Gonet: l'actualité des marchés au 20 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow -0,75%, S&P 500 -0,59%, Nasdaq -0,44%, Russell 2000 +0,08%, SOX -0,61%, Eurostoxx -1,36%, SMI -2,33%.

Il y a des jours où l’on se réveille avec des marchés en baisse mais une sensation de hausse. Pas de panique, votre serviteur n’est pas en train de verser dans le déni. En revanche, la séance d’hier, totalement dénuée de tendance et surtout empreinte d’hésitations dans des volumes dignes d’une belle journée d’été, fait partie de ces jours où «slightly down is a kind of up day». Je m’explique: après la fessée reçue mercredi par les indices américains d’actions, on pouvait craindre une poursuite de la glissade hier, notamment à cause des 5 milliards de dollars qui se présentaient à la vente en clôture mercredi soir, mais aussi après les statistiques économiques du jour, qui déçoivent et confirment que la première économie du monde ralentit. L’indice des perspectives d’affaires de la Réserve Fédérale de Philadelphie ressort à 2,6 au mois de mai, les économistes s’attendaient à 15 et le chiffre précédent se situe à 17,6, ça pique et ça envoie le dollar au tapis d’un uppercut plus observé depuis novembre 2020, le bon vieux billet vert passant de 1,0464 hier matin à 1,0582 en ce moment, c’est un mouvement brutal pour une monnaie, les intervenants craignent un ralentissement prononcé de la croissance américaine.

La macro-économie inquiète un peu plus donc, tandis que du côté de la micro-économie ce n’est guère mieux, du moins dans le secteur de la consommation de base. On sait que ce sont les résultats de Walmart et Target qui ont taclé le marché cette semaine. Hier c’est le tour de Bath & Body Works (BBWI -6,8%), Kohl's (KSS +4,4%) et The Children's Place (PLCE +10,5%) qui publient des résultats plutôt mitigés. Walmart et Target continuent de saigner, qui abandonnent 2,8% et 5,1% supplémentaires. Même le marché obligataire s’y met, qui envoie le rendement de l’emprunt US à 2 ans 7 points plus bas à 2,61% (2,63% ce matin). Le 10 ans quant à lui redescend à 2,86%, tandis que l’or se paie une escapade vers le nord et casse sa résistance de 1839 dollars par once (sa moyenne mobile à 200 jours), traite à 1848 dollars et regarde désormais le niveau de 1853 dollars, puis 1877 dollars.

Il y a un segment à suivre de plus près que d’habitude, celui de la volatilité. Hier les deux principaux indices de la peur, le VIX (volatilité du SPX) et le VXN (volatilité du NDX) reculent de 5,2% et 6,8%. Il est rare que ce phénomène se produise lorsque les indices d’actions baissent. Le VIX évolue désormais légèrement en-dessous de 30, un niveau historiquement élevé, tandis que le VXN se situe à 36,15 (Xavier Niel si tu nous lis…). Alors pourquoi donc les intervenants se débarrassent-ils de leurs protections un jour après une séance plutôt inquiétante? En voilà une question dont la réponse correcte fera de vous une personne riche. Ceci dit, le comportement actuel des différentes classes d’actifs illustre combien les intervenants sont nerveux et partagés. Le plus grand nombre parvient difficilement à rester rationnel, il faut probablement s’attendre à ce que la volatilité reste encore parmi nous quelques temps. Quant à nos amis les taureaux, il va leur falloir travailler dur en ce vendredi des trois sorcières, s’ils veulent éviter au marché d’inscrire une septième semaine consécutive de baisse, et aussi au SPX de s’installer dans un «bear market».

On sait à quoi ressemble l’épée de Damoclès qui plane sur le marché. Les pressions inflationnistes menacent les marges bénéficiaires des détaillants et les dépenses discrétionnaires ainsi que de marchandises générales. Le marché va donc continuer de guetter les moindres détails qui puissent l’aider à mieux comprendre où va l’économie américaine, tout en mesurant le niveau de l’inflation plus ou moins toutes les 5 minutes.

Le Wall Street Journal (WSJ) publie un article qui remet les FAANGs au milieu de la cote. Selon le WSJ, la baisse du SPX cette année est à répartir ainsi: 8 valeurs sont responsables de 6,82% de repli (Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet, Meta Platform, Tesla, Nvidia et Netflix). Les autres 6,92% sont à porter au «crédit» des 492 autres. Je me demande une chose, et si nous suivions ces huit valeurs de très près, dans l’idée que cela pourrait fonctionner dans l’autre sens?

Notons que l’indice S&P500 (SPX) parvient à défendre son niveau de 3900 points à la cloche hier soir. Ce matin, la planète finance se réveille du bon pied et c’est la Chine qu’il faut remercier, elle réduit son taux de référence pour les prêts hypothécaires à cinq ans, afin de soutenir son secteur immobilier. «C’est un peu court jeune homme!», opposerait Edmond Rostand. Mais le marché, qui a du nez, comprend rapidement que toute volonté de Pékin de soutenir son économie est bonne pour lui. Et pif le rebond des indices en ce vendredi matin. Les secteurs minier, automobile et du luxe devraient apprécier. Quoique le luxe devrait aussi digérer les résultats de Richemont, qui sont en hausse, oui mais non, parce que le consensus était très ambitieux, alors que la firme annonce un dividende supérieur aux attentes, mais provisionne à cause de la Russie, tout en restant confiante pour l’avenir. Le titre tarde à ouvrir mais indique une baisse de 9%.

Les États-Unis et l'ONU examinent des projets d'exportation de céréales ukrainiennes par voie ferrée à travers la Biélorussie vers le port lituanien de Klaipeda, selon le WSJ. Le Sénat américain approuve un programme d'aide à l'Ukraine de 40 milliards de dollars. Le chancelier allemand Olaf Scholz accentue la pression sur Gerhard Schroeder pour qu'il quitte ses postes lucratifs de président de Rosneft et du comité d'actionnaires de Nord Stream.

Il n'y aura pas d'indicateur majeur aujourd'hui, hormis les prix à la production allemands (sortis au-dessus des attentes) et les ventes de détail britanniques (qui battent le consensus) dès 8h00.

Sika: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 325 à 370 francs. STMicroelectronics: AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 60,60 à 67,60 euros. Richemont: les résultats annuels sont en forte hausse mais manquent les attentes. Le dividende est relevé à 2,25 francs contre 1,95 franc attendus. Les actionnaires de Take-Two Interactive et de Zynga approuvent la fusion. ASML prévoit de développer un nouveau prototype de machine de fabrication de puces d'ici 2023. Les actionnaires de Crown Resorts approuvent l'offre de rachat de 6,3 milliards de dollars de Blackstone. Le Canada s'apprête à bannir Huawei et ZTE des réseaux 5G. Nestlé livre 22 tonnes de lait en poudre aux Etats-Unis. Straumann achète un spécialiste allemand de la dentisterie à distance. Ford rappelle 350’000 véhicules pour risque d'incendie. Zurich Insurance vend ses activités en Russie à son équipe locale. Spirit Airlines demande à ses actionnaires de rejeter l'offre de JetBlue (mais que fait donc Anacott Steel?).

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, l’annonce en provenance de Chine fait son effet. Tokyo progresse de 1,27% à la cloche, Hong Kong gagne 2,60%, Shanghai avance de 1,44% et Séoul monte de 1,81%. Le future SPX récupère 0,6% et l’Europe ouvre en progression de 0,8%.

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