Gonet: l'actualité des marchés au 23 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,15%, S&P 500 -0,13%, Nasdaq -0,15%, Russell 2000 -0,22%, SOX -1,12%, Eurostoxx -0,84%, SMI +0,46%.

C’est une journée intéressante que nous réservent les indices d’actions hier. L’Europe se réveille d’humeur morose, la gueule de bois guette, les gains de la veille sont beaux mais personne n’est dupe, il n’y a quasiment que du rebond technique là-derrière. Démarrage en mode rétro pédalage donc hier matin, le future de l’indice S&P500 (SPX) rend une grande partie des gains de la veille, on est résigné dans les salles de marchés, les taureaux ne semblent pas en mesure de reprendre la main. Et puis l’homme qui savait murmurer aux oreilles du marché se rappelle à son bon souvenir. Jerome Powell, patron de la Fed, se présente devant le comité bancaire du sénat américain et assène sans ambages que «l’économie des Etats-Unis est très forte et peut supporter une politique monétaire restrictive». Le reste des propos du boss de la Réserve Fédérale a beau être plutôt prudent, notamment lorsqu’il déclare qu’une récession n’est pas exclue, le message est passé: on conclut rapidement dans les salles de marchés que le premier banquier du monde n’est peut-être pas si faucon que cela et que, corolaire, la Réserve Fédérale Américaine pourrait être moins agressive que prévu.

Résultat des courses, le SPX, qui avait débuté la séance en repli de 2%, se met en mode Space-X et passe en territoire positif de 1%, pour finalement rendre les gains et terminer sa journée légèrement sous l’eau. Alors certes, les voix les plus fortes entendues dans le marché restent celles des ours, qui continuent de proclamer que l’économie se dirige droit dans le mur et qu’il s’agit ici de «bear market rallyes». C’est un postulat tout à fait défendable que celui-ci, mais le fait est que le marché est parvenu à défendre la quasi-totalité des gains de mardi, c’est une mini bataille remportée par les taureaux, ce d’autant plus que le départ de la session du jour se produit en marche arrière et que Jerome Powell affirme clairement que réaliser un atterrissage en douceur de la croissance de l’économie américaine relève du défi. Hier le marché a donc de multiples bonnes raisons de reculer lourdement, il ne le fait pas et les ours de tous bords devraient sérieusement se poser la question de comprendre pourquoi. Les retournements de tendance de marché se produisent toujours sous notre nez, sans que l’on s’en rende compte sur le moment. Notons au passage que Charles Evans, président de la Fed de Chicago, rassure aussi les intervenants en déclarant que la hausse de juillet pourrait se limiter à 50 points de base en fonction des statistiques économiques qui sortiront d’ici là, et qu’ensuite la Fed pourrait revenir au rythme de 25 points de base par réunion.  

Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de l’immobilier, de la santé et des utilities. Notons l’énergie, qui se prend les pieds dans le tapis, le pétrole venant renifler de près le niveau de 100 dollars le baril de WTI Light Crude, avant de revenir à 104,25 dollars ce matin. L’or noir qui recule, c’est un soupir de soulagement potentiel pour les investisseurs car cela a pour effet d’éloigner quelque peu le spectre de l’inflation. En parallèle le repli du baril semble clairement dû aux inquiétudes de destruction de la demande globale, en parallèle à la volonté de Joe Biden de suspendre la taxe de 18 cents par gallon pour les trois prochains mois. Le sentiment du marché est aussi porté par le repli marqué des rendements obligataires, le 10 ans revient à 3,13%.

La résilience du marché des actions pose question. Sommes-nous comme le prétendent les ours dans un rebond uniquement technique? à moins que les inquiétudes relatives à la croissance ne soient désormais intégrées dans les prix? Rappelons ici que les indices Dow Jones, Nasdaq et S&P500 sont en baisse de 12, 22,1 et 16,9% depuis le début deuxième du trimestre. Techniquement, le SPX est entré dans une configuration de rebond, il regarde désormais sa moyenne mobile à 20 jours, qui se situe à 3955 points (clôture hier à 3759 pts). Dans l’intervalle, le SPX a deux gaps à combler, le premier à 3900 points et le second à 4017 pts.

Vous vous ennuyez en traitant des crypto-monnaies? Ce n’est pas assez sportif à votre goût? Traitez-donc des actions Revlon! Le géant des produits cosmétiques s’est mis sous la protection du chapitre 11 le 15 juin. En clair, Revlon est en faillite, elle est désormais sous tutelle, les vautours créanciers ne peuvent lui porter l’estocade, le chapitre 11 veille au grain. Une société en faillite vaut en théorie zéro en bourse. Et bien Revlon est en hausse de 539% depuis son bas du 16 juin… les investisseurs dits «retail» se ruent sur la valeur, les volumes en options call (droit d’acheter) explosent de 1153%, rien qu’hier le titre grimpe de 63% dans un volume d’échange de 101 millions d’actions (8,14 dollars par titre à la cloche). 101 millions d’actions échangées, c’est 570 fois le volume journalier moyen de l’année passée… et dire qu’il y en a qui jouent à l’euro-million, how boring…

Les indices PMI manufacturiers avancés du mois de juin seront publiés tout au long de la journée. Aux Etats-Unis nous suivrons aussi les demandes hebdomadaires d’allocations chômage.

Berkshire Hathaway achète 9,6 millions d'actions supplémentaires d'Occidental Petroleum pour atteindre plus de 16% du capital. Uber aurait étudié la vente de sa filiale de mobilité en Inde, selon Bloomberg. BMW lance la production dans sa nouvelle usine chinoise de véhicules électriques, qui a coûté 2,2 milliards de dollars. La FDA homologue la combinaison Tafinlar et Mekinist de Novartis contre le cancer.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse, hormis Séoul qui recule de 1,22%. Tokyo grappille 0,08% à la cloche, Hong Kong avance de 1,68% et Shanghai prend 1,55%. L’Europe ouvre en baisse de 0,6% alors que le future SPX se replie de 12 points. Nous verrons bien ce qu’il a dans le ventre ces prochaines séances, qui s’annoncent du coup passionnantes, ce d’autant plus qu’Oncle  Jay en remet une couche devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants, à 16 heures.

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