conseil devraient améliorer les résultats.

Le kiwi (le surnom affectueux attribué au dollar néo-zélandais) bondit de 1% par rapport au dollar US après que la RBNZ (Reserve Bank of New-Zealand) a déclaré qu'elle mettrait fin à l'assouplissement quantitatif ce mois-ci, prélude possible à une hausse des taux plus tard dans l'année. La banque centrale maintient le taux directeur à 0,25%, mais le communiqué omet de mentionner la nécessité de disposer de beaucoup de temps et de patience pour réaliser son double mandat. Les marchés des taux d'intérêt en Nouvelle-Zélande tablent désormais sur une hausse des taux de 25 points de base d'ici la réunion de novembre.

Sydney prolonge son confinement pour deux semaines supplémentaires. À Londres, les passagers devront toujours porter des masques dans les transports publics après que l'Angleterre a assoupli des règles plus larges. Le Pays de Galles décidera aujourd'hui si les restrictions peuvent être assouplies, selon le Evening Standard. La Grèce enregistre la plus forte hausse quotidienne en un peu plus de deux mois. La Malaisie, l'Indonésie et la Corée du Sud signalent également des cas quotidiens record.

Les yeux des investisseurs sont rivés sur les prix à la production de juin aux Etats-Unis à 14h30. Auparavant, auront été annoncées l'inflation britannique de juin (8h00) et la production européenne de mai (11h00). Les stocks pétroliers hebdomadaires américains suivront à 16h30, avant l’événement du jour, l’allocution de Jerome Powell à 18h00.

Givaudan: UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4260 à 4760 francs. Kering: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 730 à 880 euros. LVMH: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 660 à 730 euros. Moncler: Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 51 à 53 euros. Roche: Jefferies passe de conserver à acheter en visant 400 francs. Sika: UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 270 à 305 francs. LG Chem va investir 8,7 milliards de dollars pour doper sa division batteries. American Airlines a renoué avec un flux de trésorerie positif au deuxième trimestre. Broadcom aurait mis fin à ses négociations en vue d'un rachat de SAS Institute, selon le Wall Street Journal. Apple veut faire croître de 20% sa production d'iPhone en 2021. Apple et Goldman Sachs prévoient de créer un service «acheter maintenant, payer plus tard». Bossard réalise un premier semestre record. Inditex va racheter 2,5 millions de ses propres actions.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge, échaudés par Wall Street. Tokyo recule de 0,38% à la cloche, Hong Kong rend 0,65%, Shanghai perd 0,93% et Séoul baisse de 0,2%. Le future SPX et son alter ego européen évoluent en très léger repli, on attend le discours de Jerome Powell dans les salles de marchés. Malgré la hausse du billet vert, le pétrole se maintient au-dessus des 75 dollars le baril de WTI Light Crude. De son côté, l’or confirme sa tendance haussière et se hisse à 1812 dollars l’once, sans tenir compte de la force du greenback. Prochain arrêt 1826 dollars, sa moyenne mobile à 200 jours.

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