Gonet: l'actualité des marchés au 17 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,71%, S&P 500 +0,19%, Nasdaq -0,19%, Russell 2000 -0,04%, SOX -1,03%, Eurostoxx +0,41%, SMI -0,37%.

Dans l’esprit d’un taureau, il n’y a probablement rien de plus beau qu’un marché qui monte tranquillement, dans une ambiance de scepticisme généralisé. Et bien c’est à peu près ce qui est en train de se produire à Wall Street, depuis précisément deux mois. Et oui chers ours, l’indice S&P500 (SPX) est en hausse depuis le 17 juin, ça lui fait une progression de 18,3% sur la période, il a désormais retracé nettement plus de la moitié de sa baisse entamée en janvier et, cerise sur le gâteau, hier il vient renifler sa moyenne mobile à 200 jours de très près, le haut de la séance se situe à 4325,28 points contre une 200 dma à 4326,17, en basketball on appelle ça le money time, ça ne rigole plus dans les chaumières, les ours sont dans les cordes, le dénouement approche.

Mais que se passe-t-il donc au joyeux royaume des actions?

Et bien pas grand-chose en ce moment, la grande sieste du mois d’août est en cours, de nombreux intervenants sont absents, occupés à leurs vacances. Si l’on prend un peu de recul, on réalise que le marché est en train de changer de sujet. Sa principale préoccupation a longtemps été l’inflation. D’ailleurs le dernier sondage de Bank of America interrogeant des gérants de fonds aux Etats-Unis montre que ces derniers restent préoccupés à ce sujet, et ils n’ont probablement pas tort. Ceci dit, il semble que le marché, qui est tellement dans l’anticipation, soit passé au sujet suivant depuis mercredi passé, jour de la publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui a détendu tout le monde. Et le marché de se concentrer désormais sur la croissance et la grande question: «recession or not recession?». Il y a encore peu, les investisseurs de tous bords cherchaient des preuves d’une économie malade, prête à mettre un genou à terre. Et puis, sans prévenir, le vent tourne, le marché des actions tient le coup, l’espoir d’un soupçon d’optimisme se faufile dans l’esprits des intervenants, on se met progressivement à voir le bon côté des choses dans les salles de marchés et ça tombe bien, quelques statistiques économiques importantes marquent les esprits en battant nettement les attentes (notamment l’indice ISM des services ou le rapport sur l’emploi). La mécanique positive est enclenchée, le marché des actions fait le reste, gardons en tête le «wealth effect» qui met chaque jour du baume au cœur des investisseurs depuis deux mois.

Ce qui se passe en ce moment sur les indices d’actions est probablement le résultat d’un cocktail de FOMO (Fear Of Missing Out), d’appétit au risque croissant, de scepticisme ambiant toujours marqué, de faible positionnement dans la communauté des investisseurs institutionnels, d’une montagne de cash à disposition des petits porteurs, d’une configuration technique qui s’améliore à grande vitesse, notamment sur le SPX et d’indicateurs internes de marché qui envoient de plus en plus de signaux encourageants.

Bien évidemment, demain est un autre jour et les ours retrouveront inévitablement le sourire tôt ou tard. Dans l’intervalle, on parle de moins en moins de «bear market rallye» dans les médias…

La Fed reste incontournable pour qui souhaite envisager le futur. Je suggère à tout un chacun, la rentrée des classes approchant, de se désabonner du compte Twitter d’Elon Musk et de se concentrer sur les statistiques économiques, surtout américaines. Jerome Powell a été très clair lors de ses dernières interventions, la Fed est «data dependant», elle veut voir les chiffres pour déterminer la suite de sa politique monétaire. Dans ce contexte, voyez la production industrielle au mois de juillet, qui sort hier et bat nettement les attentes, un bon point pour la croissance, une raison potentielle pour la Réserve Fédérale de rester agressive dans son cycle de hausses de taux donc mais le marché ne cille pas, il préfère probablement penser que le soft landing, l’atterrissage en douceur de la croissance économique est envisageable. Dans le même registre, hier Walmart et Home Depot publient des résultats trimestriels plutôt rassurants. Oh les deux firmes avaient intérêt à ne pas décevoir après leurs récents avertissements sur bénéfices. Si l’on regarde les chiffres de Walmart de plus près, on constate notamment que la société indique avoir annulé des milliards de dollars de commandes pour faire face aux incertitudes à venir mais qu’importe, le marché l’envoie 5% plus haut, soulagé que le consommateur américain soit apparemment encore en vie, lui qui contribue à presque 70% de la croissance du pays.

On revient à Wall Street avec SPX dont le podium du jour se compose sans surprise des biens de consommation de base, de la consommation discrétionnaire et des financières. La moyenne mobile à 200 jours joue son rôle de résistance, on verra si elle est testée à nouveau aujourd’hui, la volatilité recule légèrement, le VIX clôture sous la barre des 20, les volumes d’échanges sont faibles mais, je me répète, les mouvements sont bien réels, les petits porteurs (robinhooders) sont de sortie et recherchent notamment des valeurs comme GameStop, Blue Apron ou encore Bed Bath and Beyond. Le secteur technologique fait l’objet de prises de bénéfices, les mastodontes de la cote notamment, alors que l’énergie manque décidément de peps, le baril de WTI Light Crude est en train de la lâcher, il évolue ce matin à 87,43 dollars. En revanche le gaz naturel poursuit sa hausse, winter is coming eventually…

Du côté du marché obligataire, l’ambiance ne s’améliore guère, bien au contraire. Le spread entre le 2 et le 10 ans US s’élargit encore à -45 points, c’est un message alarmiste que cette classe d’actifs envoie au marché. Le 10 ans US rend actuellement 2,83%. Le dollar reste demandé, il évolue à 1,0163 contre l’euro, sa tendance haussière se confirme, elle était remise en question il y a 3 - 4 jours. L’or, qui semble ne plus respecter aucun de ses statuts (valeur refuge, protection contre l’inflation notamment), flirte avec sa moyenne mobile à 50 jours, qui se situe à 1778 dollars par once.

Le kiwi bondit avec les rendements obligataires néo-zélandais après que la RBNZ (la banque centrale de Nouvelle Zélande) a relevé son taux directeur de 50 points de base (comme attendu) pour le porter à 3% et déclaré qu'il est approprié de poursuivre le resserrement. La banque estime désormais que le taux d'intérêt nominal atteindra un pic de 4,1% au deuxième trimestre de 2023.

Les réserves de gaz naturel de l'Allemagne se remplissent peut-être plus vite que d'habitude, mais même si les stocks atteignent l'objectif d'être remplis à 95% d'ici novembre, ils ne couvriraient qu'environ deux mois et demi de demande de chauffage, d'industrie et d'électricité si la Russie interrompt complètement les approvisionnements, selon l'Agence fédérale des réseaux.

Fait-il rire encore quelqu’un sur cette planète? Elon Musk annonce qu'il «n'achète aucune équipe sportive», ajoutant que son tweet précédent sur l'acquisition de l’équipe de football de Manchester United était une blague de longue date sur Twitter. Il a tout de même déjà écrit qu’il voulait s’offrir Coca-Cola pour «y mettre de la cocaïne». On se rappelle aussi son annonce que Tesla partait en faillite et bien sûr l’énergumène s’est enlisé tout seul, comme un grand, dans l’affaire Twitter. Elon Musk est en train de devenir la caricature de l’illustration parfaite que l’argent est un très mauvais maître.

Joe Biden signe le projet de loi de 437 milliards de dollars sur la fiscalité, le climat et les soins de santé, signalant une victoire majeure pour les démocrates avant les élections de mi-mandat de novembre. L’agence Bloomberg publie un article qui raconte comment, avant même que Joe Biden ne remporte la Maison Blanche, un groupe d'influenceurs, dont Bill Gates, avait discrètement fait pression sur Joe Manchin et d'autres sénateurs dans l'espoir d'une victoire rare sur le climat.

Les ventes de détail américaines de juillet seront dévoilées à 14h30. En soirée (20h00), place aux minutes de la dernière réunion de la Fed.

Sonova: AlphaValue passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 417 à 411 francs. Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 380 à 335 francs. Straumann: J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 204 à 153 francs. Swiss Life: le groupe financier a dégagé 642 millions de francs de bénéfices au premier semestre, un peu mieux que prévu. Le management ne formule pas de prévisions chiffrées. Implenia obtient le marché pour le lot principal Nord du second tube du tunnel routier du Gothard. BAE Systems remporte un contrat pour fournir une technologie de recherche infrarouge pour les missiles de Lockheed Martin.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, à l’exception de Séoul qui rend 0,67%. Tokyo progresse de 1,23% à la cloche, Hong Kong avance de 0,58% et Shanghai monte de 0,45%. Le future SPX recule de 4 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,2%.

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