Gonet: l'actualité des marchés au 23 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow +0,03%, S&P 500 +0,01%, Nasdaq -0,30%, Russell 2000 -0,17%, SOX -0,27%, Eurostoxx +0,45%, SMI inchangé.

Quel joli piège à ours (Bear Trap) que celui tendu par Wall Street vendredi soir… C’est en apparence un aller simple le «bear market» que prennent les principaux indices dès la fin de l’après-midi européen. La peur fait son travail, le sentiment général est dégradé, cela fait déjà 6 semaines consécutives de baisse pour l’indice S&P500 (SPX), qui s’apprête à réaliser sa septième performance hebdomadaire dans le rouge. Tout s’inverse dans les 30 dernières minutes de trading et les indices parviennent à clôturer dans le vert pour la plupart d’entre eux. Mais pourquoi donc un tel retournement en séance? Well… rappelons que vendredi est la journée des trois sorcières, la volatilité s’en trouve exacerbée, qui était déjà bien élevée. Une explication potentielle de ce rebond vient de l’analyse technique. Le SPX atteint 3810 points au bas de sa séance, alors que le niveau de 3815 représente un important support (retracement Fibonnacci), support qui fonctionne donc, le SPX clôture à 3901,36 points vendredi soir. Ne cherchez pas du côté des volumes d’échanges, ils sont faméliques. Non, vendredi les intervenants viennent acheter la faiblesse, tout comme ils ont pris l’habitude de vendre la force ces derniers temps. La volatilité termine la séance inchangée, le VIX se maintient autour de 30, un niveau qui reste élevé.

Lorsqu’on regarde ce marché d’un peu plus près, on constate que le breadth (l’écart entre les titres clôturant à la hausse et ceux à la baisse), passe de 95% négatif une heure avant la cloche à près de 60% positif en clôture, c’est un retournement plutôt brutal que celui-ci. Je m’arrête un instant sur ce sujet. Mercredi passé, le breadth du jour du NYSE (New York Stock Exchange) était négatif de plus de 90%, c’était la troisième fois en dix jours que cela se produisait. Nous sommes en train de vivre un des épisodes vendeur les plus sévères de ces 60 dernières années. En retraçant le comportement du marché dans un tel contexte depuis 1962, on constate que, hormis en 2007 et 2008, avènement de la crise des subprimes, le SPX traitait systématiquement plus haut 6 à 12 mois plus tard. Alors oui, 6 à 12 mois c’est long, surtout dans l’esprit d’investisseurs au portefeuille chahuté, mais la règle ne change pas, qui impose la patience à qui veut réussir en bourse.

Le marché continue de s’inquiéter de l’état réel de la croissance aux Etats-Unis, après les publications de résultats de grandes surfaces de type Walmart ou Target, dont l’activité ralentit, l’inflation calmant les ardeurs du sacro-saint consommateur américain. Le marché obligataire réagit aussi, il envoie le rendement de l’emprunt US à 2 ans à 2,62%, tandis que le 10 ans évolue ce matin à 2,82%. Le dollar rend du terrain, les cambistes intègrent un ralentissement potentiel, la paire EUR/USD traite à 1,0604 ce matin. Le pétrole est demandé, le baril de WTI Light Crude traite à 110 dollars. L’or a cassé sa résistance de 1835 dollars par once et évolue à 1853 dollars.

Focus sur le secteur de la consommation discrétionnaire, qui se replie de 1,5% vendredi et succombe à la faiblesse persistante des valeurs du commerce de détail après que Ross Stores (ROST -22,5%) a présenté des résultats et des prévisions décevants. Ross est le dernier détaillant à mettre en évidence des pressions croissantes sur les coûts, suscitant des inquiétudes quant au ralentissement de la croissance des bénéfices et à la durabilité du consommateur dans cet environnement de coûts élevés. Il va falloir suivre notamment Nike et Adidas aujourd’hui, les noms de vêtements de sport chinois reculent de 4 à 8% ce matin. La raison principale est l'escalade des mesures de confinement dans les grandes villes comme Tianjin, Sichuan et surtout Pékin au cours du week-end.

Ce matin les futures indiquent une ouverture positive, on souffle quelque peu dans les salles de marchés après le rebond inespéré de fin de séance de vendredi. La question qui prévaut est de savoir si l’économie va éviter une récession, ce qui permettrait au marché de se calmer. L’optimisme prévaut également ce matin après que Joe Biden a annoncé réfléchir à revoir les tarifs imposés à la Chine.

Christine Lagarde indique une fois de plus que la première hausse de taux est pour bientôt, déclarant à la télévision néerlandaise qu'elle pourrait intervenir «quelques semaines» après la fin des achats nets d'obligations au début du trimestre prochain. Elle repousse l'idée d'une hausse d'un demi-point dans un contexte d'inquiétudes concernant l'expansion économique.

Davos est de retour. Les dirigeants d'entreprise, les responsables politiques et les banquiers centraux se réuniront au cours des quatre prochains jours pour le premier WEF en personne depuis deux ans. L'événement pourrait prendre un ton plus modéré que les années précédentes, avec un groupe de responsables ukrainiens qui devraient prendre la parole en l'absence des fêtes alimentées par la vodka et le caviar habituellement organisées par les oligarques russes. M. Zelenskiy prononce le discours principal par vidéo aujourd'hui. Jane Fraser, de Citi, et Kristalina Georgieva, du FMI, prendront également la parole.

Les investisseurs risquent d'être nerveux à l’entame de cette semaine, alors que de nouveaux détaillants doivent publier leurs résultats, dans la foulée des rapports alarmants de Target (TGT) et de Walmart (WMT). Costco (COST), Best Buy (BBY), Advance Auto Parts (AAP), Nordstrom (JWN), Dick's Sporting Goods (DKS) et Macy's (M) sont quelques-uns des principaux rapports à surveiller parmi les entreprises de consommation.  Les intervenants de la Fed sont de retour sur le circuit et les minutes du FOMC seront également à suivre.

L'indice Ifo de confiance des milieux d'affaires allemands en mai (10h00) et l'indice d'activité de la Fed de Chicago (14h30) sont programmés aujourd'hui.

AMS-Osram: UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 19 à 13 francs. Compagnie Financière Richemont: AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 139 à 136 francs. Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 150 à 146 francs. Kuehne + Nagel: HSBC passe de conserver à acheter en visant 320 francs. Sika: Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 485 à 360 francs. Siemens Energy veut racheter les minoritaire de sa filiale Siemens Gamesa à 18,05 euros l'action. Broadcom négocierait le rachat de VMWare, selon le Wall Street Journal, pour quelque 50 milliards de dollars. Apple cherche à renforcer son approvisionnement hors de Chine. Tesla pourrait construire une usine de fabrication de batteries et de véhicules électriques en Indonésie. Margarete Haase va prendre la présidence d'AMS-Osram. Alcon rachète le collyre Eysuvis de Kala Pharmaceuticals.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse. Tokyo progresse de 0,98% à la cloche, Hong Kong recule de 1,27%, Shanghai grappille 0,05% et Séoul progresse de 0,31%. Le future SPX récupère 53 points alors que l’Europe ouvre en hausse de 1,6%. Le marché reste en  mode «acheter la faiblesse et vendre la force» et la volatilité est toujours élevée.

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