Gonet: l'actualité des marchés au 24 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,98%, S&P 500 +1,86%, Nasdaq +1,59%, Russell 2000 +1,10%, SOX +0,55%, Eurostoxx +1,40%, SMI +1,39%.

La semaine commence bien pour les taureaux, l’indice S&P500 (SPX) et son compère le Nasdaq100 (NDX) défendent la belle clôture de vendredi avec succès, tandis que les Celtics remettent le Heat à sa place, mais je m’égare… Le momentum apparu vendredi soir reste donc présent dans les salles de marchés. On comprend rapidement que les ours ne vont pas commencer la semaine de bon poil, la faute à JP Morgan qui annonce qu’elle va profiter de revenus nets d’intérêts plus élevés que prévu, alors que la rentabilité de ses capitaux reste très solide. Résultat des courses: le titre JPM décolle de 6,2% et entraine son secteur avec lui, l’indice KBW Bank s’adjuge 4,1%. Le Dow Jones en ronronne d’aise, lui compte Goldman Sachs parmi ses membres et GS pèse très lourd dans le vénérable indice, qui reste un «price weighted index», une véritable anomalie de nos jours mais respect pour les anciens… Dans la foulée de ses prévisions optimistes et rassurantes, le CEO de JP Morgan Jamie Dimon, en forme olympique, déclare que l'économie américaine reste solide malgré les «forces contraires» de l'inflation galopante et du resserrement de la Réserve fédérale. «Une économie forte, de gros nuages d'orage», déclare M. Dimon, qui ajoute: «Ils pourraient se dissiper.» On l’aura compris, le marché respire un énorme bol d’air grâce au boss de la banque New-Yorkaise et ça fait ma foi grand bien, ça faisait longtemps.

Joe Biden n’est pas en reste et communique à tout va, dans un style pur «Biden», ses spin doctors doivent changer de chemise plus ou moins toutes les deux heures. Tout commence bien lorsque le président des Etats-Unis déclare qu’il envisage de lever certains droits de douane sur la Chine afin de lutter contre l’inflation, ça c’est bon pour l’appétit au risque. Là où cela se corse plutôt beaucoup, c’est lorsque Joe Biden annonce que les Etats-Unis soutiendront Taiwan militairement si la Chine venait à passer à l’offensive. Un bataillon d’anges passe… précisons ici que jamais les Etats-Unis ne s’étaient prononcés dans ce sens jusqu’à hier matin. Du coup l’armée de spin doctors du bon vieux Joe s’emploie à rétro pédaler, on dément à tout va et la pilule passe, étonnamment. Ceci dit, il est intéressant de noter que le marché ne sourcille quasiment pas à cette annonce hier matin, un signe de sa capacité actuelle de résilience?

Les indices américains clôturent proches de leur plus haut du jour, le podium du jour du SPX se compose des financières, de l’énergie et de la technologie, étrange triumvirat qui est suivi de près par les titres de consommation de base. On revient donc en masse dans le marché hier, les 11 secteurs du SPX progressent et l’indice Russell3000, qui représente 98% de tout ce qui peut être investi dans le marché des actions américain, gagne 1,73%. Les volumes d’échanges restent faibles mais les mouvements sont là, le SPX a défendu avec succès son support de 3815 points vendredi soir, il se situe désormais à 3973 points et a encore du chemin à parcourir avant de se retrouver en territoire plus sécure, il lui faut récupérer le niveau de 4114 points, son plus bas en séance du 24 février (jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie). Phénomène intéressant, la demande pour de la protection contre une baisse des actions augmente considérablement et atteint un niveau plus observé depuis mars 2020, c’est un bon signe pour le marché, le fait que les intervenants se protègent indique l’absence de complaisance, les investisseurs ne baissent pas leur garde. Le marché américain des actions bénéfice par ailleurs de conditions survendues, d’un sentiment dégradé comme rarement et d’un positionnement trop faible. Gardons enfin en tête que la fin du mois approche, l’activité de rebalancement pourrait être bénéfique aux actions.

Le marché obligataire est plutôt calme, le rendement de l’emprunt US à 10 ans évolue à 2,83%. L’or se stabilise à 1851 dollars par once, le pétrole reste à 108,75 dollars le baril de WTI Light Crude alors que ça bouge pas mal du côté des monnaies, le dollar rend du terrain, surtout face à l’euro, qui est porté par les déclarations de la patronne de la BCE, Christine Lagarde, qui annonce que la Banque Centrale Européenne pourrait abandonner sa politique de taux négatifs dès la fin du troisième trimestre, une position très faucon, qui envoie la paire EUR/USD à 1,0676, elle traitait à 1,0600 avant l’annonce. Il faut ajouter que le dollar est ce qu’on appelle un «crowded trade», tout le monde en détient. Sa forte hausse récente implique des dégagements, surtout depuis que l’on s’inquiète de la croissance américaine, les résultats de Walmart et Target on instillé le doute dans les esprits.

Le marché reste d’humeur fort versatile, à témoin le niveau actuel de la volatilité (le VIX traite à 28,48). La Chine donne bien souvent le la ces jours, empêtrée comme jamais dans sa politique zéro-covid. L’annonce cette nuit qu’il est peu probable que Hong Kong supprime la quarantaine d’hôtels avant juillet passe mal. En parallèle, Pékin annonce une série de mesures, notamment des crédits d’impôt, des facilités de paiements aux organismes de prévoyance et des plans d’investissements.

Esther George s'attend à ce que la banque centrale relève ses taux d'intérêt à 2% d'ici le mois d'août, soit 100 points de base de plus qu'aujourd'hui. «L'inflation que nous connaissons actuellement est manifestement à la fois trop élevée et trop globale pour être écartée», déclare-t-elle, ajoutant que dans des secteurs tels que les voyages en avion et la coiffure, les prix ont bondi malgré une demande plus faible. Madame George vote au FOMC cette année.

Depuis la mi-février, les valeurs liées à la consommation discrétionnaire figurent parmi les plus mauvaises performances en Europe, les constructeurs automobiles, les secteurs du luxe et de la vente au détail ayant perdu jusqu'à 25%. Mais, selon l’agence Bloomberg, il y a peut-être de l'espoir. Le ratio P/E (Price / Earning) à 12 mois de l'indice MSCI Europe Consumer Discretionary est proche de 10, un niveau qui a souvent été un indicateur de la proximité d'un niveau plancher.

Retour des indices PMI – qui mesurent l'optimisme des directeurs d'achats, pour la fournée de mai pour les principales économies. Aux Etats-Unis, il y aura en plus l'indice de la Fed de Richmond et les chiffres de l'immobilier neuf (16h00). Jerome Powell et Christine Lagarde doivent prononcer des discours lors de deux événements distincts, mais cela aura lieu après la clôture européenne.

Richemont: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 140 à 125 francs. Banque of America reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 175 à 170 francs. Snap: l'action coule de 31% post-séance après des trimestriels décevants. Zoom Video: l'action bondit de 17% hors séance après des trimestriels meilleurs que prévu. Broadcom pourrait payer environ 140 dollars par action pour VMWare, selon le Wall Street Journal. Samsung va investir 356 milliards de dollars sur cinq ans dans des secteurs stratégiques comme les semiconducteurs ou les biotechnologies. La division «Health Science» de Nestlé rachète le fabricant brésilien d'aliments biologiques, naturels et à base de plantes Puravida. Au Brésil, Bolsonaro a limogé un troisième patron de Petrobras en un an. José Mauro Coelho a été nommé il y a seulement 40 jours. Selon CNBC, Airbnb devrait cesser son activité en Chine continentale. Roche conclut un partenariat avec la biotech Kalivir Immunotherapeutics. Starbucks quitte la Russie. Dufry prolonge la concession avec l'aéroport d'Heathrow. Deutsche Lufthansa et MSC seraient en tête de la course à l'offre pour la compagnie italienne ITA Airways. Toyota va réduire son plan de production mondial de 100’000 unités en juin. Calida boucle le rachat de Cosabella.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge, le sentiment est plombé par les annonce covid de la nuit. Tokyo perd 0,94% à la cloche, Hong Kong recule de 1,99%, Shanghai abandonne 1,83% et Séou perd 1,57%. Le future SPX rend 1,4% et l’Europe est indiquée en repli de 1% à l’ouverture de 9 heures. La volatilité reste reine, la patience également.

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