Gonet: l'actualité des marchés au 24 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,64%, S&P 500 +0,95%, Nasdaq +1,62%, Russell 2000 +1,27%, SOX -0,65%, Eurostoxx -0,82%, SMI -0,71%.

Il se passe quelque chose au joyeux royaume de la finance perdue. Ne nous emballons pas trop vite ceci dit, le prince charmant n’est pas encore en vue mais un vent nouveau serait peut-être en train de se lever. Or donc, l’indice S&P500 (SPX) relève la tête depuis vendredi passé, dame inflation est pourtant toujours parmi nous et le débat sur le ralentissement de la croissance globale ne faiblit pas. C’est dans ce contexte plutôt déprimé que les PMI sont publiés hier un peu partout. Focus sur les Etats-Unis, où le Purchasing Manager Index, l’indice des directeurs d’achats, que nous regardons de très près car il nous dit dans quel état d’esprit les entreprises se trouvent, le PMI donc se prend les pieds dans le tapis et recule nettement en juin. Si l’on décortique le rapport, on réalise que la composante des nouvelles commandes s’effondre littéralement, elle chute à 47,40 contre 54,40 en mai. Rappelons ici qu’un chiffre en-dessous de 50 indique une activité en contraction. Le niveau de 47,40 n’avait plus été atteint depuis les deux dernières… récessions. Il n’en faut pas plus pour que le marché se mette à discuter contraction économique à nouveau et c’est là que quelque chose se produit. L’économie des Etats-Unis serait-elle déjà entrée en récession? Ce qui est plutôt «drôle» avec cette dernière, c’est qu’on ne réalise jamais immédiatement qu’elle est arrivée, on le constate parfois même après son départ. Quoi qu’il en soit, le marché réagit sans tarder et se dit que, si la récession est parmi nous, cela pourrait inciter la Fed à être moins agressive dans son cycle de hausses de taux. Résultat des courses, les prochains mouvements ne sont pas remis en cause, 75 points de hausse en juillet et un peu plus de 50 en septembre. Mais désormais, les Fed Funds s’attendent à une baisse de taux dans… neuf mois!

Et c’est là que tout change. Les rendements obligataires reculent significativement, le 10 ans US vient tester 3,00% hier, pour revenir à 3,05% ce matin. Les craintes d’inflation diminuent dans le marché, qui envoie l’énergie et plus ou moins toutes les matières premières au tapis, redistribue les cartes sectorielles de façon logique et recherche les grosses capitalisations technologiques à nouveau. En parallèle, Jerome Powell parle à nouveau et confirme sa volonté inconditionnelle de combattre la hausse des prix, la banque centrale de Norvège relève ses taux plus fort que prévu, l’armée russe progresse en Ukraine mais le marché regarde vers le nord à nouveau. Il revient d’un état survendu comme rarement, un nombre incalculable d’intervenants sont short, l’indice S&P500 (SPX) ne parvient juste pas à récupérer son niveau de 3800 points à la cloche mais il semble que cela ne soit que partie remise, les taureaux retrouvent des couleurs. Les indices terminent la séance tout près de leur plus haut du jour, on recherche clairement les valeurs de croissance, au détriment des cycliques, le pétrole reste sous pression, le cuivre chute et l’or recule à 1823 dollars par once.

Les mauvaises nouvelles sont donc à nouveau de bonnes nouvelles pour le marché, qui semble accepter un peu plus chaque jour une situation compliquée et inédite. Ne baissons pas notre garde pour autant, la volatilité reste élevée, d’ailleurs hier le VIX monte symboliquement de 0,3% et revient à 29, un niveau qui indique que la nervosité ambiante reste présente. Le mois de juillet sera chaud, le 12 la saison des résultats de sociétés débute aux Etats-Unis, le lendemain le très important rapport sur l’inflation sera publié, le 27 la Fed annonce sa décision sur les taux. D’ici là, les entreprises sont en mode black-out, elles ne sont pas censées communiquer hormis des informations importantes. Le marché va donc vivre au rythme des statistiques macro-économiques durant environ trois semaines, c’est long et cela pourrait permettre aux «technicals» de prendre le relai. Dans ce contexte, le SPX doit récupérer son niveau de 3800 points, pour ensuite regarder deux gaps à combler, à 3900 et 4017 points. Ensuite ce sera la moyenne mobile à 50 jours à 4075. Le principal support se situe à 3636 points, le plus bas récent.

La confiance des consommateurs britanniques chute en juin pour atteindre un niveau record dans un contexte de flambée des prix, de compression des revenus et de perturbations dues aux grèves. L'indice de confiance de Gfk chute à -41, le plus bas depuis la création de l'enquête il y a 48 ans. D'autres preuves de la faiblesse de l'économie pourraient être fournies aujourd'hui par les chiffres des ventes au détail au Royaume-Uni pour le mois de mai.

Les plus grandes banques de Wall Street devraient rendre des dizaines de milliards de dollars aux investisseurs après que tous les prêteurs ont réussi le test de résistance annuel de la Fed. Les plus de 30 banques ont pu rester au-dessus de leurs exigences minimales en matière de fonds propres au cours d'un hypothétique effondrement économique, qui leur aurait causé des pertes totales prévues de 612 milliards de dollars, annonce la Fed. Credit Suisse et UBS font partie de la liste.

L'Union européenne accorde à l'Ukraine le statut de candidat à l'adhésion, une étape historique sur le long et difficile chemin de l'adhésion. Les États-Unis fourniront 450 millions de dollars supplémentaires à Kiev sous forme d'armement de pointe et d'aide. L'UE «travaille sur un document» qui clarifiera la manière de traiter les marchandises russes transitant vers l'enclave de Kaliningrad, déclare le président lituanien. L'Ukraine réclame 80 milliards de dollars de dédommagement à la Russie pour ses crimes de guerre, donnant ainsi le coup d'envoi d'une bataille juridique devant la Cour européenne des droits de l'homme.

La visite annoncée de Xi Jinping à Hong Kong pour marquer l'anniversaire de la rétrocession est remise en question après l'infection de deux hauts fonctionnaires de la ville. Le FMI appelle la Chine à accélérer le déploiement de ses vaccins afin de ne pas compromettre la reprise des dépenses de consommation. La Thaïlande supprime l'obligation de porter un masque et autorise les bars à rester ouverts plus longtemps.

L'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne sera publié à 10h00. Aux Etats-Unis, les chiffres de l'immobilier neuf (14h30) et l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board (16h00) sont au programme. Au Japon, l'inflation a atteint comme prévu 2,1% en mai en glissement annuel.

Les bénéfices ajustés de FedEx pour l'exercice 2023 seront finalement plus élevés que prévus. La FDA ordonne à Juul Labs, dont Altria est un gros actionnaire, de cesser la vente et la distribution de produits de vapotage. Google dénonce un logiciel espion italien utilisé pour pirater des smartphones. Mercedes dément des informations de l'hebdomadaire allemand Manager Magazin selon lesquelles le constructeur automobile envisageait de vendre sa division utilitaires pour privilégier le segment des véhicules haut de gamme. Zalando lance un avertissement sur ses objectifs 2022.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le vert. Tokyo progresse de 1,23% à la cloche, Hong Kong gagne 2,11%, Shanghai avance de 0,88% et Séoul s’adjuge 2,26%. Le future SPX progresse de 0,5% supplémentaires et l’Europe ouvre en hausse de 0,8%. La paire EUR/USD traite à 1,0533, si le SPX parvient à terminer sa semaine en hausse, ce sera la seconde performance hebdomadaire positive en trois mois…

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