Gonet: l'actualité des marchés au 22 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +2,15%, S&P 500 +2,45%, Nasdaq +2,51%, Russell 2000 +1,70%, SOX +2,75%, Eurostoxx +0,70%, SMI -0,06%.

Wall Street célèbre le premier jour de l’été avec un joli rebond technique. Les principaux indices d’actions américains récupèrent tous plus de 2%, dans de faibles volumes d’échanges, bien aidés par d’importantes couvertures de positions shorts (vendues à découvert). La volatilité recule légèrement, le VIX rend 2,7% mais se maintient au-dessus de 30, un niveau encore bien élevé. Je mentionne les couvertures de shorts à dessein, ces dernières ont désormais atteint le même niveau que durant la crise financière de 2008, en dollars, ça illustre bien l’état dans lequel le marché se trouve, le patient n’est pas encore guéri. La pression acheteuse du jour est globale, on recherche tous les types de capitalisations boursières, les titres de valeurs tout comme ceux de croissance. Les mastodontes de la technologie sont particulièrement en vogue, normal ils ont été particulièrement détestés depuis le début de l’année. Rappelons aussi que les indices américains d’actions sont actuellement bien survendus. Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) est positif à 90% sur les trois principaux indices SPX, NDX et Dow Jones. Hier est une journée miroir de ce que l’on observe ces temps lorsque le marché  se débarrasse du bébé avec l’eau du bain.

Le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, de la consommation discrétionnaire et des biens de consommation de base. L’énergie décolle de plus de 5%, c’est assez basique, c’est le secteur le plus faible de la semaine passée. De plus, Credit Suisse relève Exxon Mobil (XOM +6,2%) à outperform, ce qui ne fait pas de mal. Notons les constructeurs de véhicules électriques, qui passent une fort belle journée après que le MIIT (Ministry of Industry and Information Technology of the Chinese government) a annoncé que la production de l’industrie automobile chinoise est de retour à plein régime, en ajoutant que de nouveaux subsides vont être dirigés vers cette industrie. Nio et Tesla décollent de 9%.

Le comportement des différentes classes d’actifs ces jours indique que le marché se pose sérieusement la question de savoir dans quel état se trouve la croissance économique globale. À ce propos, ce matin le pétrole rend du terrain, le baril de WTI Light Crude revient à 103,96 dollars, des rumeurs circulent qui prêtent à Joe Biden l’intention de suspendre temporairement la taxe fédérale sur le gallon d’essence, la «driving season» va débuter aux Etats-Unis, c’est un sujet très sensible. La faiblesse du baril est peut-être simplement due aux craintes générales de ralentissement économique. L’or se replie légèrement, l’once évolue à 1826 dollars, le billet vert remonte à 1,0490 contre euro tandis que le rendement de l’emprunt US à 10 ans se stabilise à 3,22%.

Le marché est en quasi manque de nouvelles à digérer, il va probablement rendre une bonne partie des gains de la veille à l’ouverture européenne, ce d’autant plus que cet après-midi il aura quelques chose d’important à se mettre sous la dent. Le patron de la Fed Jerome Powell se présente devant le comité bancaire du sénat américain à 15h30, pour son oral, son discours est très attendu dans le contexte actuel et le marché va écouter très attentivement, il veut en savoir un maximum quant aux intentions de la Réserve Fédérale des Etats-Unis en matière de politique monétaire. Si Jerome Powell a un message à faire passer, c’est l’occasion parfaite, tout le monde sur le pont à 15h30 donc!

Thomas Barkin exhorte la Fed à augmenter les taux aussi vite que possible sans causer de dommages excessifs aux marchés financiers ou à l'économie. «L'inflation est élevée, elle est généralisée, elle est persistante, et les taux sont encore bien en dessous de la normale», déclare le boss de la Fed de Richmond. Les économistes de la Fed de Saint-Louis déterminent que le marché du travail est loin d'être aussi tendu que ne le laisse entendre le rapport entre le nombre de postes vacants et le nombre de chômeurs, une mesure fréquemment citée par Jerome Powell comme preuve de surchauffe.

Le ministre italien des affaires étrangères, Luigi Di Maio, quitte le Mouvement 5 étoiles, le plus grand parti de la coalition gouvernementale de Mario Draghi, en raison du refus du parti de soutenir le soutien militaire à l'Ukraine. «En cette conjoncture historique, soutenir les valeurs européennes et atlantistes ne peut être considéré comme une faute», déclare M. Di Maio. Il va former son propre groupe parlementaire. Le leader de 5 étoiles, Giuseppe Conte, pourrait lui-même quitter la coalition de Draghi, selon l’agence Bloomberg.

Joe Biden, interrogé sur les remarques de Boris Johnson concernant un risque croissant de «fatigue» à propos de l'Ukraine, déclare qu'il n'a pas de telles craintes. Les États-Unis critiquent l'intensification des achats de pétrole russe par la Chine, y voyant un signe inquiétant de collaboration. Certains négociants de matières premières russes se précipitent pour s'installer à Dubaï, la Suisse rendant de plus en plus difficile leurs relations avec Moscou.

Novartis subit un revers dans le litige autour du brevet de Gilenya. Oracle signe un accord de partenariat pour aider Vodafone à moderniser son infrastructure informatique. Lindt a bouclé son programme de rachat de titres. Volkswagen, AB Volvo et Salmar tiennent des journée investisseurs.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le rouge, Tokyo perd 0,37% à la cloche, Hong Kong recule de 2,05%, Shanghai abandonne 1,18% et Séoul baisse de 2,74%. Le future SPX rend 1,2% et l’Europe ouvre en repli de 1,6%. Le marché reste nerveux, inquiet quant à la croissance et n’apprécie guère un article publié par le Wall Street Journal, qui mentionne l’éclatement potentiel d’une bulle immobilière globale.

Il pleut à Genève ce matin, tout comme dans le moral des Anglais, dont le pouvoir d’achat s’érode chaque mois un peu plus dans des proportions inquiétantes. Ce matin l’indice des prix à la consommation au Royaume-Uni sort à +9,1% au mois de mai, par rapport à mai 2021, son plus haut niveau en 40 ans. Alors certes, Mr Market, dans son cynisme inégalé, va probablement dire que le chiffre est en ligne avec les attentes et que le chiffre «cœur» est très légèrement inférieur aux prévisions, mais allez donc dire ça au consommateur Anglais…

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